20 juin 2023
Nantes
Adobestock
Le Cerema est partenaire du Réseau National des Aménageurs, qui réunit les acteurs publics et privés de l’aménagement pour des sessions d’échanges et d’ateliers thématiques consacrées aux grands enjeux de l’aménagement et de l’urbanisme. Lors des 2 dernières rencontres en novembre 2022 et en mars 2023, le Cerema a eu l’occasion de partager ses travaux et ses manières d’aborder la ville de demain.

Le Réseau National des Aménageurs a été créé en 2015 pour réfléchir aux enjeux de l’aménagement opérationnel, partager les retours d’expérience, capitaliser les connaissances et favoriser les collaborations pérennes. Il réunit environ 600 membres publics et privés, à l’occasion de cycles thématiques de séminaires au cours desquels les échanges sont riches et amènent à faire évoluer les pratiques.

Ce rendez-vous avait pour thème l’exploration de la ville de demain et les évolutions des métiers de l’aménagement dans ce contexte. Différents scénarios ont été explorés, pour identifier les impacts sur les métiers de l’aménagement et de l’urbanisme, les changements de pratiques à mettre en œuvre, les perspectives d’évolutions des métiers.

 

Imaginer l’aménagement de demain neutre en carbone

Le 30 mars, le séminaire avait pour thème "Nos futurs, entre utopie et dystopie. Exploration de la ville et de l’aménagement de demain". A cette occasion, le Cerema a notamment animé le groupe de travail qui a réfléchi de manière prospective à la question "De la décroissance à la foi en la technologie : quel chemin et quel impact pour le monde de l’aménagement ?".

Ce groupe de travail a reposé sur des travaux de groupes où les participants étaient mis en situation d’aménagement d’un quartier, en 2050. Pour les aider à faire l’exercice de "pas de côté" qu’implique la prospective, l’ADEME est intervenue pour présenter ses  travaux prospectifs "Transition(s) 2050", et les quatre scénarios proposés par l’agence pour conduire la France vers la neutralité carbone, en prenant en compte les évolutions dans des domaines tels que l’énergie, le climat, les ressources et les pollutions, l’économie, les modes de vie:

  • Atelier du GT1Scénario 1 : Frugale la vie (scenario extrême). L’atteinte de la neutralité carbone se fait par des changements profonds des comportements. Concernant les bâtiments, le parc est massivement rénové, les résidences secondaires passent de 9 à 2,5% du parc, la construction neuve baisse fortement.
  • Scenario 2 : Coopérations territoriales (scenario intermédiaire)
  • Scenario 3 : Technologies vertes (scenario intermédiaire)
  • Scénario 4 : Techno Logique (scenario extrême). Le choix a été fait de miser sur la technologie pour atteindre la neutralité carbone, mais l’artificialisation et l’urbanisation se poursuivent.

Réunis par tables de 6 personnes, les participants du groupe de travail ont étudié les impacts des scénarios extrêmes 1 et 4 imaginés par l’Ademe sur les fondamentaux de l’aménagement, les pratiques et les métiers de la filière. Ce travail prospectif a été guidé par le Cerema et la DREAL Pays de la Loire.

La mise en abyme a permis de faire émerger quelques grandes lignes de l’évolution des métiers de l’aménagement dans ce contexte de neutralité carbone. Les métiers se complexifient, avec un rôle de coordination renforcé pour les urbanistes, un travail d’ensemblier pour les architectes. Les aménageurs et promoteurs se spécialisent dans le recyclage urbain et la reconversion immobilière. Ils ne construisent plus la ville, ils la rénovent.  

De nouvelles compétences apparaissent. La place indispensable et grandissante de la nature en ville fait muter l’aménageur en aménageur-agronome. Les enjeux énergétiques imposent des projets techniques affirmés : Le besoin de médiateurs de la participation citoyenne se confirme. Enfin, la croissance exponentielle de la donnée dans tous les domaines atteint aussi les métiers de l’aménagement. 
Des filières se structurent autour du recyclage et du réemploi des matériaux. Des acteurs se positionnent sur une gestion des chantiers qui intègre la récupération des matériaux, des équipements. 

En guise de conclusion, l’Ademe a présenté un "feuilleton" produit en mars 2022 sur la filière construction neuve. Il met en récit, pour cette filière, les mutations induites par les 2 scénarios prospectifs "intermédiaires" (S2 et S3) :

  • La baisse du volume de la construction neuve et la rénovation du bâti existant, la restructuration en masse de logements obsolètes ou vacants ainsi que la conversion du tertiaire en logements.
  • La déconstruction et la massification du réemploi et du recyclage. 
  • La production de services à l’occupant.

 

Les grands projets conçus aujourd’hui seront finalisés en 2040, 2050. 80% de la ville de 2050 est déjà construite. Il est donc fondamental d’intégrer dès maintenant les enjeux de sobriété dans l’aménagement. 

 

Cet exercice prospectif a été apprécié pour la prise de recul qu’il permet, la réflexion autour des leviers de la sobriété carbone, la remise en question des présupposés. Il a aussi amené les participants à relativiser le potentiel du tout technologie. Cet atelier a amené les participants à s’interroger sur les changements de leurs métiers, l’évolution des pratiques… 

Cet atelier sera reproduit par le Cerema en Pays de la Loire le 13 octobre 2023 dans le cadre de la mise en place d’un réseau local des acteurs de l’aménageur:
 

Les leviers de l’aménagement face aux risques

Le RNA est un lieu-clé pour penser l’aménagement, et les thématiques abordées sont aussi celles sur lesquelles travaille le Cerema. Dans le cadre du séminaire, de novembre 2022, "Prendre le risque de faire et faire avec le risque", le Cerema a partagé sa vision sur la prise en compte du risque inondation. Dans ce domaine, l’immobilisme est synonyme de maintien des vulnérabilités. Afin que les aménageurs se saisissent du sujet, le Cerema a présenté les repères issus du guide, coproduit avec Grenoble Alpes Métropole, sur l’aménagement résilient en zone inondable constructible

Ce guide se nourrit de l’investissement du Cerema dans le domaine au niveau national (Expertise dans le cadre des Grands prix d’aménagement "Comment mieux bâtir en terrains inondables constructibles", pilotage du concours d’idées AMITER, Assistance pour l’Atelier national "Territoire en mutation face aux risques", etc.) et local (Expertise pour restructurer l’entrée de ville Sud de Cahors, Conseil pour revitaliser le centre-ville inondable de Pontivy, Assistance pour intégrer la notion d’opération en renouvellement urbain dans les PPRi  de l’Isère, etc.).

Les 5 leviers de l'aménagement en zone inondable

 

Les opérations d’aménagement disposent en-effet de plus de leviers pour réduire leur vulnérabilité qu’une intervention à l’échelle d’un bâtiment. Ceux-ci sont principalement de 5 ordres :

 

 

  • La possibilité d’adapter la programmation aux différents niveaux d’exposition (ex : valorisation paysagère des secteurs inconstructibles, usages peu vulnérables des parties de bâtiment exposés, construction de parking silo mutualisé, etc.) ;
  • Organiser de la péréquation économique entre des programmes aux contraintes différentes (ex : modulation de la charge foncières, vente en lot de terrains, etc.) ;
  • Penser l’aménagement en fonction du parcours et de la dynamique de l’eau (ex : remodelage de terrain, implantation des bâtiments, etc.) ;
  • Faciliter la gestion de crise (ex : création de refuge collectifs, cheminements hors d’eau, etc.).
  • Assurer le fonctionnement des réseaux ou leur redémarrage rapide (ex : adapter la localisation ou endurcir les nœuds de réseau, galerie multi réseau, etc.) ;

Ainsi, la possibilité récente du code de l’environnement d’autoriser les opérations de renouvellement urbain qui réduisent leur vulnérabilité, quel que soit le zonage du PPRi, peut être une opportunité pour adapter nos villes et nos bourgs aux risques inondations et plus largement au changement climatique. Cela suppose que les collectivités et leurs aménageurs s’empare de ce défi et adaptent leur manière de penser l’aménagement en conséquence.

Il s’agit de repenser plus globalement la place de l’eau dans la ville

Prochain rendez-vous du RNA le 6 juillet 2023:

La prochaine journée du Réseau National des Aménageurs (RNA) aura lieu en présentiel le jeudi 6 juillet 2023 à la Maison de la Chimie, 28 rue Saint-Dominique, Paris, sur le thème "Elus et aménageurs : osons ensemble le projet urbain !"

Cette journée entièrement plénière sera consacrée aux témoignages de nombreux élus pilotes d’opérations d’aménagement, accompagnés d’aménageurs et d’acteurs partenaires.

Pascal Berteaud, directeur général du Cerema animera la 3e table ronde sur le thème : L’aménagement pour accélérer les transitions environnementales.

 

Inscription (jusqu'au 26 juin)