Interview en 3 questions de Léa Thiébaud, responsable d'étude énergies au Cerema Eau, Mer et fleuves, qui a conçu et rédigé le P'Tit Essentiel
"Energies renouvelables en mer. De nouveaux leviers énergétiques et économiques".
Ce P’Tit Essentiel est destiné aux collectivités, pourquoi s’adresser en particulier à elles ?
Les énergies renouvelables en mer sont des dispositifs de récupération d’énergie du milieu marin. Différentes familles technologiques existent et les dispositifs les plus performants sont en développement. Les collectivités littorales peuvent préparer, en lien avec les services de l’État, la mise en place de ces projets en pleine mer, sur le littoral ou encore dans des estuaires.
Les énergies renouvelables en mer ont plusieurs intérêts : elles permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi de créer de l’emploi local, ou encore, dans le cas de projets éoliens en mer, de bénéficier de retombées fiscales versées par les exploitants aux collectivités. Par ailleurs, pour les zones insulaires où le coût de l’énergie est plus important, les énergies marines renouvelables peuvent déjà être compétitives.
Mais avant de lancer un projet, il faut une connaissance détaillée du milieu marin à une échelle étendue, sur l’ensemble d’une façade maritime par exemple, mais aussi au niveau du site potentiel d’implantation, avec une résolution plus fine.
Quelle approche propose le Cerema pour mener à bien un projet de développement des énergies marines renouvelables en mer ?
Après avoir identifié une zone d'implantation en lien avec les acteurs concernés, une connaissance élevée du site est indispensable pour calculer le potentiel exploitable, dimensionner le dispositif, financer le projet, ... Plusieurs types d’analyse et de mesures in situ doivent être menées pour la production d’études techniques et la réalisation de l’état initial du site.
Il est important également d’échanger avec d’autres acteurs qui peuvent être concernés par le projet, comme RTE, qui gère le réseau de transport d’électrique.
Ces travaux amont permettront in fine d’accélérer et de sécuriser le développement des projets et de diminuer leurs coûts.
Dans ce domaine, le Cerema possède une expertise. De quelle manière peut-il intervenir auprès des collectivités ?
Le Cerema travaille déjà pour l’Etat afin de déterminer les zones potentielles pour les appels à projets nationaux éoliens en mer, et nous avons terminé un guide qui paraîtra prochainement sur l’identification du potentiel éolien en mer.
Le Cerema est aussi impliqué dans la préparation des prochains appels d’offres éoliens posés incluant la concertation avec les acteurs et la définition et le suivi des études de caractérisation des sites menées par l’État.
Par ailleurs, un projet de recherche national, EMACOP, auquel le Cerema a participé, vise entre autres, à définir le potentiel des dispositifs d’énergies marines installés sur des aménagements côtiers et des ouvrages portuaires.
Avec les collectivités, nous pouvons intervenir en amont des projets pour approfondir la connaissance d’enjeux spécifiques à prendre en considération lors de l’identification de zones potentielles. Le Cerema peut aussi apporter son expertise pour la réalisation des études préalables afin de caractériser finement la zone. Enfin il peut réaliser des mesures de houle à l’aide de bouées houlographes installées sur les zones à étudier.