menés et transcrits en fiches synthétiques pour la collectivité.
La communauté d’agglomération Evreux Portes de Normandie a reçu la compétence voirie sur ses espaces publics et intègre dans ses démarches les enjeux d’accessibilité, notamment l’amélioration des fonctionnalités de ses espaces publics. La Ville d’Evreux a ainsi reçu le prix européen de l’accessibilité, Access City Awards, en 2019.
Un diagnostic d'accessibilité suite aux retours des Usagers
Suite à certains retours d’usagers, la collectivité a souhaité établir un diagnostic des places de Gaulle et Sepmanville pour en améliorer l’accessibilité et mobiliser "l’expertise d’usage" des personnes handicapées afin d'aider à concevoir les aménagements. Ces deux places ont été choisies car elles ont été rénovées récemment et apportent une grande qualité d’usage, notamment pour l’accueil d’événements et de rassemblements, mais elles présentent encore quelques difficultés en termes d’accessibilité.
La collectivité a ainsi sollicité le Cerema pour objectiver les difficultés signalées par les usagers, identifier les bonnes pratiques d’aménagement et définir une méthodologie permettant d‘intégrer les besoins d’accessibilité dès l’amont des projets.
Les deux places sont situées dans le centre-ville et reliées par une ruelle piétonne, proches de parkings payants et d’un important arrêt de bus. La place Charles de Gaulle, où se trouvent la mairie, le théâtre, des commerces, la médiathèque notamment, est desservie par un arrêt auquel s'arrêtent toutes les lignes de bus de l'agglomération. C'est ainsi un point de passage central, qui facilite l'accès aux services par les transports en commun.
La méthode utilisée par le Cerema, qui combine une expertise technique de terrain et une analyse des usages (par l’observation et les rencontres avec les usagers), vise à identifier :
- les aménagements problématiques pour apporter une réponse afin de résoudre la situation ;
- les aménagements intrinsèquement difficiles à rendre accessibles pour envisager, dans une seconde mission, des expérimentations afin d’en améliorer l’accessibilité.
L’étude a été présentée sous la forme d’un ensemble de fiches synthétiques qui reprennent :
- Les éléments-clés du diagnostic réalisé en croisant les données issues de parcours commentés et de micro-trottoirs réalisés avec des usagers d’un côté, et des études de terrain de l’autre qui permettent de vérifier certains points tels que la conformité réglementaire des aménagements ;
- des préconisations générales pour une bonne gouvernance de l’accessibilité ;
- une série de préconisations en termes d’organisation, de guidage des personnes à mobilité
réduite, de signalétique...
La seconde phase de cette mission consistera en une analyse plus poussée des aspects méthodologiques de la concertation autour des projets urbains. Cette analyse s’appuiera en partie sur l’état des lieux des documents d’urbanisme et des démarches de concertation menées par le passé, notamment lors du réaménagement de ces places.
Le retour des usagers, une étape-clé dans un projet d’espace public
Six personnes ont accepté de se prêter au jeu d’un parcours commenté. Elles ont été identifiées et contactées par la Coordination des actions à destination des personnes en situation de handicap de la Ville d'Evreux, et ont permis de récolter des informations concernant des handicaps différents. Ce sont ainsi des personnes sourde, aveugle, dyspraxique et dyslexique, à mobilité réduire qui ont participé et apporté de nombreux éléments détaillés et diversifiés sur les besoins d’accessibilité de ces espaces. Un parcours-type était proposé et, à chaque fois, adapté en fonction des capacités et envies de la personne, notamment si elle connaissait déjà les lieux.
Pour chaque parcours, une carte est réalisée, indiquant les étapes avec les points d’arrêt, les difficultés, les ressentis...
En complément de ces retours très détaillés, une dizaine de micro-trottoirs ont permis de recueillir l’avis de passants, habitués ou non des lieux. Il est intéressant de noter que les points positifs et négatifs évoqués étaient globalement similaires avec les retours des personnes handicapées. En découle le constat désormais bien établi que les personnes handicapées permettent souvent de révéler des petites difficultés quotidiennes de chacun : améliorer l’accessibilité des espaces publics bénéficie ainsi à la qualité d’usage pour toutes et tous.
Les dix fiches de diagnostic réalisées pour la collectivité ont pu être alimentées par ces retours. Elles portent sur différents points : topographie, revêtements, lisibilité des cheminements, qualité de la bande de guidage, présence d’obstacles et conflits d’usage, traversées piétonnes, arrêt de transports en commun, signalétique, escaliers.
Sur chacun de ces points, les fiches présentent la situation des deux places en relation avec les besoins des personnes ayant différents handicaps, et des recommandations pour améliorer le confort d’usage de tous. Des verbatims et des photos permettent de mieux comprendre les difficultés rencontrées par les participants lors des parcours commentés, mais aussi les éléments qu’ils ont appréciés. Il est important de noter que, malgré quelques défauts relevés, la totalité des usagers rencontrés trouvent les places agréables et bien faites.
Des préconisations pour améliorer l’existant, mais aussi les projets à venir
La dernière partie du rapport comprend des fiches de préconisations, qui ont à la fois une portée universelle (préconisations générales) ou portent particulièrement sur les deux places diagnostiquées (préconisations ponctuelles, "sur mesure"). Elles abordent les cinq points principaux suivants :
- Agir sur les revêtements à plusieurs niveaux : éblouissement par les surfaces claires, réparer les aspérités pour que les surfaces soient aussi planes que possibles ;
- Améliorer le guidage pour les personnes aveugles et malvoyantes avec le bon positionnement des bandes d’éveil à la vigilance, notamment sur les traversées et hauts d’escaliers, et veiller à la continuité des repères, notamment de la bande de guidage ;
- Améliorer et sécuriser le cheminement des piétons par des actions ponctuelles (déplacement d’une barrière, rajout d’une main-courante...) ;
- Mettre en place une gouvernance de l’accessibilité pour sensibiliser les différents usagers, les commerces, les habitants, au partage de la voirie, à l’importance des dispositifs de guidage et la sécurité du cheminement, ainsi que pour assurer la liaison et la coordination entre les différents acteurs afin de garantir l’accessibilité réelle de ces espaces (éviter les obstacles temporaires comme les voitures mal-garées, les terrasses qui débordent...) ;
- Harmoniser et développer la signalétique, notamment sonore et tactile, sur et autour des places.
