24 novembre 2022
Piste cyclable avec un vélo à Lyon
Cerema
Dans le cadre du projet COFACY, le Cerema et Ergocentre collaborent avec le soutien de la Délégation à la Sécurité Routière pour étudier l'accidentologie des cyclistes en croisant les approches basées sur l'analyse d'accidents et le suivi pratique de cyclistes dans leur mobilité quotidienne.

La Problématique du projet

Depuis plusieurs années, les politiques en faveur du vélo se sont multipliées aux différentes échelles, du local au national, pour créer un cadre de plus en plus propice à la pratique cyclable. Elles se traduisent par un arrêt de l’érosion des parts modales du vélo et dans de nombreux territoires par une augmentation de ces parts. L’arrivée de classes d’âges plus nombreuses à la retraite et le développement de nouvelles formes de vélos (vélo à assistance électrique) laisse également présager une augmentation de certaines pratiques du vélo, telles que le vélo de loisir à l’extérieur de l’urbain dense, ou de certains types d’usagers, comme les femmes en agglomération pour les déplacements du quotidien.

clistes en ville

Les enjeux de sécurité routière liés au vélo sont donc importants du point de vue du nombre d’accidents (de l’ordre de 180 tués par an), de la dynamique croissante de sa pratique, et des enjeux politiques autour de ce mode valorisé pour ses vertus environnementales, sanitaires et économiques.

En plus de cette tendance de fond croissante, la crise sanitaire a mis en exergue depuis un an la mobilité active, et notamment le vélo. Ainsi, une double évolution récente, toujours en cours, est observée :

  • L’évolution fortes des pratiques de mobilité des modes actifs, notamment le vélo en milieu urbain pour les déplacements du quotidien,
  • L’accélération de la mise en œuvre d’aménagements en faveur des cyclistes, avec des dispositifs transitoires, pérennisés ou non.

Cela se traduit par une augmentation des trafics vélo, et dans une moindre mesure une amélioration de la sécurisation des itinéraires vélos. Cela impacte également l’accidentalité vélo : l’augmentation des trafics implique naturellement une hausse du nombre total d’accidents, tout en diminuant le risque individuel.

Comment objectiver cette évolution ? Comment aller plus loin qu’un simple constat, pouvoir analyser les dynamiques en œuvre (facteurs d’accidents, typologie des accidents, …) et en tirer des retours d’expérience ? Quels liens pourraient être identifiés entre la typologie d’aménagement et l’accident ?

Des travaux existants ont déjà permis de disposer d’éléments sur l’accidentologie des vélos. C’est notamment le cas des travaux autour de la base FLAM (facteurs liés aux accidents mortels), qui décrit les accidents mortels de l’année 2015. Ce projet propose donc de poursuivre et d’affiner la compréhension des accidents impliquant les cyclistes, après la rupture dans l’évolution des pratiques observées avec la crise sanitaire et en comparaison à l’année 2015 de référence.

Une approche complémentaire à celle de l’accidentologie a été menée dans le cadre du projet COCY (comportement des cyclistes), financé par la DSR (2019-2021) : le suivi longitudinal de cohortes de cyclistes avant et après la crise sanitaire par une étude naturelle met en évidence le point de vue des usagers et fournit un éclairage sur leur pratiques, leurs stratégies de gestion du risque ou encore sur les situations d’incidents ou de quasi-accidents. La poursuite de cette approche va permettre de suivre les évolutions liées à la crise sanitaire.

Le croisement des deux approches, accidentologique d’une part et naturelle de l’autre, pourrait permettre de concilier deux points de vue complémentaires. La littérature (voir Aupetit et al., 2016) a montré que beaucoup d’événements de sécurité ne figurent pas dans les données d’accidents : des collisions qui ne nécessitent pas l’intervention de la police et des situations de presque chute. Ces deux situations, qui relèvent des incidents, sont fréquentes au regard du nombre d’accidents et nous apparaissent fondamentales dans la compréhension des comportements et leur évolution.

 

Les Objectifs de COFACY

Le projet vise globalement à acquérir des connaissances complémentaires sur l’accidentalité des cyclistes. Plus particulièrement, il cherche à :

  • Poursuivre l’approche FLAM en mettant à jour les outils pour en faciliter les futurs compléments et en l’adaptant aux particularités des cyclistes,
  • Identifier les éléments clés de l’accidentalité des cyclistes (facteurs d’accidents, scénarios d’accident…) en tirant les enseignements du travail FLAM vélo (notamment l’élargissement de l’échantillon à des accidents non mortels), en les approfondissant et en les complétant,
  • Rechercher les invariants et les éventuelles évolutions de l’accidentalité des cyclistes depuis la crise sanitaire par rapport à l’année de référence 2015,
  • Etudier certains aménagements de manière plus fine (comportement, liens avec le trafic, …) pour corroborer les éléments d’analyse,
  • Comprendre les évolutions des pratiques et de la sécurité à partir du croisement entre une analyse fine des accidents et une compréhension des usages et des incidents,
  • Selon les résultats précédents, proposer des recommandations pour accompagner la décision publique.

 

Le Positionnement par rapport à des travaux antérieurs

chaussée à voie centrale banaliséeLe projet s’inscrit dans la continuité des travaux menés autour de la démarche FLAM (Facteurs liés aux accidents mortels). En 2017, le Cerema a entrepris une étude afin d’analyser le déroulement des accidents mortels de l’année 2015 sur l’ensemble du territoire et d’en déterminer les facteurs. Cette étude a permis la constitution de la base FLAM, base de données anonymisées issues de la lecture et du codage des procédures judiciaires des accidents établies par les forces de l’ordre. Cette base fait l’objet de plusieurs études thématiques terminées ou en cours, dont une spécifiquement sur les cyclistes : FLAM vélo.

Le projet est également dans la directe lignée des projets COCY (comportement des cyclistes) et VNC (véhicules non carrossés) financés par la DSR. Il utilise des outils théoriques et méthodologiques testés et validés dans ces précédents projets.

Il s’appuie principalement sur le dispositif et la cohorte du projet COCY pour en prolonger la dimension longitudinale au-delà de la crise sanitaire. Cette cohorte offre la possibilité d’en examiner à un niveau très qualitatif les usages (suivi depuis 2019 de cette population à intervalles réguliers).

 

Les principales Sources mobilisées

Le projet utilisera principalement les sources de données suivantes :

  • La base FLAM (Facteurs liés aux accidents mortels) : base de données anonymisées issues de la lecture et du codage des procédures judiciaires des accidents établies par les forces de l’ordre. La base contient 2878 accidents mortels, ce qui représente environ 85 % des accidents mortels de l’année 2015, et 145 accidents impliquant un cycliste, soit 96 % des accidents mortels impliquant un cycliste.
  • TRAxy qui fournira les données issues du BAAC et des PV pour les années 2020 et 2021 relatives aux accidents mortels et accidents graves impliquant un cycliste.

Ces données seront complétées par un travail terrain sur certains sites associant l’analyse de l’aménagement et celle des comportements des usagers.