23 janvier 2019
Port de Binic (22)
Avec le Conseil départemental des Côtes d’Armor, le Cerema vient de signer une convention de coopération public-public pour une durée de trois ans, afin d’élaborer, mettre en œuvre et suivre la stratégie de gestion patrimoniale des ports costamoricains, tout en intégrant les enjeux des transitions économique, écologique et énergétique. Le projet débouchera également sur une capitalisation issue de ce retour d’expérience.

Les ports du Département des Côtes d’Armor constituent des infrastructures déterminantes qui participent à leur échelle au développement des activités économiques, touristiques mais aussi à celui du territoire.

Ce réseau départemental portuaire est complémentaire de celui des ports pris en charge par la Région Bretagne. La valorisation et l’essor de ce patrimoine doit, par ailleurs, répondre aux enjeux des transitions économiques, énergétiques et écologiques, pour asseoir une véritable politique de développement maritime.

 

Une approche pluridisciplinaire de la gestion des infrastructures portuaires

Dans ce cadre, le Cerema a été sollicité par le Conseil départemental des Côtes d’Armor pour l’accompagner dans la conception de la stratégie de gestion des ports. Le périmètre d’étude concerné est celui constitué des 16 ports sous gestion du Département des Côtes d’Armor.

La présente convention de coopération porte sur l’élaboration, le portage et la conduite, la mise en œuvre et l’évaluation de la stratégie de gestion patrimoniale des infrastructures portuaires en intégrant les grands enjeux de pérennité de ces ouvrages, ainsi qu’une évaluation socio - économique tout en y intégrant les besoins à satisfaire au titre des transitions économique, énergétique et écologique.

Pour chaque port, une synthèse socio – économique sera établie sur le principe de l’analyse socio – économique simplifiée des projets d’infrastructures. Ce bilan pourra servir d’élément d’aide à la décision.

Une étude sur 4 volets

Volet 1 : Pérennisation du patrimoine - élaboration d'une stratégie

Il s’agit, dans le périmètre d’étude, tel que défini, de :

  • produire les éléments d’information nécessaires au partage d’un diagnostic préalable définissant l'état des infrastructures basé sur le recensement et l’analyse des données existantes en termes d’études ou d’interventions concrètes réalisées sur les ouvrages, ainsi que des dispositifs techniques déjà mobilisés avec leurs éventuels retours d’expérience. Des analyses et des études pourront être réalisées par le Cerema ou par le Département des Côtes d'Armor permettant d’actualiser et compléter les données ou l'état des lieux existants;
  • définir et qualifier des indices stratégiques à l'échelle de chaque site portuaire permettant de construire et élaborer une stratégie de gestion de ce patrimoine ; Cette stratégie s’appuiera également sur le bilan de l’analyse socio – économique. 
  • établir un programme de maintenance et d’investissement. Ce programme sera optimisé et priorisé sur la base de l’état des lieux des infrastructures et de la stratégie élaborée

Ce travail a vocation à donner à partager, conjointement entre les Parties, les données ainsi recueillies ou établies au regard de cette connaissance des infrastructures portuaires, afin d'élaborer une stratégie de gestion de ces patrimoines tenant compte des enjeux départementaux tels que retenus par les Parties, tout en répondant aux objectifs des transitions économiques, écologiques et énergétiques.

Volet 2 : Adaptation et modernisation des infrastructures

Dans le périmètre d’étude, il s'agit de mettre en oeuvre, en études et en travaux, les orientations stratégiques retenues afin de gérer et/ou de moderniser les infrastructures portuaires départementales de façon optimale.

Cette action doit, en même temps, s'accompagner de démarches innovantes permettant de réduire, d'éviter ou de compenser l'impact environnemental au cours des travaux de modernisation et de renouvellement de l'exploitation portuaire de chaque site.

Volet 3 : Appel à partenariats et/ou à projets

Dans le cadre de cette démarche, des appels à projets seront envisagés auprès des exploitants portuaires, des entreprises spécialisées, des bureaux d'études et plus généralement de toutes les parties intéressées par les démarches innovantes permettant la mise en oeuvre d'une stratégie de gestion des infrastructures cohérente avec les transitions économiques, énergétiques et écologiques.

Ces appels à partenaires / projets auront pour but d'alimenter, voire de faire évoluer, la stratégie et sa mise en œuvre, en matière de gestion de ces infrastructures portuaires.

Volet 4 : Autres interventions influençant la stratégie de gestion des infrastructures portuaires

La sécurité et la sûreté portuaires, la nécessaire diminution de l'impact environnemental des activités portuaires, les interfaces ville-port, le changement climatique, les projets de développement économique et, de manière générale, les enjeux liés aux transitions économiques, écologiques et énergétiques, vont influencer fortement la stratégie et la mise en oeuvre de gestion de ces infrastructures portuaires.

Il conviendra d’étudier et d’analyser l’impact de ces paramètres, externes ou internes, sur la stratégie de gestion de ces ouvrages.

 

Le port de Binic : premier port étudié dans le cadre de la convention

La démarche

La démarche proposée par le Cerema permettra à terme d’atteindre les résultats suivants :

  • Recensement et structuration du patrimoine en terme de fonctionnalité (utilisations des ouvrages),
  • Évaluation stratégique des ouvrages (enjeux associés à l’utilisation des ouvrages),
  • Connaissance de la constitution technique des ouvrages (structures de génie civil),
  • Évaluation de l’état du génie civil des ouvrages et identification des risques pour la sécurité des usagers,
  • Établissement d’un plan de surveillance et de maintenance des ouvrages avec définition de priorité d’intervention.

Compte-tenu de la variété des types de structures, de la variété des types d’utilisation, de la multiplicité des enjeux, de l’agressivité de l’environnement, de l’accessibilité aux ouvrages, …, les démarches traditionnelles de gestion de patrimoine (telles que celles utilisée notamment dans le domaine routier) sont difficilement adaptables au contexte portuaire, principalement pour des raisons de moyens (humain et financier).

Il convient en effet de s’orienter vers une démarche de gestion optimisée qui soit progressive dans la nature des actions à engager sur les ouvrages (examen visuel, investigations, entretien, maintenance) et qui permette des choix raisonnés entre les actions préventives et les actions curatives.

La méthode VSC

Pour atteindre ces objectifs, il est proposé de s’appuyer sur la méthode VSC dite des Visites Simplifiées Comparées.

La méthode VSC (dite des Visites Simplifiées Comparées) constitue un outil d'aide à la gestion patrimoniale d'infrastructures. Elle a été développée au sein du réseau scientifique et technique du Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement.

Les concepts génériques sur lesquels elle repose ont permis son application à diverses domaines tels que les ouvrages d’art, les voies navigables, les établissements de signalisation maritime (phares et balises), les sentiers littoraux et les infrastructures portuaires.

En s'appuyant notamment sur la structuration du patrimoine et sur la réalisation de visites périodiques ciblées et de courte durée (visites simplifiées comparées), elle permet d'évaluer l'ensemble des ouvrages d'un patrimoine selon trois axes fondamentaux : un axe mécanique pour apprécier la capacité des infrastructures à résister aux sollicitations (charges d'exploitation, agressions de l'environnement), un axe d'usage pour s'assurer que l'exploitation des ouvrages s’exerce en toute sécurité pour les usagers (exploitant, plaisancier, etc) et un axe stratégique intégrant les enjeux liés à l'utilisation des ouvrages.

L'analyse croisée de ces trois axes conduit alors à l'établissement d'un programme raisonné et argumenté des opérations de surveillance et de maintenance. Les différents déploiements opérationnels de la méthode montrent qu'elle est particulièrement bien adaptée pour répondre aux contraintes et aux problématiques de gestion et de surveillance des infrastructures portuaires.