Faisant suite à un premier séminaire qui s’est tenu en juin 2018, cette journée avait pour objectif de “faire un pas de plus” vers l’évaluation des EcoQuartiers, en donnant à voir ses apports dans le pilotage et l’amélioration des projets d’aménagement durables et en donnant la parole à ceux qui mettent en oeuvre sur leurs territoires.
La journée a fait le plein, réunissant plus de 70 participants : collectivités, aménageurs, partenaires de la démarche EcoQuartiers, Cerema et services de l’Etat.
Le séminaire a fait le pari de donner largement la parole aux collectivités, qu’il s’agisse de présenter leurs EcoQuartiers et les évaluations qu’elles y conduisent, ou de donner à voir des démarches innovantes, à même de renouveler les approches en la matière.
LE CEREMA ACCOMPAGNE L'ÉVALUATION DES ÉCOQUARTIERS
Un premier temps a permis de préciser les modalités d’accompagnement des territoires par le Cerema sur ces sujets d’évaluation. L'intervention du Cerema s'articule autour de sessions de travail dans les territoires et de séminaires de capitalisation nationaux. Céline Fréchet, cheffe de projets architecture et urbanisme du Cerema Normandie Centre, a illustré, à titre d’exemple, les différents outils mobilisés dans les ateliers locaux animés cette année : utilisation de l’outil “évalophobia” pour lever les freins à l’évaluation, interviews mutuelles, temps de travail sur le référentiel national, présentation de la démarche d’évaluation mise en oeuvre sur l’opération Luciline à Rouen ou sur des thématiques proches à Saint-Malo et Fécamp. Ces éléments permettent de co-construire des solutions adaptées avec chaque collectivité, tout en recueillant les propositions des participants sur le référentiel national.
Céline Fréchet - Cerema Normandie-Centre
EVALUER POUR MIEUX PILOTER SON PROJET : DES COLLECTIVITÉS TÉMOIGNENT
Trois collectivités ont témoigné de l’importance et des apports de l’évaluation dans leurs démarches de projets d’EcoQuartier.
Saint Jean de Braye, EcoQuartier du Hameau : apports de l’évaluation EcoQuartier
Coline de Valence, responsable du service Aménagement et Développement Durable à Saint-Jean de Braye, explique en quoi l’évaluation a permis de réaffirmer l’engagement des élus sur les objectifs du projet d’aménagement et de sensibiliser les habitants au développement durable, conditions nécessaires à la tenue des engagements dans le temps. L’enquête auprès des habitants et usagers, menée courant 2018, a donné à voir de nombreux enseignements qui vont permettre d’enrichir la phase 2 du projet et de préparer la candidature de la collectivité à l’étape 4 du label. La pédagogie sur les problématiques de stationnement ou la mise en lumière des baisses des factures énergétiques ont des effets positifs sur la manière dont les habitants appréhendent leur quartier, devenu très attractif.
Coline de Valence - Saint-Jean de Braye
Lyon, EcoQuartier de La Duchère : de l’évaluation à la candidature au label étape 4
Karine Lapray, qui représente le bureau d’études Tribu, est revenue sur l'impressionnant dispositif d’évaluation mis en place sur le projet de renouvellement urbain de La Duchère, labellisé en 2013. Articulant plusieurs échelles, du projet de territoire à l'îlot, et multipliant les modalités de recueil de données, la démarche d’évaluation fait partie intégrante du pilotage de projet. Les moyens alloués à un projet d’une telle envergure facilitent la mise en oeuvre de l’évaluation. Les acteurs du projet en ont parfaitement conscience et se sont donné comme impératif d’élever les exigences. Ainsi, l’évaluation a permis de garantir l’atteinte des objectifs, en particulier environnementaux, d’apporter une attention continue aux demandes des habitants et de s’assurer de l’effet levier du projet sur le territoire. Le label étape 4, auquel candidate l’opération en 2018, vient précisément récompenser l’ambition et la rigueur de cette démarche.
Karine Lapray - Bureau d'études TRIBU
Ecoquartier du Plessis Botanique à La Riche : des démarches de labellisation complémentaires
Bertille Feger, chargée de mission chez Icade, a présenté le projet d’EcoQuartier du Plessis Botanique, dont les premières réflexions remontent au début des années 2000. La spécificité de la démarche d’évaluation conduite dans le cadre de ce projet tient en ce qu’elle s'inscrit dans un processus de certification HQE Aménagement, lui-même précédé par la mise en oeuvre d’une approche environnementale de l’urbanisme. Ce travail sur la durée, qui permet de paver la trajectoire, a permis de “transformer les contraintes du territoire en atouts”, comme le précise Daniel Langé, adjoint à l’urbanisme de la ville de La Riche.
Les débats avec la salle ont notamment porté sur le portage de l’évaluation et les modalités de réalisation. Des quatre premiers témoignages, il ressort principalement qu’il n’y pas de modalité type : l’évaluation peut être conduite par l’aménageur, un bureau d’études ou par la collectivité en régie, voire avec une implication forte des habitants eux-même. L’important reste le portage par la collectivité et les élus et l’adéquation aux objectifs de l’évaluation.
Daniel Langé - La Riche
Bertille Feger - Icade
QUELS MÉNAGES HABITENT LES ECOQUARTIERS?
Alors que les projets d’EcoQuartiers se multiplient, le ministère a souhaité en savoir plus sur ce que produisent réellement les EcoQuartiers en matière de logements, avec l’ambition, notamment, de répondre à la question de savoir si les EcoQuartiers sont réservés à une certaine catégorie de population ou s'ils répondent à l’engagement 1 “répondre aux besoins de tous”. Pour cela, le ministère a commandé aux bureaux d’études Adequation et Urbanics, avec l’appui du Cerema, une étude sur la production de logements dans les EcoQuartiers. En 2017-2018, un panel de 39 projets répartis sur toute la France (hors Ile de France et Outre-mer) ont été étudiés en détail.
Les principaux enseignements de ce premier travail, présenté par Laurent Escobar (Adéquation), Florence Menez (Urbanics) et Juliette Maitre (Cerema), indiquent que les logements produits dans les EcoQuartiers sont moins chers (voire beaucoup moins chers) que ceux produits dans leur environnement proche, que les logements familiaux (T4/T5) y sont plus nombreux et que l’accession à la propriété y est plus grande. En ce qui concerne les prix de sortie de l’EcoQuartier par rapport à son agglomération, ils sont plus variables et différents profils d’EcoQuartiers peuvent être distingués. Ces résultats mériteraient maintenant d’être consolidés ou nuancés sur un panel plus large de projets.
Laurent Escobar - Adéquation
ÉVALUER LE VÉCU DES HABITANTS ET LEUR BIEN ÊTRE
La dernière séquence du séminaire du 27 novembre, consacré à la problématique de l'évaluation du quartier vécu, et au-delà, du bien être des habitants, a permis d’ouvrir des perspectives enrichissantes sur la manière de mieux prendre en compte cette “dimension habitante” dans la phase de vie des EcoQuartiers. Ainsi, la notion de “climat urbain”, développée en psychologie sociale et mise en oeuvre par Hélène Chiron (agence Scopes) sur la ZAC du Bon Lait à Lyon, permet de saisir, à travers cinq dimensions, dans quelle mesure un quartier est perçu positivement par ses habitants. En outre, la comparaison du climat urbain de plusieurs quartiers permet d’esquisser des hypothèses quant à l’évolution probable, et aux risques de dégradation éventuelle de cette perception à moyen terme.
Etienne Vienot - Auvergne-Rhone Alpes Energie Environnement
Hélène Chiron - SCOPES
L’intervention d’Hélène Clot et Annabelle Berthaud, de Grenoble métropole, a permis de faire un pas de côté par rapport aux EcoQuartiers, avant de mieux y revenir. Ainsi, la présentation de l’Indicateur de bien être soutenable territorialisé (IBEST), développé à l’échelle de la métropole, a permis d’illustrer en quoi l’évaluation constitue une opportunité de “mesurer ce qui compte” pour mieux le prendre en compte : au-delà des besoins essentiels (biens de subsistance, santé), l’affirmation de soi et l’engagement dans son territoire, la participation à la démocratie et le vivre ensemble, mais aussi les temps et rythmes de vie, sont autant de “besoins” qui contribuent de manière décisive au bien être des habitants. La mobilisation de l’ensemble des huit dimensions qui composent cet indicateur pour élaborer le processus d’évaluation du quartier des Villeneuves, suite à la signature de la convention avec l’ANRU, est un exemple concret des déclinaisons possibles de cette approche métropolitaine à l’échelle d’un EcoQuartier.
Hélène Clot - Grenoble Métropole
VERS UNE ÉVALUATION GÉNÉRALISÉE POUR LES PROJETS D'ÉCOQUARTIERS ?
L’année 2019 devrait voir se multiplier les candidatures à l’étape 4 du label, après deux années d'expérimentation, mettant encore davantage l’évaluation au coeur des préoccupations. L’enrichissement du référentiel national pour l'évaluation, notamment sur des aspects thématiques qui font aujourd’hui l’objet d’approfondissements (santé, agriculture urbaine), la capitalisation et la diffusion des pratiques, la mise en place de réseaux d’échanges entre EcoQuartiers sur ces questions, ou encore la formation sont autant de pistes de travail pour accompagner les collectivités dans ces démarches.
Alors qu’elle fêtera ses dix années d’existence en 2019, la démarche EcoQuartiers continue à évoluer, à s’enrichir, dans la logique partenariale qui la caractérise depuis ses débuts. Nul doute que la montée en puissance de l’évaluation va dans ce sens : en renforçant le pilotage, elle contribue à garantir l’émergence de projets exigeants et de qualité, à même de contribuer au bien-être de ses habitants.
Questionnaire - perspectives 2019 :
Ce séminaire marquait la fin d'un cycle de travail avec les collectivités. Fidèles aux principes de co-construction, nous souhaitons construire avec vous les travaux pour l'année 2019. Dans cette optique, nous vous prions de bien vouloir contribuer en répondant aux quelques questions qui nous aideront à vous proposer des réponses adaptées à vos besoins.
Accéder au questionnaire : cliquer ici.
Supports de présentations de la journée