Les fonctionnalités de l’application sont principalement basées sur la récupération de trace GPS et de photographies géoréférencées associées. Ces données sont envoyées sur des serveurs du Cerema, qui les traite à l'aide du logiciel MobiTC.
L'application RIVAGES a été lancée en 2016 pour encourager les sciences participatives et alimenter la base de données sur l'évolution du trait de côte, la limite -généralement mouvante- entre la terre et la mer. Après avoir téléchargé l'application, chacun peut effectuer lui-même les relevés et les transmettre au Cerema qui les traite et les partage ensuite sur la plateforme Géolittoral.
Une couverture du littoral de plus en plus complète dans le temps et l'espace
Le Cerema dispose désormais de contributions dans toutes les régions et collectivités d'Outre-Mer dans les Antilles et l'Océan Indien, avec pour certaines îles une couverture à 100% du littoral, ainsi que d'une dizaine de pays étrangers. En France, la façade Méditerranéenne est la mieux couverte, et le Cerema lance un appel aux vacanciers et habitants des Landes, de Bretagne et du bord de la mer du Nord pour compléter les données.
Rivages permet ainsi de constituer une base de données de relevés du trait de côte mondiale, utilisée afin de déterminer si le littoral avance, recule ou reste stable.
La participation du public vise à obtenir un grand nombre de données en complément des approches existantes, et avec une couverture géographique et une fréquence plus importante que lors d’une opération de terrain classique (les approches existantes pour cartographier le trait de côte sont issus d’analyse de cartes anciennes, d’interprétation de photos aériennes et de relevés de géomètres). Ces approches classiques sont désormais complétées par les données issues de l'imagerie satellitaire.
L’application permet d’effectuer des relevés sur tous les types de plages, qu’elles soient à faible ou à forte marée, par exemple :
- Sur une plage à faible marée comme en Méditerranée, le relevé du trait de côte s’effectue à la limite entre la mer et la terre.
- Sur une plage à forte marée, comme on en trouve en Bretagne, le relevé doit être réalisé à la limite entre la plage et la végétation, ou bien au pied des dunes.
L’application est simple à utiliser : le bouton Play pour démarrer ou arrêter l’enregistrement, le bouton envoi pour envoyer le fichier. Il est possible aussi de prendre des photos pour illustrer dans quel contexte le relevé est effectué. Celles-ci seront jointes à l’envoi.
Les données apportées par les utilisateurs de RIVAGES permettent une approche plus complète de l'évolution du trait de côte que les méthodes habituelles, en tenant compte des évolutions saisonnières.
Le logiciel MobiTC pour combiner différentes sources de données
L’application Rivages et la mise à disposition des données sous forme cartographique permet d’appréhender visuellement des évolutions. Cependant, l’objectif est d’arriver à améliorer les indicateurs existants d’évolution du trait de côte prenant en compte ces données participatives.
Le Cerema a développé le logiciel MobiTC, un outil automatisé de traitement des traits de côte historiques qui permet de répondre aux besoins des politiques publiques concernant en particulier la stratégie nationale de gestion du trait de côte et la prévention des risques littoraux. Il homogénéise le traitement des données sur le trait de côte et simplifie le traitement des formes complexes comme des pointes, des golfes, des flèches...
MobiTC permet de "mélanger" des données de trait de côte produites avec diverses techniques d’acquisition et de fournir des résultats se basant sur la précision relative de chaque trait de côte.
Le travail le plus important sur les données Rivages est d’estimer la précision du relevé de traits de côte effectué, et de convertir ces informations ponctuelles et fournies à la seconde en information sur des segments.
La qualité est calculée par des méthodes prenant en compte la précision estimée du point par le smartphone (3 Dilutions de Précision), la vitesse de déplacement des piétons (limitée à 12km/h), une analyse de la composante en Z qui doit être assez stable. Il faut aussi un minimum de point cohérents et continus pour retenir le segment. Finalement, des relevés fournis par les utilisateurs peuvent être rejetés et les autres ont des précisions définies de 5, 10 ou 15m.
Les données Rivages mélangées avec les données historiques ou des données provenant d’images satellite sont mixées et permettent d’analyser la tendance d’évolution des plages et la tendance de la tendance, est-ce que ma plage recule plus vite ou moins vite qu’avant.
L’exemple sur le secteur du Petit au Grand Travers dans l’Hérault (ci-contre) montre la possibilité de ce type d’analyse, qui reste toutefois à appréhender avec les actions qui ont eu lieux sur le territoire. Par exemple sur ce secteur, dans les années 2000 un important rechargement de plage a eu lieu sur le secteur Ouest, donc l’érosion est moins caractérisée.
Dans le cadre de la prévention et de l'anticipation des risques de submersions marines, MobiTC permet aussi de disposer d'une position approchée du trait de côte potentiel à horizon 2050 ou 2100 (PATDCP2100) avec une indication de marges d'incertitudes. Croiser géographiquement cette position approchée permet ensuite d'établir une liste d'indicateurs en lien avec des cibles d'enjeux comme pour la directive inondation.
L'équipe de l'application Rivages est membre du réseau Vigie Mer qui regroupe des acteurs autour des programmes et outils de sciences participatives en milieu marin, est partenaire du réseau des Sentinelles de la Mer Occitanie qui réunit des porteurs de programmes de sciences participatives mer et littoral en région Occitanie et contribue au projet Coastwards qui mise là aussi sur les sciences participatives, pour étudier les risques de la montée du niveau de la mer à 'laide de photographies des côtes prises par le public.