Les Journées Techniques Route réunissent chaque année les acteurs français publics et privés des infrastructures de transport terrestre pour partager les retours d'expériences, leurs recherches et leurs innovations.
Ouverture des JTR: enjeux de la transition écologique en lien avec la mobilité et les infrastructures
Hélène Jacquot-Guimbal, présidente de la nouvelle Université Gustave Eiffel, a cité Jacques Chirac pour introduire cette édition 2020 : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Elle a souligné l’importance de faire évoluer nos pratiques mais aussi nos valeurs pour répondre aux enjeux de la transition écologique que représentent notamment l’adaptation au changement climatique et la préservation des ressources.
Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, a rappelé le rôle du Cerema pour opérer ce changement de posture en évoquant une nouvelle approche de la gestion patrimoniale, résiliente et systémique. L’année 2020 verra également le lancement du label national 2EC qui vise à valoriser les bonnes pratiques de la profession en matière de prévention et gestion des déchets.
La dimension écologique n’est pas la seule transition à laquelle la route doit faire face, les nouveaux usages et les exigences sociétales remettent également en question notre vision de l’infrastructure.
Ces nouveaux défis sont partagés par la communauté internationale comme l’a indiqué Thierry Goger du FERHL : "La route du futur, c’est faire mieux avec moins" en allant vers une mobilité durable et verte, et l’économie des ressources. D’ailleurs, le programme cadre 2021-2027 de l’UE pour la recherche et l’innovation, Horizon Europe, intègrera l’infrastructure au sein de la mobilité autour des enjeux de climat et d’énergie.
Remettre en question nos pratiques passe aussi par l’évolution de nos compétences. Paradoxalement, Il nous faut répondre aux besoins actuels de maintien des compétences tout en anticipant leur obsolescence prochaine au profit de nouveaux métiers.
Fédérer la communauté routière et échanger sur nos pratiques est une des clefs pour préparer le futur. André Broto, président du comité français du PIARC (Association Mondiale de la Route), a insisté sur le besoin de lieux de convergences tels que les JTR, l’IDRRIM ou PIARC.
L'auscultation des chaussées, un domaine en pleine évolution
Les gestionnaires de réseaux disposent aujourd'hui d'une offre conséquente en matière d'auscultation de plateforme. Les performances des nouveaux capteurs, couplées aux nouvelles technologies de communication permettent une caractérisation plus fine et plus complète de l'état des infrastructures avec un accès rapide et dématérialisé des données.
Cette offre reste toutefois très hétérogène et le référentiel construit par le Réseau Scientifique et Technique n'est plus adapté à ces nouveaux outils : les approches surfaciques ne sont pas traitées et la caractérisation des défauts de surface est restée sur une approche visuelle.
Si au cours des cinquantaine dernières années, il n'est pas possible de contester des évolutions importantes dans le domaine de l'auscultation, aujourd'hui la communauté routière partage le constat d'une rupture sur :
- l'acquisition des données en matière de sécurité et de confort des opérateurs et des usagers, de rendement, de périmètre ou encore de précision de localisation.
- l'exploitation en lien avec les systèmes d'informations (plateforme 3D) avec une capacité d’historisation des données (lois de vieillissement), de comparaison pluriannuelle, d'accès à la données (bureau/terrain) et de croisements avec d'autres données géographiques.
- la caractérisation de l'état du réseau en terme qualitatif et quantitatif.
Cette diversité de l'offre conduit à renforcer le besoin de mieux maîtriser ces nouveaux outils et la qualité des résultats produits.
Le Cerema, en copilotant avec l'ingénierie privée, le thème 2 - caractérisation de l'état du réseau - du projet national DVDC (Durée de Vie Des Chaussées) travaille ainsi sur la définition de nouveaux descripteurs et sur les performances des outils de relevés automatiques. Des essais croisés sont notamment programmés dès 2020 en partenariat avec l'Association des Sociétés Françaises d'Autoroutes (ASFA).
Par ailleurs, à travers différents projets de partenariats, le Cerema travaille aux cotés de l'Etat (IQRN) et des collectivités (Départements, Communes et Métropoles) pour intégrer ces nouveaux outils dans leur politique d'entretien afin d'optimiser la programmation des travaux.
A court terme, les gestionnaires pourront ainsi au travers de ces outils disposer d'une meilleure compréhension des phénomènes de dégradations, d'une évaluation plus pertinente et ils seront à même de mieux anticiper en recherchant des solutions techniques plus adaptées.
Pour davantage d'informations, contactez nos experts :
Un volet sur l’auscultation des infrastructures pour transports guidés a été abordé avec notamment le projet DIATram sur le réseau de tramway nantais géré par la Semitan.
Le Cerema a développé un outil d’acquisition d’imageries et d’exploitation des données spécifique aux voies de tramway ou de bus. Cet outil sur-mesure, doté d’une caméra centrale et de caméras panoramiques, filme la chaussée permettant ensuite d’exploiter les images via un logiciel Cerema dont les référentiels métiers ont été spécialement adaptés et développés.
Même si des difficultés de réception GPS sous les lignes électriques, et d’adaptation aux voies réservées ont été évoquées, la géolocalisation des données, les mesures sur les imageries et la vision panoramique que ne permet pas Google représentent des leviers considérables pour le diagnostic.
Pour en savoir plus sur le projet DIATram:
Adapter l'infrastructure aux nouveaux usages
En mars 2019, l’ATEC, l’IDRRIM, l’Université Gustave Eiffel, Routes de France et TDIE (Transport Développement Intermodalité Environnement) publiaient l’étude prospective MIRE portant sur l’impact de la révolution des usages de la mobilité sur les infrastructures routières et leurs équipements.
L’accès à la mobilité demeure la clef de la cohésion territoriale. Anticiper les mutations, penser des infrastructures évolutives et modulables, même si cela bouscule les modèles économiques existants, semble incontournable.
Quel doit-être alors le niveau d’adaptation ? Des incertitudes demeurent car il est question de tenir compte à la fois des distorsions territoriales, des nouveaux usages, de la numérisation mais aussi des exigences sociétales.
Patrick Porru (IDRRIM) et Pascal Rossigny (Cerema) ont animé un atelier ciblant la dimension connectée, autonome, numérique et décarbonée de l’infrastructure au travers de projets opérationnels et retours d’expériences :
- L’infrastructure connectée et le véhicule autonome avec le projet Paris-Saclay « Autonomous Lab ». Christophe Cella (Vedecom) a présenté ce projet de parcours urbain de 8 km dédié au véhicule autonome en appuyant sur le besoin d’équipements pour garantir la sécurité et la communication véhicule/infrastructure.
- L’infrastructure comme support de production d’énergie avec la solution solaire Wattway de Colas, les solutions géothermiques Power Road d’Eurovia et Pavirex d’Eiffage
- L’infrastructure numérique avec le BIM et le projet d’échangeur Pleyel à Saint-Denis. Florence Comes (DIR Ile-de-France) a présenté ce projet réalisé en BIM avec l’appui du Cerema en soulignant les perspectives et opportunités de cette technologie dont la doctrine est en cours de rédaction.
Pour en savoir plus sur le BIM :
Pour en savoir plus sur le véhicule autonome:
Intégrer l'économie circulaire dans la construction et l'entretien
L’économie circulaire est au cœur des préoccupations actuelles d’une gestion optimisée des infrastructures respectant les concepts du développement durable et les enjeux économiques, même si cela impose aux professionnels du secteur d’innover.
Quel sont les impacts de l’économie circulaire sur l’innovation dans le domaine des produits bitumineux ? Quelles conséquences sur les performances techniques des produits ?
Jean-Michel Michou (Eurobitume), Vincent Gaudefroy (Université Gustave Eiffel) et Virginie Mouillet (Cerema) ont animé une session consacrée aux enjeux et nouveautés dans le domaine des liants bitumineux, intégrant à la fois une vision Recherche & Développement et des retours d’expériences.
Parmi les innovations citées, Lionel Odie a présenté les résultats de l’expérimentation du procédé Recytal®-ARM menée dans le cadre du Comité Innovation Routes et rues (CIRR) sous pilotage du Cerema.
Lauréat de l’appel à projet 2017 du CIRR, Recytal®-ARM est un procédé innovant de « bio-régénération » des anciennes chaussées bitumineuses qui conjugue l’utilisation d’une émulsion végétale nommée Recytal® et de l’Atelier de Retraitement Mobile (ARM) développé par EIFFAGE Route.
Ce dispositif permet de réaliser des opérations « tout-en-un » de déconstruction, régénération, reconstruction des routes endommagées.
Dans ce contexte, les présidents et directeurs des infrastructures des conseils départementaux de la Gironde et de l’Hérault ont souhaité expérimenter le procédé Recytal®-ARM dans le cadre du plan d’entretien de leur patrimoine routier.
Deux chantiers d’envergure ont donc été réalisés en juillet 2018 sur les routes départementales de la Gironde (RD 670) et de l’Hérault (RD 26).
Le bilan du suivi à 1 an de l’expérimentation confirment les performances environnementales du procédé tout en garantissant des performances techniques et une mise en œuvre comparables au retraitement classique.
Pour plus d'informations sur les chantiers d’expérimentation RECYTAL®-ARM:
Ressources
Routes de France récompense trois doctorants de l'Université Gustave Eiffel
Le concours du meilleur "poster doctorant" s’adresse aux doctorants du secteur public ou privé. Les JTR offre ainsi l’opportunité pour ces futurs jeunes professionnels de faire connaitre leurs travaux et de dialoguer avec des membres de la communauté scientifique et technique du domaine des infrastructures terrestres de transport.
- 1er Prix pour Rodrigo Shigeiro SIROMA de l’Université Gustave Eiffel (MAST LAMES) : Méthodes expérimentales et théoriques de détermination de la durée de vie résiduelle d’une chaussée à partir de l’analyse des bitumes extraits.
- 2ème Prix pour Mickaël LE VERN de l’Université Gustave Eiffel (GERS GMG) : Etudes expérimentale des mécanismes et des conditions d’envol des poussières. Application aux chantiers de terrassement.
- 3ème Prix pour Marie LE PIVERT de l’Université Gustave Eiffel (ESYCOM) : Développement de surface dépolluante à base de nanostructures de ZnO pour la purification de l’air par effet photo-catalytique sous lumière UV et visible.
Prochain rendez-vous des JTR: les 10 et 11 février 2021 à Nantes