Cet article fait partie du dossier : Le Cerema et le Concours Capitale Française de la Biodiversité
Voir les 12 actualités liées à ce dossierLe thème 2019 "Climat : la nature, source de solutions" constituait un défi puisqu’il s’attaquait conjointement à deux enjeux environnementaux majeurs, la perte de biodiversité et le changement climatique.
Les solutions fondées sur la nature sont par essence des solutions multi-bénéfices. Elles sont aussi multi-formes.
Pour preuve, la diversité des approches présentées par les collectivités de toutes tailles : coefficient de végétalisation inscrit au PLUi de Rennes, Plan Canopée de la Métropole de Lyon, desimperméabilisation et végétalisation sur le pourtour des remparts d’Avignon, lutte contre l’érosion des sols par des programmes de plantations à Maubeuge Val de Sambre, outil d’aide au choix de palettes végétales selon les services rendus par la ville de Metz…
Cet article propose un extrait des actions Capitale Française de la Biodiversité dans lesquelles le Cerema s’est plus particulièrement impliqué…
Les solutions fondées sur la nature en Outre-mer récompensées par un prix Coup de cœur
Sylvie Guichoux-Clément, directrice déléguée Environnement et Partenariat du Cerema, a eu le plaisir de remettre le 18 novembre le trophée "Coup de cœur" à Kelly Bima, conseillère municipale de Saint-Paul de La Réunion.
Elle souligne la responsabilité et l’engagement de cette commune, riche d’une grande diversité d’habitats naturels et d’espèces endémiques qui se retrouve en première ligne face aux effets du changement climatique.
Saint Paul, avec près de 107000 habitants, a mis en place des actions concrètes de terrain, qui font bouger les lignes.
C’est ainsi que pour lutter contre l’érosion littorale et le risque de submersion marine, Saint-Paul, a engagé un travail de restauration écologique de la plage de l’Hermitage. Cela implique de concilier activités de loisirs et fonctionnement écologique.
De plus, face au lagon qui souffre des pollutions venues de la terre, s’ajoutent le dépérissement du corail provoqué par le réchauffement de l’océan. La commune a engagé la création expérimentale d’une sub-mangrove sur une zone envahie par un arbre exotique envahissant.
Connecté à la réserve naturelle nationale de l’étang de Saint-Paul, cet espace désormais joue un rôle de tampon en cas de houle combinée à des épisodes pluvieux entraînant un fort ruissellement. Et, c’est à souligner, le difficile travail de réouverture du milieu est réalisé avec fierté par un groupe de femmes en insertion professionnelle. La transition écologique ainsi que solidaire prend tout son sens.
Plus haut, face à la savane qui se referme avec l’arrêt du pastoralisme, ce qui augmente le risque d’incendie des réouvertures de sentiers sont opérées, les habitants redécouvrent la biodiversité particulière de ces milieux secs de la côte sous le vent et commencent à se réapproprier ces espaces naturels qui étaient délaissés, à proximité même des habitations.
Le Cerema et la délégation réunionnaise du CNFPT, avec un appui de la DEAL Réunion et de Plante & Cité, ont co-organisé des ateliers pour promouvoir le concours en Outre-mer en 2018 et 2019, qui ont accueilli une cinquantaine de participants.
Sachant s’entourer d’experts locaux de la biodiversité, et restant attentive à ses habitants, la ville de Saint-Paul présente une première candidature prometteuse, qui on le souhaite saura donner l’élan à d’autres collectivités de l’océan indien. Notre établissement s’est entouré d’une équipe d’auditeurs locaux pour expertiser le dossier, Conservatoire Botanique des Mascareignes, le Parc national de la Réunion, la Deal, et un expert "zéro phyto".
Métropole de Lyon, élue Capitale française de la biodiversité 2019
Le Plan Canopée de la métropole de Lyon, une solution fondée sur la nature de niveau stratégique
Le plan Climat Air Energie de la métropole s’est focalisé dans un premier temps à la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Mais la métropole de Lyon a été touchée par des vagues de chaleur estivale mais qui ne font que préfigurer ce qui risque d’arriver et de s’amplifier. Les questions sanitaires deviennent des préoccupations majeures, la réduction de l’Ilot de chaleur urbain est un travail central.
Aujourd’hui, la métropole développe son volet adaptation, qui se décline autour de 2 axes stratégiques structurants, ville perméable et plan canopée. Le Plan Canopée en chiffres ; passer de 27% de canopée à 30% en 2030.
Terme habituellement réservé aux forêts, la canopée constitue l’écosystème situé au niveau de l'étage supérieur de la forêt en contact direct avec l’atmosphère (dictionnaire actu-environnement). De par cette situation, elle se retrouve à l’interface des enjeux biodiversité et climat.
La métropole a centré sa stratégie sur l’arbre, valeur symbolique qui représente le temps long et en fait un témoin vivant essentiel dans l’engagement pour le climat. Le statut des arbres métropolitains change : d’un rôle déjà important d’agrément, ils deviennent acteurs essentiels de l’adaptation. Les arbres qui agissent de manière passive par l’ombrage, ils réduisent le rayonnement absorbé par les surfaces minérales, ils modifient de l’écoulement de l’air, et surtout l’évapotranspiration participe un rafraîchissement actif de l’atmosphère (s’ils ne sont pas eux –mêmes en condition de stress hydriques.
L’état des lieux du patrimoine arborée métropolitain a révélé 2 principaux enseignements. Sur les 3 millions d’arbres qui occupent 27% du territoire et couvrent 14500 hectares, la métropole en maîtrise 10 %, les villes 10%, le reste est dans le domaine privé. Le deuxième enseignement est qu’il existe un déséquilibre territorial qui pose la question de l’équité environnementale.
Le plan Canopée se décline en 4 axes :
- Pérenniser et développer le patrimoine arboré
- favoriser le bien-être et la mobilisation des citoyens
- Federer les professionnels autour de la canopée
- Améliorer la connaissance et développer de nouvelles pratiques
Le Plan Canopée est récompensé parce qu’il s’appuie sur une connaissance fine du patrimoine arboré, fédère de nombreuses actions et permet un dialogue entre des politiques publiques qui ne sont pas centrées sur la biodiversité, les politiques climatiques, et intègre les questions sanitaires à toutes les échelles du PLUi au projet.
Le Cerema avait organisé le 4 avril un atelier régional avec la Métropole de Lyon, en la présence de Frédéric Ségur et d’Anaïs Prevel de l’Agence d’urbanisme de Lyon qui présentaient un panorama de villes engagées sur des politiques "arbres".
Metz, innover avec les solutions fondées sur la nature
Madame Marylin Moulinet, élu de Metz a reçu son trophée Capitale Française de la biodiversité pour la catégorie grande ville des mains de Magali Ordas, adjointe déléguée à l'environnement, à la propreté et à la qualité de vie, adjointe à Versailles, et vice-présidente de Plante & Cité.
Héritière des valeurs portées par Jean-Marie Pelt, la ville de Metz poursuit son ambition de rester pionnière. Elle a conduit un partenariat d’innovation avec la métropole de Metz et le Cerema qui a permis de mettre au point la première version d’un applicatif de choix des arbres en ville.
Sesame (services écosystémiques des arbres modulés par l’essence) recense 80 arbres du climat messin adapté à l’évolution présumée du climat. Il permet de les sélectionner selon des critères de biodiversité et de services rendus tels que la régulation du climat local et la qualité de l’air et de prévenir des nuisances à éviter comme l’aspect allergisant et les déformations mécaniques.
L’outil Sesame disponible d’ici la fin de l’année, aura vocation à évoluer en intégrant plus de services écosystémiques et une palette végétale plus élargie. La ville de Metz a présenté le réaménagement de la Seille avec la désimperméabilisation des berges en centre-ville qui permet de lutter contre les inondations, de réintroduire de la biodiversité et de retrouver un espace de nature et de bord de rivière de qualité aux habitants. C’est une solution fondée sur la nature pour réguler les inondations.
Ville-sur-Auzon, solutions fondées sur la nature au pied du Ventoux
Le prix régional Provence Alpes Côte d’Azur a été remis au maire Monsieur par l’Agence Régionale Pour l’Environnement, pour le jury régional auquel contribue le Cerema.
Villes-sur-Auzon a été récompensée pour la réalisation d'un site d’escalade limitant les impacts sur les espèces protégées et l'instauration d'une démarche de réduction de la pollution lumineuse.
Saint-Lunaire, solutions frugales et naturalité pour une ville balnéaire
Prix des petites villes, Saint-Lunaire se démarque par sa démarche engagée sur la frugalité et la participation citoyenne.
La naturalité comme réponse pour donner du temps à la biodiversité au changement climatique, avec des interventions limitées (laisser le réensemencement s’opérer sur des bordures ou des prairies).
Le bonheur de voir petits et grands s’unir pour repartir concrètement à la reconquête de la biodiversité en pistant vers luisants, hérissons et autres espèces communes. Le bonheur c’est le mot à la bouche du maire pour qualifier les résultats du travail mené dans sa commune et sans doute sa meilleure récompense !
Et après ?
En 2020, le calendrier du concours Capitale française de la biodiversité change. L’année sera l’occasion de valoriser plus de 10 ans d’expériences des collectivités notamment dans le cadre du congrès mondial de l’UICN à Marseille en juin. Les ateliers régionaux redémarreront en automne 2020 avec les nouvelles équipes municipales.
Dans le dossier Le Cerema et le Concours Capitale Française de la Biodiversité