Le projet de recherche Dymoa (Diagnostic d’Infrastructure et Dynamique du Véhicule pour les Motos et les Autos), dont la première phase d’exploitation des données est terminée, poursuit deux objectifs principaux :
- Mieux comprendre le comportement dynamique des 2RM en utilisation réelle pour identifier des situations de « presque accidents ».
- Mieux comprendre l’usage des infrastructures par les conducteurs de 2RM afin de faire progresser la conception et l’aménagement des routes
Une trentaine de véhicules instrumentés en continu
L’idée de Dymoa est d’enrichir les données sur l’accidentalité des 2RM avec les données concernant les incidents qui correspondent à des situations de conduite non maîtrisées ou à la limite de la maîtrise par le conducteur.
L’intérêt de ce type de donnée a été démontré dans le projet S-VRAI pour les voitures (voir encadré) mais restent à adapter pour les 2RM afin de tenir compte des spécificités de la dynamique de ces véhicules.
Le projet s’appuie sur l’instrumentation durant une année d’une trentaine de 2RM représentatifs des types de motos utilisés en France, et d’une dizaine de véhicules légers, à l’aide d’EDR (Enregistreur de Données Routières) de type smartphone. Les conducteurs étaient des particuliers, qui ont accepté de participer à l’expérimentation et d’équiper leur véhicule d’une caméra et d’un EDR enregistrant de nombreuses données (géolocalisation, accélérations, vitesses…)[1].
Déployés sur trois territoires (Seine-Maritime, Bouches du Rhône et Hérault), la flotte de véhicules équipés a effectué plus de 6000 parcours et a notamment permis de recueillir des données relatives :
- à des incidents et événements de conduite liés au dépassement des seuils dynamiques des véhicules,
- au comportement des usagers lors de leurs passages sur des zones d’intérêts prédéfinies (zones accidentogènes, aménagements spécifiques…),
- aux vitesses pratiquées par les conducteurs en relation avec l’infrastructure.
Des premiers résultats probants
Dymoa a permis d’élaborer un enregistreur embarqué basé sur l’usage d’un smartphone dédié, sécurisé et adapté aux 2RM et aux véhicules légers (VL). Les mesures juridiques et techniques développées ont permis d’obtenir l’autorisation de la CNIL (délibération 2016-034 du 11 février 2016). Pour pérenniser le dispositif par des recherches expérimentales futures comparables, un guide de conformité au règlement général pour la protection des données (RGPD) sera soumis à la CNIL.
Les enjeux de sécurité pour les 2RM liés à l’infrastructure ont été mis en exergue en s’appuyant sur le fichier national des accidents (BAAC) sur la période 2011-2015 et ainsi plus de 71 000 accidents corporels ont pu être analysés.
Le projet a abouti à la constitution d’une base de données unique permettant de mieux appréhender la dynamique des 2RM et le comportement de leurs conducteurs en relation avec les aménagements routiers.
Une première série d’analyses portant sur 430 incidents et plus de 700 événements, recueillis lors de 3200 parcours, a permis de déterminer quelques types d’infrastructures posant des problèmes aux 2RM et de localiser des zones à risques les concernant.
Des aménagements spécifiques ou des zones accidentogènes ont été analysés de manière détaillée et comparés entre autres selon les comportements de conduite des VL et des 2RM. L’utilisation réelle des capacités dynamiques des 2RM a pu être identifiée et comparée à celle des VL.
L’intérêt d’un observatoire de vitesse en relation avec l’infrastructure et les objets routiers (virages, giratoires, intersection, dispositifs modérateurs de vitesses, ...) a été montré via la mise en place d’un démonstrateur technique.
Parmi les observations liées à l’exploitation des données, il apparaît que si des améliorations de l’infrastructure sont les bienvenues, il reste également une marge de progression au niveau du comportement des conducteurs.
Des données riches qui seront réutilisées
La première phase d’exploitation est terminée, mais face à l’importance et à la richesse des données collectées), le Cerema et l’Ifsttar ont décidé d’en poursuivre cette exploitation. L’idée, à terme, est que les collectivités bénéficient de ce travail et puissent améliorer les aménagements réalisés au niveau des infrastructures, en agissant sur les points de vigilance.
Les données seront également réutilisées dans d’autres projets de recherche auxquels participe le Cerema, comme le projet SURCA [2] sur le véhicule autonome.
Les résultats du projet Dymoa ont été présentés le 22 mars 2018 à l’occasion d’un séminaire scientifique sur les deux-roues motorisés.
Le projet Dymoa a été financé par la Fondation Sécurité Routière, et mené en partenariat avec l’Ifsttar, l’Assurance Mutuelle des Motards et le Cerema [3].
[1] Un des points de vigilance du projet était la confidentialité des données qui ont été collectées et traitées. Un important travail juridique a été effectué afin de répondre aux exigences de la protection des données à caractère personnel. .
[2] SURCA : Sécurité des Usagers de la Route et Conduite Automatisée, un projet de recherche qui a été lancé le 1er juin 2018, mené en partenariat avec le Cerema, L’Ifttar, Vedecom, le laboratoire d’accidentologie de PSA Renault, et le CEESAR
[3] Le Cerema Territoires et ville, le Cerema Méditerranée pour le map matching, le Cerema Sud-Ouest pour l’étude de l’accidentalité et la gestion des bases de données, le Cerema Normandie Centre pour l’analyse de l’infrastructure sur le terrain et la contribution au choix des critères dynamiques.
A télécharger
Vous pouvez télécharger les livrables du projet DYMOA