Depuis sa libéralisation à l’été 2015, le marché du transport routier de voyageurs connaît un développement rapide. Fin 2017, selon les données de l’Arafer, les « services librement organisés » (SLO) plus communément appelés « cars Macron » relient plus de 250 villes françaises et proposent environ 1 600 liaisons. Parallèlement, le recours aux plateformes de covoiturage semble se développer pour les trajets de moyenne et longue distance.
Les « cars Macron », une desserte en constante évolution
Plus de deux ans après sa libéralisation, le marché des SLO poursuit sa croissance, à un rythme toutefois moins sou- tenu que dans les mois qui ont suivi la libéralisation. Les analyses de l’Arafer montrent que le nombre de liaisons proposées entre villes françaises, le nombre de départs par jour, ou encore le nombre de passagers transportés, sont en hausse. Le taux d’occupation des autocars progresse, tout comme la recette moyenne perçue par trajet. Paral- lèlement, le marché se concentre autour de 3 opérateurs nationaux (Flixbus, Ouibus et Isilines/Eurolines), auxquelles s’ajoutent plusieurs exploitants locaux.
À l’échelle nationale, l’offre des SLO connaît de fortes variations saisonnières, traduisant la faculté d’adaptation des exploitants aux fluctuations de la demande. Cela se matérialise notamment par la mise en place de plus en plus fréquente de liaisons saisonnières vers les stations littorales, en été, ou vers les stations de montagne, principalement en hiver. La desserte des grands équipements, et particulièrement des principaux aéroports, s’étoffe progressivement : 40 % des villes desservies par les SLO bénéficient d’une desserte directe vers un aéroport, et la liaison entre Grenoble et l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry est la deuxième liaison la plus fréquentée en France.
Quelle complémentarité des offres ?
Courant 2016, le Cerema Centre-Est a mis en place un observatoire portant sur une dizaine de liaisons entre grandes villes françaises sur huit origines-destinations ayant au moins une extrémité dans la région Auvergne- Rhône-Alpes, desservies à la fois par des SLO et par des services conventionnés (trains ou cars régionaux et trains d’équilibre du territoire). Cet observatoire a permis de mesurer les évolutions dans le temps des différentes offres de transport et d’apporter des éléments d’appréciation concernant la complémentarité entre SLO, services conventionnés et covoiturage.
En termes de capacité, les services conventionnés proposent généralement un nombre de places largement supérieur aux deux autres modes. Toutefois, sur certaines liaisons où l’offre conventionnée est peu développée (Lyon – Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand – Paris…), les SLO proposent une capacité correspondant à la moitié de l’offre conventionnée. L’offre de covoiturage reste, sur toutes les liaisons observées, marginale en comparaison des deux autres types de services : le nombre total de places proposées en covoiturage représente de l’ordre de 3 % de la capacité totale proposée par les trois modes.
En termes de nombre de services et de répartition horaire, les services conventionnés proposent des départs plus réguliers tout au long de la journée, tandis que les SLO sont souvent plus concentrés sur quelques plages horaires. Toutefois, sur certaines liaisons de longue distance, ces derniers sont les seuls à proposer des trajets de nuit. Le covoiturage est le mode qui offre souvent le plus de souplesse, mais avec une capacité très limitée. Les temps de trajet sont comparables entre les trois modes pour les liaisons de moyenne distance, et plus hétérogènes pour les liaisons de longue distance.
Pour des voyages achetés à l’unité, les tarifs pratiqués par les trois types de services sont du même ordre de grandeur, même si les tarifs du covoiturage et des SLO sont inférieurs à ceux des cars et trains conventionnés.
Mais les formules d’abonnement, disponibles uniquement pour les services conventionnés, réduisent considérablement le coût du voyage pour les voyageurs fréquents. Une réelle alternative peut s’offrir aux usagers entre les SLO et les services conventionnés sur les liaisons de moyenne distance, a fortiori quand l’offre de transport conventionné est peu performante en termes de temps de trajet et de capacité. Sur les liaisons où l’offre de transport conventionné est importante, ces effets restent probablement faibles, compte tenu du différentiel en termes de capacité offerte. La concurrence exercée par les plateformes de covoiturage demeure réduite, en raison de la faiblesse de la capacité proposée. À noter toutefois que les SLO comme les plateformes de covoiturage ont probablement tendance à capter en premier lieu la clientèle occasionnelle.
+ Pour en savoir plus : Indicateurs et notes de conjoncture sur les transports par autocar sur le site de l’Arafer - Livrable final de l’analyse de l’offre de transport régional et inter-régional en région Auvergne-Rhône-Alpes
● Contact Cerema Centre Est : David Dubois
● Correspondant local Cerema Centre Est : Mathias Gent