19 juin 2023
Cycliste sur un pont à Lyon
CR - Cerema
Cette journée était organisée en région PACA dans le cadre des conférences techniques territoriales (CTT) qualité de l’air du Cerema. Ces CTT s’inscrivent dans le contexte du contentieux national sur la qualité de l’air, pour lequel le conseil d’Etat a condamné l’Etat pour non-respect de ses engagements en matière de lutte contre la pollution de l’air (non-respect des valeurs limites réglementaires et insuffisance de ses plans d’actions). A travers 2 astreintes, le Cerema a été doté, parmi d’autres acteurs (ADEME, associations agréées pour la surveillance de la qualité de l’air, INERIS...) successivement d’une enveloppe de 2,5 et 5 millions d’euros.

Le Cerema Méditerranée a organisé le 13 avril 2023 un journée technique intitulée : "Qualité de l'air et mobilité décarbonée : enjeux et solutions pour nos territoires" qui a réuni 60 participants.

Cette journée a abordé la thématique de façon transversale et avait pour principaux objectifs d’accompagner les territoires dans leurs réflexions et actions, d’améliorer et de diffuser les connaissances et les outils sur le sujet au profit de l’ensemble des acteurs, d’apporter des clés à chacun pour avancer sur les différents aspects des politiques de qualité de l’air et de favoriser les échanges à partir des pratiques actuelles.

Elle était découpée en quatre séquences :

  • Une première séquence présentait le lien entre qualité de l’air et décarbonation des transports ;
  • La deuxième séquence traitait des avancées technologiques des véhicules ;
  • En introduction de l’après-midi, la troisième séquence concernait l’impact sur la santé et abordait le volet social lié à la qualité de l’air ;
  • La dernière séquence présentait des leviers d’actions pour améliorer la qualité de l’air.

La pause du déjeuner a par ailleurs été l’occasion d’expérimenter un outil d’aide à l’écoconduite développé par le Cerema par une démonstration sous forme d’un parcours dans le campus du Cerema avec une simulation d’événements (feu rouge, travaux, etc..).

 

Lien entre qualité de l’air et la décarbonation des transports

parking vélos a la gare routière d'Aix en provenceDamien Piga (ATMO Sud) a présenté les enjeux pour les transports sur la région PACA. Partout en PACA, un dépassement d’au moins une norme de l’OMS est constaté via l’indice créé par ATMO Sud, l’ICAIR. Sur Marseille : la moitié des émissions de NO2 sont issues du transport maritime et le tiers du transport routier. Les émissions liées au transport routier sont cependant à proximité immédiate des lieux de vie, de scolarisation ou de travail.

Pierre Chaniot (Cerema) a traité la question : Décarboner les mobilités et améliorer la qualité de l'air : un même combat ? L’objectif de la décarbonation : diviser les émissions de GES par 6 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Le CEREMA préconise d’appliquer l’approche "Eviter, Changer, Améliorer". Eviter passe par de nombreux leviers d’action à la portée des collectivités (zones à trafic limité, circulation alternée, former aux enjeux de la mobilité décarbonée...). Changer insinue de passer de modes de transports plus individuels à des modes plus légers, plus collectifs ou moins carbonés. Améliorer passe par le remplacement des énergies fossiles dans les transports par d’autres sources d’énergies (électricité ou biomasse). La décarbonation des mobilités et l’amélioration de la qualité de l’air se recoupent en un défi global et transversal avec une clé de lecture fondamentale commune qui est l’énergie.

Christophe Madrolle (Conseiller à la Région PACA) a présenté les enjeux et actions pour la qualité de l'air et la décarbonation dans la région PACA. La prise de conscience des politiques est généralisée mais n’est pas encore assez rapide. La région travaille d’ores et déjà sur la décarbonation du transport routier en favorisant les transports en commun (en augmentant le nombre de cars et de trains avec des véhicules propres), mais également sur la décarbonation du transport maritime en 2050. Tout est intimement lié : qualité de l’air, climat et biodiversité.

 

Les présentations :

Les avancées technologiques des véhicules

Christophe Chaillou (Aramco) a présenté des méthodes pour réduire des émissions des moteurs thermiques. Dans cette optique, il existe plusieurs énergies bas carbone comme l’hydrogène et les carburants synthétiques. Les normes Euro ont été créées dans ce but également et la future norme EURO 7 sera applicable à partir du 1er Juillet 2025. Le renouvellement du parc (normes, technologies de dépollution) entre 2020 et 2035 devrait permettre une diminution par 4 des émissions de NOx.

Dorine Cornet (ADEME) a montré la pertinence des véhicules électriques en termes d’impact de qualité de l’air et de décarbonation des transports. Sur l’analyse du cycle de vie, le véhicule électrique permet en effet de diminuer le bilan carbone de 2 à 3 fois par rapport au véhicule thermique. Un des problèmes des véhicules électriques est les ressources nécessaires pour les batteries : Lithium (Bolivie, Chili, Argentine et Australie), Cobalt (République Démocratique du Congo). À la fin de l’année 2022, en France, il y avait environ 1 million de véhicules électriques (dont 1/3 hybride et 2/3 100% électrique). Concernant le réseau électrique, des bornes de recharge modérées suffisent ; notre système électrique français n’est pas compatible avec les bornes de recharges rapide.

Jean-Philippe Mechin (Cerema) a présenté un outil d’aide à l’écoconduite pour la qualité de l’air. Un outil qui permet en fonction de l’environnement (travaux, feux, etc...) de mieux réguler sa vitesse et ainsi les émissions de polluants lors de la conduite. Il pourrait également être paramétré pour prévenir quand l’usager rentre dans une zone limitée à certaines voitures (exemple de la ZFEm). L'outil met en œuvre l'application CoopITS ou l'application CTD qui sont disponibles pour les conducteurs ainsi qu'un paramétrage propre à chaque territoire. Le Cerema peut accompagner les collectivités qui souhaiteraient le déployer sur leur territoire.

Les présentations :

Santé et Social liés à la qualité de l’air

Place piétonne d'AVignonDr Pierre Souvet (Association Santé Environnement France) a présenté les enjeux globaux de santé publique liés à la qualité de l’air. Cette dernière a des conséquences sur la santé des populations : 40 000 décès prématurés par an en France, 1 diabète sur 7 est lié à la pollution de l’air, les particules baissent l’immunité contre les maladies (exemple du COVID)... Le professeur rappelle également que les particules ultra fines qui sont les plus nocives pour l’organisme, n’ont pas forcément diminué ces dernières années.

Olivier Coulon (ARS PACA) a présenté des bénéfices en santé et co-bénéfices et plusieurs actions de l’ARS. Les Evaluations Quantitatives d’Impact sur la Santé (EQIS) constituent un outil intéressant pour calculer les enjeux de santé liés à un projet. L’ARS accompagne et sensibilise aux effets positifs et négatifs d’une action via ces EQIS. Un appel à manifestation d’intérêt a également été lancé par l’ARS pour accompagner financièrement et méthodologiquement des collectivités dans l’intégration de la santé dans leurs politiques publiques.

Olivier Sanzeri (INSEE) a présenté les résultats de l'étude "Exposition à la pollution de l’air : des populations moins favorisées dans les zones à plus fort enjeu sanitaire". Cette étude a mis en lumière le lien entre zones à enjeu de santé élevé et le statut socio-économique défavorable ou assez défavorable de la population de ces zones. Et a contrario, les personnes ayant un statut socio-économiques favorables ou assez favorables vivent plus dans des zones à enjeu de santé faible. L’étude a aussi mis en avant une forte diminution de l’exposition à la pollution atmosphérique dans la région PACA.

 

Leviers d’actions pour améliorer la qualité de l’air

Florence Orillard (Cerema) a présenté le travail réalisé en partenariat avec la ville de Marseille sur les aménagements des accès et abords des écoles. La pacification des accès et abords des écoles permet à la fois, de soutenir la mobilité active et décarbonée, d’améliorer la cadre de vie et de créer du lien. Le projet est découpé en plusieurs parties : un apport bibliographique, une aide méthodologique aux projets de pacification, l’élaboration de scénarios/type d’aménagement en fonction du contexte et le développement d’un outil d’aide à la décision pour soutenir la priorisation des projets de pacification, en rassemblant différentes données sur une carte géolocalisée.

Fanchon Barbat-Lehmann (Alliance des collectivités pour la qualité de l’air) a expliqué comment faciliter l’acceptation sociale de la Zone à Faibles Emissions-mobilité. En effet, la ZFEm est un outil au service des politiques Air-Santé-Mobilité-Climat, mis en place pour lutter contre les inégalités face à la pollution de l’air et de la mobilité.

Isabelle Gossmann et Élise Henry (Cerema) ont présenté des mesures d’accompagnement aux Zones à Faibles Emissions-mobilité (ZFEm). Les ZFEm ne doivent pas être considérées comme un dispositif isolé mais comme un outil parmi d’autres permettant d’améliorer la qualité de l’air, décarboner les transports et améliorer l’accessibilité de tous. Leur mise en place nécessite une articulation avec les différents axes de la politique de mobilité menée et notamment le développement des offres alternatives ou l’accompagnement au changement de comportement. Le Cerema est en appui des collectivités pour faciliter cette articulation. Des ressources locales et une étude nationale sur le lien entre ZFEm et logistique urbaine durable sont présentées.