Les enquêtes ménages certifiées Cerema rassemblées dans une base unique ont été traitées spécifiquement pour permettre une exploitation des données sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Le Cerema a ainsi pu comparer la mobilité des habitants des QPV avec celle des autres habitants des unités urbaines.
Dans les QPV, les déplacements par personne sont moins nombreux, ainsi que les distances parcourues dans la journée. Cependant le nombre de sorties (qui peuvent compter plusieurs déplacements) et les temps de déplacements sont très proches dans les QPV et en dehors.
Cela signifie que les sorties comptent moins de déplacements, et donc moins de motifs, en QPV et que les déplacements y sont plus lents.
La raison principale de cette lenteur des déplacements tient au moindre accès à l’automobile. Cet accès plus faible à la voiture est particulièrement fort pour les habitantes des quartiers. Quel que soit leur âge, elles ont moins le permis que leurs homologues des autres secteurs et leurs ménages disposent beaucoup moins souvent de plusieurs véhicules.
L’agglomération parisienne se distingue nettement des agglomérations de province, même des plus importantes, par un moindre usage de la voiture, compensé par les transports collectifs. De ce fait, les écarts de mobilité sont moindres entre les habitants des quartiers et les autres dans l’unité urbaine francilienne.
Quatre modélisations ont déterminé les probabilités de conduire une voiture, le nombre, la distance et le temps des déplacements quotidiens dans les quartiers et en dehors. L’effet propre de la domiciliation dans un quartier prioritaire n’est pas neutre, mais son influence est très inférieure à celle des caractéristiques socio-économiques des ménages.
Les coefficients des modèles ont ensuite été utilisés pour générer plusieurs profils particuliers d’habitants afin de représenter leurs écarts de mobilité selon la domiciliation en quartiers prioritaires ou non. Ainsi, malgré un taux d’accès à la voiture très inférieur dans les quartiers, du fait de sa domiciliation, un homme actif ouvrier a, toute chose égale par ailleurs, plus de probabilités (de nécessités ?) d’utiliser sa voiture pour aller travailler lorsqu’il habite en QPV. Ce paradoxe est à mettre en lien avec les localisations souvent excentrées des quartiers et des emplois peu qualifiés et avec le peu d’offres alternatives à la voiture pour aller travailler : les lignes de transport collectif rabattent le plus souvent sur les centres aux densités élevées.
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● Contact Cerema : Nicolas Juste