Utilisation des données Copernicus à Saint-Martin
Utilisation des données Copernicus à Saint-Martin
DEAL 971
Afin de traiter la situation de crise, d’évaluer et de quantifier les dommages causés et de préparer le retour à la normale, le programme européen d’observation de la Terre « COPERNICUS » a mis en place une composante de gestion de crises : Emergency Management System (EMS).

gestion de crises

Mobilisable depuis le premier avril 2012 pour gérer une situation de crise d’origine naturelle (intempérie, séisme...) ou humaine (accidentelle ou délibérée) ou encore une crise humanitaire, l’EMS fournit notamment des cartographies rapides sur demande. Lorsque l’aléa est prédictible, par exemple le passage d’un ouragan, le service procède à une mise à jour des données du site avant le passage de celui-ci pour permettre une évaluation des dégâts ainsi qu’un suivi précis.

En septembre 2017, les Antilles ont été marquées par le passage de l’ouragan Irma. Les îles les plus touchées, Saint-Barthélemy et Saint-Martin, ont subi de lourds dégâts matériels. Une évaluation rapide de l’ampleur du sinistre était donc nécessaire afin de gérer efficacement la crise et de planifier la reconstruction des infrastructures.

Détection des construction illicites

Ces données, produites en premier lieu pour la gestion de la crise, constituent une ressource précieuse. En effet, du fait de leur résolution spatiale et surtout temporelle, les possibilités de réutilisation sont nombreuses. Dans le cas suivant, les données photographiques ont étés réutilisées pour effectuer un suivi de la reconstruction des bâtiments en zone inconstructible du PPRN.

En effet, la problématique des constructions illicites sur l’archipel guadeloupéen ainsi que sur l’île de saint-Martin est prégnante. Les dommages occasionnés par le passage de l’ouragan Irma ont mis en exergue la nécessité de mettre en œuvre des mesures préventives. Cependant, force est de constater que le plan de prévention des risques naturels (PPRN), définissant notamment les zones inconstructibles –crucial pour réduire la vulnérabilité des personnes et des biens– n’est pas toujours respecté.

image 1 (Copernicus)Image 2 (Copernicus)

Dans un premier temps, une étude de localisation des bâtiments potentiellement illicites a été menée en Guadeloupe à l’initiative du service PACT. La méthode employée consiste à comparer les bases de données bâtiments de deux millésimes différents afin d’en extraire les nouvelles constructions. Ces résultats sont ensuite croisés avec les zonages PPRN et POS afin d’établir une typologie en deux classes : [en zone inconstructible PPRN] et [en zone inconstructible PPRN & en zone naturelle du POS]. Cette méthode a également été utilisée sur le territoire de Saint-Martin dans le but de détecter des constructions suspectées d’être illicites sur la période 2012-2016.

La mise à disposition des données Copernicus a permis au service PACT d’adapter la méthode précédemment décrite afin de procéder à un suivi de la reconstruction ainsi que des nouvelles constructions sur l’île de Saint-Martin, après le passage d’Irma.

Cette analyse montre qu’entre septembre 2017 et juillet 2018, sur 2910 bâtiments détectés comme construits, reconstruits ou bien en cours de reconstruction, 275 sont localisés en zone inconstructible du PPRN : 9,5 % du total des reconstructions seraient donc illicites et nécessitent une action in situ (repérage et verbalisation le cas échéant).

Cette production (exemple illustré ci-dessus) est déjà exploitable par les contrôleurs de terrain pour la localisation des bâtiments. Les résultats de cette analyse doivent obligatoirement être validés par un examen de terrain.

Dans cette optique, les données Copernicus seront traitées et exploitées en continu jusqu’à la désactivation du dispositif de suivi. Elles seront notamment précieuses pour l’unité territoriale de Saint-Martin, récemment déployée sur les lieux. Stockées dans la base de données de la DEAL, elles restent disponibles pour des usages ultérieurs.

Réutilisations multiples

La localisation de bâtiments potentiellement illicites représente une des réutilisations possibles de ces données. Outre le fait d’augmenter leur valeur d’usage, cela a généré un gain de temps et de ressources pour les agents de la DEAL, soulignant les avantages de la mise à disposition de ces données.

Les informations transmises grâce à l’activation du dispositif permettent également d’identifier des zones à contrôler et de suivre d’autres questions majeures comme la gestion des déchets induits par la catastrophe, le défrichement, etc.

 

Auteur : Yannis Poupon (DEAL Guadeloupe)

 

Image 3 (Copernicus)