Méthodologie et hypothèse
A partir de l’étude des ZNIEFF de type 1, qui intègrent des enjeux importants d’habitats ou d’espèces, l’objectif est de mettre en évidence les dynamiques d’artificialisation dans ces zonages et à proximité. L’hypothèse à infirmer ou confirmer sera alors de savoir si « le zonage a permis de protéger en partie les espaces naturels ». Ensuite, il conviendra d’essayer de déterminer s’il existe des typologies de ZNIEFF, des secteurs géographiques, des catégories d’artificialisation, etc, particulièrement problématiques.
Données Utilisées
La base de données Corine Land Cover (CLC) est utilisée pour caractériser l’artificialisation en général.
CLC présente l’avantage de permettre un suivi sur le temps long grâce à ses 6 millésimes (1990, 2000, 2006, 2012, 2015 et 2018) et de proposer une nomenclature détaillée d’occupation des sols permettant d’apprécier les différents modes d’artificialisation des sols (urbanisation, réseaux de transports, carrières, équipements sportifs, etc.). CLC permet également, le cas échéant, de mettre en évidence des situations de « renaturation » (par exemple arrêt d’une activité d’extraction de matériaux aux abords d’un cours d’eau).
En raison du manque de précision de cette base de données CLC, un travail préalable de comparaison avec l'OCS Sat 2011 est effectuée afin de valider ou non la pertinence de l’utilisation de CLC.
Un focus est réalisé en parallèle sur l'urbanisation (qui est un mode d’artificialisation particulier) en exploitant la BD PARCELLAIRE® de l’IGN croisée avec les fichiers fonciers. Une enveloppe d’urbanisation est alors construite autour des bâtiments via une méthode classique de dilatation/érosion.
Pour cette étude, l’artificialisation des sols est donc analysée au regard de 4 sources de données, Corinne Land Cover, OCS Sat 2011, PARCELLAIRE® et fichiers fonciers. Cette multiplicité des sources est envisagée comme génératrice de précision et permettant d’approcher au plus près la réalité de la consommation de l’espace
Premiers retours d’expérience sur l’utilisation des données
Pour cette étude, Corine Land Cover a montré des limites dues à son Unité Minimale de Collecte (UMC). En effet son UMC de 25 ha ne permet pas de visualiser certaines zones d’artificialisation diffuse (les maisons individuelles, par exemple). Cependant, à une échelle plus large (département ou région), CLC donne une bonne approximation de la dynamique d’artificialisation. Un cas difficile à traiter a été celui des zones d’extraction de granulats qui forment une artificialisation particulière. En effet, les carrières, gravières et sablières forment des superficies parfois importantes d’artificialisation, mais qui ne sont pas pérennes et redeviennent des « zones naturelles » après exploitation.
Le bâti parcellaire a été daté avec les Fichiers Fonciers puis une enveloppe a été créée autour du bâti par un traitement « dilatation-érosion » (de 40m-15m). Les résultats sont partiellement convaincants puisque ce traitement permet de récupérer uniquement le bâti construit mais pas son environnement proche, artificialisé par la même occasion (route d’accès, parking privé, etc...). Cependant, même si la surface artificialisée est parfois sous évaluée, il est fréquent que des zones artificialisées type extraction de granulats, terrain de sport, aéroports, etc ressortent via l’exploitation des fichiers fonciers, car elles sont associées à une dynamique d’urbanisation (construction de bâtiments et locaux divers).
Premières conclusions
Les ZNIEFF sont très diverses dans leur taille et leur typologie. Bien que l’artificialisation de départ est faible, elle n’est pas nulle et de multiples ZNIEFF ont été délimitées en incluant des espaces artificialisés et/ou urbanisés. On observe que ces ZNIEFF en partie artificialisées sont les plus exposées à une artificialisation futures (graphique 1). Cette même dynamique est observée pour l’urbanisation (graphique 2). Les grandes ZNIEFF apparaissent logiquement plus exposées à l’urbanisation (graphique 3).
Suite à ces premières analyses, une cartographie dynamique a été développée pour pouvoir visualiser la dynamique d’artificialisation de chaque ZNIEFF car chaque situation a ses spécificités.
Une analyse qualitative a enfin été réalisée sur un échantillon de SCoT et de PLUi. Il apparaît que les ZNIEFF sont globalement protégées d’un développement notable de l’urbanisation, mais pas de constructions ou aménagements ponctuels, qui seront d’autant plus « acceptés » que la ZNIEFF possède déjà des constructions.
Auteurs : Virginie Billon et Joris Biaunier (Cerema)