Transflash a interviewé les pilotes de deux mesures phares du programme French Mobility : la plateforme collaborative et l’ingénierie pour les territoires peu denses.
Transflash a interviewé les pilotes de deux mesures phares du programme French Mobility : la plateforme collaborative et l’ingénierie pour les territoires peu denses.
Une plateforme pour trouver des solutions et innover dans la mobilité
Interview de David Caubel, chargé de mission mode de vie durable, CGDD.
Quels sont les objectifs généraux de la plateforme collaborative ?
Les objectifs de la plateforme collaborative French Mobility peuvent se traduire en quatre points :
- Éviter aux porteurs de projets de réinventer en partageant des bonnes pratiques, avec des exemples de projets réussis et des retours d’expériences ;
- Trouver des solutions de mobilité pour tous. Il s’agira d’apprendre et connaître les thématiques de la mobilité, et aussi de prospecter grâce au recensement et la capitalisation de produits de mobilité et d’expérimentations de solutions sur les territoires ;
- Favoriser l’innovation en mettant en relation des acteurs de la mobilité, et notamment les collectivités, le monde économique, le monde associatif ;
- Mettre en visibilité l’innovation sous toutes ces formes dans la mobilité (technologique, mais aussi sociale, sociétale, organisationnelle et en termes de gouvernance).
À qui est-elle destinée ?
La plateforme collaborative French Mobility est gratuite, accessible à tous. Elle est bien évidemment destinée en premier lieu aux collectivités, aussi bien urbaines, que rurales ou périurbaines, qui souhaitent mettre en œuvre des expérimentations, des innovations ou des actions de mobilité sur leurs territoires et pour leurs citoyens. Les collectivités peuvent participer et alimenter la plateforme par leurs réalisations et retours d’expériences. Les collectivités pourront également y trouver des réponses à leurs problématiques de mobilité et favoriser la mise en relation pour innover, expérimenter ou développer des actions de mobilité.
La plateforme s’adresse également à l’ensemble des acteurs de l’écosystème de la mobilité, qu’ils soient des acteurs économiques (startup, TPE, PME, entreprises, groupement, opérateurs…), des acteurs associatifs (associations, coopératives…) ou des organismes publics. Ces acteurs peuvent participer et alimenter la plateforme de leurs produits et solutions innovantes de mobilité. Ils pourront également bénéficier du recensement des solutions de mobilité ou de la cartographie des projets de territoire.
Comment va-elle répondre aux besoins des collectivités ?
La plateforme collaborative French Mobility est co-construite avec tous les acteurs de la mobilité et notamment les collectivités via, en particulier, des ateliers participatifs : OpenLab (cf encadré ci-après). Ainsi, les contenus et fonctionnalités de la plateforme seront adaptés aux besoins des collectivités tout au long de la démarche de diagnostic, d’identification et de mise en œuvre de solution de mobilité : benchmark des solutions existantes, identification des partenaires potentiels…
Cette plateforme apportera donc des réponses concrètes et pragmatiques à tous les territoires.
Pour aller plus loin, la plateforme proposera à termes d’autres fonctionnalités, en lien avec l’ensemble des autres mesures du plan d’actions French Mobility : appels à manifestation d’intérêt (AMI) ou appels à projets (AAP), documentations sur les commandes publiques, sur les sources de financements possibles, sur l’accompagnement juridique, économique, et technique (en lien avec les cellules régionales d’appui – voir interview du Cerema)…
La plateforme est donc un outil à l’interface du plan d’actions French Mobility. Elle sera un support essentiel pour l’accompagnement en ingénierie des territoires dans la co-construction des projets, des expérimentations et des innovations des mobilités au sein des collectivités.
Qui est impliqué dans la création (et le rôle de chacun) ?
Avant tout, ce sont les acteurs de l’écosystème qui sont directement impliqués dans la création de la plateforme French Mobility. C’est un outil co-construit par et pour l’écosystème. Les collectivités, et prochainement les acteurs économiques et associatifs, sont mobilisées en ateliers créatifs (openlab). Les entreprises, les associations sont mobilisées sur les différentes rencontres autour de French Mobility et elles alimentent la plateforme via le référencement des solutions de mobilité. Les collectivités sont aussi engagées pour faire part de leurs réalisations et retours d’expériences.
Pour accompagner cette co-construction, le Ministère des Transports, représenté par la DGITM (Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer), en assure le pilotage. Il s’appuie notamment sur les partenaires de l’ATEC ITS (Association du « Réseau des acteurs de la mobilité intelligente ») et le Cerema (ce dernier contribuant notamment à la réalisation du recensement initial et à l’alimentation de la plate-forme, et assurant également le développement en tant que tel du site French Mobility).
À partir de quand sera-t-elle opérationnelle ?
La plateforme French Mobility sera présentée en point d’avancement lors des Rencontre de la mobilité intelligente du 24 janvier 2019. La poursuite des développements s’effectuera sur le premier semestre 2019, pour arriver à une première version opérationnelle en juin 2019. Elle évoluera au fil de l’eau pour coller au plus près des usages et retours des bénéficiaires. L’intégration des mesures du plan d’actions French Mobility est également prévue sur l’ensemble de l’année 2019.
La démarche d’accompagnement à l’ingénierie de mobilité pour les territoires peu denses
Interview de Gérôme Charrier, chef de Groupe Politiques de mobilité, Cerema.
Quels sont les enjeux de votre démarche ?
Dans les territoires ruraux, les villes petites et moyennes ou dans les périphéries des grandes agglomérations, les habitants ont très peu accès aux services de transport public.
Pour ces habitants qui représentent près de 40 % de la population française, l’usage de la voiture individuelle constitue le principal mode de déplacement. Or, pour les ménages les plus fragiles, pour les seniors ou les jeunes adultes en situation difficile, cette situation constitue une entrave aux besoins primaires de mobilité. Plus généralement, pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité physique, les moyens financiers ou matériels de posséder et conduire leur propre voiture, cette situation se traduit par une grande précarité d’accès aux services publics, à l’emploi et aux commerces.
Que peut-on faire pour améliorer la mobilité dans les territoires peu denses ?
Des solutions existent et se développent pour améliorer la mobilité du quotidien dans les territoires peu denses : auto-stop organisé, transport solidaire, autopartage entre particuliers, plateformes de mobilité...
Ces solutions sont souvent mal connues et peinent à se développer, faute de moyens en ingénierie au sein des « petites » collectivités. En effet, la mise en place de ces services innovants soulève un certain nombre de questions : quels sont les principaux besoins de déplacements et quel public concernent-ils ? Quelles sont les solutions possibles et quelles entreprises sont capables de les déployer ? Quels sont les coûts des différentes solutions et comment choisir celles qui seront les plus adaptées aux besoins ? Quels sont les écueils à éviter et les facteurs de réussite ?
C’est pour faire face à ces défis que le programme national French Mobility intègre une mesure de soutien à l’ingénierie des collectivités qui le nécessitent. Le Cerema et la Banque des Territoires, avec le soutien de l’Ademe, s’organisent pour mettre en place en 2019, en lien avec les partenaires locaux et les services de l’État, des cellules régionales d’appui à l’ingénierie de mobilité dans les territoires peu denses.
Vous mettez en place des cellules régionales d’appui. Quelles seront précisément leurs missions ?
Les missions de ces cellules régionales d’appui, s’organiseront selon trois axes majeurs :
- Animer l’écosystème des acteurs régionaux de la mobilité innovante au sein d’un réseau unique : collectivités, petites et moyennes entreprises, start-up, services de l’État et ses établissements publics, tissus associatif, etc. L’objectif est de favoriser la mise en relation et le partage d’expérience à l’échelle régionale, par exemple, en organisant un forum annuel régional, des ateliers de travail à l’échelle des bassins de mobilité, la mise en ligne de questions/ réponses, etc.
- Aider la réalisation des projets sous l’angle technique, administratif et financier. Le Cerema mettra notamment du temps d’ingénierie à disposition des intercommunalités, des parcs naturels régionaux, des pôles d’équilibres territoriaux ou des syndicats mixtes qui souhaitent se lancer dans une démarche, pour les aider à amorcer leur réflexion. La caisse des dépôts, l’Ademe pourront également apporter leur conseil et leur appui en matière d’ingénierie financière et les services de l’État en matière d’appui réglementaire.
- Capitaliser et recenser les études réalisées sur le territoire, les retours d’expériences, les contacts utiles, les bonnes initiatives, etc.
Quand ces cellules régionales d’appui seront-elles opérationnelles ?
Le Cerema, la Banque des Territoires, l’Ademe, l’État et tous les partenaires locaux intéressés, se mobilisent pour que ce dispositif soit opérationnel dès 2019 et qu’il puisse rapidement se déployer dans les régions dans le courant de l’année.
Une adresse mail de contact a d’ores et déjà été mise en place pour recueillir les attentes et les observations des collectivités intéressées par la démarche (frenchmobility@cerema.fr) et co-construire le dispositif, afin qu’il réponde aux attentes des territoires.
Des correspondants locaux du Cerema, de la Banque des Territoires et de l’Ademe sont identifiés dans chaque région. Ils bâtissent les partenariats locaux et écoutent les attentes des collectivités. Plusieurs évènements phares seront également organisés dès la mi-2019, notamment dans les régions Occitanie, Auvergne-Rhônes-Alpes et Pays de la Loire, qui font aujourd’hui figure de pilote dans la construction de ces cellules d’appui.