Cet article fait partie du dossier : Dossier : les Contrats de Transition Écologique
Voir les 13 actualités liées à ce dossierLe changement climatique a un impact sur les espèces végétales, qui peuvent être moins adaptées aux nouvelles conditions. Par ailleurs, les espaces de montagne sont fragiles et particulièrement sensibles aux évolutions du climat.
D’après un rapport du réseau Alpages Sentinelles, les températures ont augmenté de 2°C environ dans les Alpes depuis 1950, ce qui entraîne une baisse du bilan hydrique (d’environ 15% en 30 ans). La végétation est impactée par ces changements du climat, et des actions d’adaptation sont nécessaires.
Le projet de recherche ALPTREES, qui regroupe 14 partenaires [1] de cinq pays de l’arc Alpin, vise à étudier les caractéristiques d’espèces d’arbres non-indigènes plantées dans les Alpes afin de définir une stratégie de gestion à l’échelle transnationale (Autriche, Allemagne, France, Italie et Slovénie).
Un outil d’aide à la décision pour sélectionner les espèces
Le projet ALPTREES comporte plusieurs axes :
- Créer un outil d’évaluation des risques liés à ces espèces non-indigènes sera mis en place, afin de mesurer les risques (notamment vis-à-vis de la biodiversité et des fonctions des écosystèmes) et les bénéfices de l’implantation de différentes espèces. L’outil permettra aussi de choisir des mesures de gestion appropriées pour atténuer les impacts néfastes potentiels, et de délimiter les zones dans lesquelles des espèces non indigènes peuvent être plantées ou les zones d’exclusion.
- Développer des cartes de risques basées sur des modèles de prévision de changement climatique, reprenant notamment les zones forestières, les forêts urbaines, l’interface périurbaine et les arbres urbains, permettant d’évaluer la propagation potentielle des différentes espèces non-indigènes. Des actions de sensibilisation à destination du public seront mises en place dans le cadre de ce volet, avec notamment une activité de science citoyenne qui permettra d’interroger les personnes et de compléter les informations sur les arbres urbains. Cette étape permettra de réaliser des cartes des futures voies d’espèces non-indigènes modélisée dans les Alpes et de fournir un outil de planification via une plateforme SIG interactive.
- Le transfert des connaissances aux utilisateurs finaux des outils, notamment à travers deux séminaires transnationaux et des ateliers au niveaux nationaux. Des actions pilotes seront déployées pour démontrer l’applicabilité transnationale de la démarche, en intégrant différentes parties prenantes (sylviculture, tourisme, environnement, aménagement…). Ces actions pilotes seront aussi l’occasion de tester les outils d’aide à la décision. Elles seront analysées et les enseignements seront capitalisés.
- Etablir une stratégie transnationale pour la prise de décision en matière d’espèces non-indigènes dans les Alpes. Celle-ci sera basée sur l'analyse des services écosystémiques fournis par ces espèces dans les zones urbaines, périurbaines et les forêts analysées, et sur l’analyse des mesures de confinement ou d’éradication pour les espèces envahissantes dangereuses. Des notes d’orientation destinées aux acteurs locaux souligneront les opportunités et les risques des espèces non-indigènes.
Le Contrat de Transition écologique du Massif des Maures
Dans le cadre de son contrat de transition écologique (CTE), le Massif des Maures dans le Var porte une attention particulière à la gestion durable des espaces forestiers, qui couvrent une majeure partie du territoire. Les forêts de la région serviront de démonstrateur pour le projet ALPTREES qui est intégré dans ce CTE.
Plusieurs parcelles expérimentales d’essences d’arbres exotiques non-indigènes ont été plantées dans le massif des Maures.
Le Cerema mènera l’évaluation de services écosystémiques apportés par la forêt alpine au niveau de l’espace alpin avec un focus sur le massif des Maures, sur les plans biophysique et économique, ainsi que l’identification des caractéristiques écologiques des espèces arborées non-indigènes et l’évaluation qualitative des services rendus par ces espèces [2]. Pour cela, les fiches sur les espèces d’arbres créées dans le cadre du projet SESAME destiné à sélectionner les espèces en ville en fonction de leurs caractéristiques vont être réutilisées et complétées.
L’objectif est d’améliorer la gestion de ces espèces non-indigènes, en tenant compte de leurs avantages ainsi que des risques, notamment liés à leur caractère invasif. Le projet permettra aussi d’étudier le comportement de ces espèces vis-à-vis du changement climatique en cours, dans l’optique d’une remontée des étages de végétation dans l’arc alpin.
Le Cerema sera également impliqué dans l’élaboration de la plateforme SIG, pour qu’elle réponde aux besoins des territoires, et dans le volet sensibilisation, à travers des formations et le partage des résultats du projet. Une conférence sera organisée lors de la Fête de la Nature 2020 dans le massif des Maures pour présenter les effets du changement climatique sur la forêt alpine et expliquer comment en gérer les impacts via la reforestation artificielle avec des essences exotiques.Un guide sur les enseignements tirés des retours d’expériences et actions pilotes sera réalisé pour diffuser les meilleures pratiques de gestion.
[1] Austrian Research Centre for Forests (AU, Lead partner), Municipial authorities of the provincial capital Klagenfurt on Lake Wörtherseeo E.C.O. Institut of ecology (AT), International Institute for Applied Systems Analysis (AT), The Forest Research Institute Baden-Wuerttemberg (FVA) (DE), Stadt Freiburg im Breisgau, Forstamt (DE), IRSTEA, institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, établissement public à caractère scientifique (FR), Cerema, Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement, établissement public à caractère administratif (FR), Slovenian Forestry institute (SI), Municipality of Maribor (SI), Slovenian Forst Service (Unit Maribor) (SI), Development agency Sora (SI), LAMORO Development Agency (IT), Department of Sustainable Agroecosystems and Bioresources, Fondazione Edmund Mach (IT), et la Comune di Trento (IT).
[2] Les observateurs français mobilisés par le Cerema pour le projet ALPTREES sont le pôle RDI d’Avignon de l’Office National des Forêts et l’association PROSILVA. De son coté l’INRAE, autre partenaire français du projet a mobilisé le pôle Alpin d’études et de recherche pour la prévention des risques naturels.
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