Les journées techniques acoustique et vibrations ont été organisées les 12 et 13 mai 2022 au Cerema à Bron. Les thématiques abordées, sous forme de courtes présentations, vont des sources sonores (bruit des transports, éolien, bruit de chantier…) à l’impact du bruit sur le vivant en passant par l’étude de la propagation acoustique dans le milieu considéré (environnement extérieur, bâtiment…).
Les approches présentées sont diversifiées, alliant approches expérimentales, modélisation et recherche vulgarisée.
Acoustique et bâtiment
Cette année, ces journées ont démarré par trois présentations liées à la thématique bâtiment avec des interventions sur les méthodes analytiques inverses pour le diagnostic acoustique des bâtiments existants, sur l'analyse du retour attestations acoustiques des bâtiments neufs, et aux matériaux biosourcés : développement d’un nouvel enrobé phonique "biosourcé" intégrant des granulats de liège.
Depuis plusieurs années, l’UMRAE (Unité mixte de recherche en acoustique de l'environnement qui réunit le Cerema et l'Université Gustave Eiffel) et l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) ont développé une étroite collaboration notamment dans le domaine de l’acoustique du bâtiment, principalement via le projet ACOUST.IA.
Celui-ci vise à radicalement simplifier et améliorer la précision du diagnostic acoustique des bâtiments. Des approches novatrices mêlant apprentissage supervisé, modélisation statistique, connaissances physiques, et traitement du signal audio seront développées pour pallier aux limites des méthodes manuelles et itératives utilisées aujourd’hui. Ces approches permettront de remonter automatiquement aux grandeurs influençant le champ sonore (absorption et diffusion des parois, volume de la salle...) à partir de mesures audio. Il s’agit d’un problème de physique inverse non-linéaire difficile et ouvert ce jour.
L’attestation acoustique est une obligation réglementaire consistant en la formalisation d’une démarche d’autocontrôle déjà appliquée dans le domaine thermique, elle a été introduite en 2013 en acoustique. En identifiant les différents points clefs d’une opération de construction de la phase étude à la phase réception, elle vise à améliorer la qualité acoustique des bâtiments considérée insatisfaisante (plus de 50 % d’opérations neuves présentent au moins une non-conformité).
Cette présentation a permis de faire un retour d’expérience sur son incidence dans l’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments et les pistes de progression.
La présentation concernant l’identification et l’évaluation de méthodes de modélisation d’enrobés phoniques est liée au projet DECOUSUR (Projet Durabilité et efficacité des couches de surfaces urbaines) porté par Limoges Métropole. Ce projet, qui vise le développement d’un enrobé phonique intégrant des granulats de liège, se divise en 2 axes. Il concerne le suivi, sur 3 ans, des propriétés mécaniques (Axe 1) et des propriétés acoustiques (Axe 2).
Le Cerema intervient pour l’axe 2 avec des mesures in situ réalisées avec la méthode CPX (Agence Clermont-Ferrand, pilote de l’opération), ainsi que des mesures en laboratoire et les modélisations des propriétés en absorption acoustique réalisées par l’UMRAE Strasbourg.
Acoustique et transports
La thématique bruits de transports a ensuite été développée avec des présentations sur la gêne sonore due aux bruits de transport et de chantier (protocole de mesure et indicateur de gêne sonore, méthode de sommation des différentes gênes sonores) [3, 4], de travaux plus ciblés liés au bruit ferroviaire (aspects réglementaires des pics d’émission, audit du projet du métro de Surat en Inde [5], émission sonore des tramway selon le modèle CNOSSOS [6]) ou via l’aspect protection des riverains (écrans bas acoustiques).
La nouvelle méthode commune européenne CNOSSOS-EU doit dorénavant être utilisée pour la cartographie stratégique du bruit, conformément à la directive 2002/49/CE. Pour l'évaluation des émissions sonores ferroviaires, la méthode requiert un niveau de description plus détaillé que la NMPB08 (rugosités roue/rail et fonctions de transfert voie/véhicule pour le bruit de roulement, puissance pour le bruit de traction).
En ce qui concerne le ferroviaire lourd, les opérateurs nationaux disposent d'une grande quantité de données expérimentales et de modèles pour évaluer ces paramètres d'entrée. Ce n'est pas le cas pour les réseaux de tramway, pour lesquels peu d'études ou de mesures existent.
La présentation décrit la procédure utilisée pour identifier les paramètres requis pour les réseaux de tramway de Lyon et de Strasbourg. Les données obtenues sont comparées aux valeurs par défaut de la méthode CNOSSOS. Le Cerema a notamment piloté la campagne de mesure sur le réseau de Strasbourg.
Ces JTAV 2022 ont été l’occasion de présenter l’expérimentation en cours sur les dispositifs de contrôle automatique du bruit, les "radars sonores".
L’objectif de ces appareils est notamment de lutter contre les véhicules débridés qui représentent une des nuisances sonores les plus citées par les français. Le Cerema accompagne les industriels dans l’élaboration du cahier des charges fonctionnel de leurs matériels, pour le Ministère de la Transition Écologique.
Les différentes campagnes d’essais, sur piste et en condition réelle ont été présentées mais l’analyse des performances des dispositifs est encore en cours. La prochaine étape est l’homologation métrologique des matériels avant de pouvoir lancer les phases de verbalisation.
Cette thématique a été conclue par une visite du site d’expérimentation de ce dispositif à Bron, où l’industriel concerné a pu présenter le fonctionnement de son prototype.
Acoustique en extérieur et éoliennes
La propagation en milieu extérieur et le bruit des éoliennes ont également été les grandes thématiques de ces journées, notamment la problématique des effets de sol (projet MAMBO).
Concernant l’éolien, les avancées du projet PIBE ont été présentées, ainsi que le nouveau protocole réglementaire de réception acoustique d’un parc éolien et une approche analytique (NMF) permettant d’estimer l’émergence sonore des éoliennes. Pour finir, les effets météorologiques sur le bruit éolien ont également été soulignés (influence de la turbulence atmosphérique).
Concernant la propagation en milieu extérieur, on peut souligner la présentation relative au couplage des bases Plamade et Noisemodelling, outil permettant de produire des cartes de bruit environnemental de façon automatique à l’échelle de la France. En complément, les avancées du modèle utilisé pour la propagation en milieu boisé (TLM) et une étude expérimentale liée au projet BOREE ont été présentées.
Ces JTAV 2022, comme celles des années précédentes, ont été enrichissantes avec un retour très positif de la part de tous les participants. L’ensemble des présentations sont visibles sont le site des JTAV [12] ainsi que celles des années précédentes. Nous vous attendons tous aux JTAV 2023 qui seront organisées par le Cerema d’Aix en Provence.