L’appel à projet "Repenser la périphérie commerciale" (AAP RPC) a été lancé en 2017 par la Direction de l’habitat, de l’urbanisme, et des paysages (DHUP) pour le compte du Ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales. Six collectivités ont été lauréates pour leur projet de requalification d’entrée de ville et de périphéries commerciales :
- La Communauté de Communes Thiers Dore Montagne sur un projet pour la ville de Thiers (63) ;
- Limoges Métropole sur un projet pour les communes de Limoges et Feytiat (87) ;
- La commune de St-Pierre (974, Réunion) ;
- L’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (78) ;
- La commune de Montigny-lès-Cormeilles (95) ;
- Aix Marseille Provence Métropole (13)
Le Cerema a accompagné la démarche, depuis la préparation du cahier des charges de l’appel à projets jusqu'au suivi des six collectivités lauréates.
Principaux enseignements de l'appel à projets
L'accompagnement de ces territoires a permis d'identifier 3 problématiques majeures rencontrées dans les opérations de requalification des périphéries commerciales et des entrées de ville :
1. L’aspect architectural et paysager:
L'aspect esthétique de ces espaces est questionné par l'ensemble des acteurs. Il y a donc ici un enjeu à les requalifier sur ce plan ainsi que de les réintégrer à la ville.
2. L'environnement :
Il existe une forte marge de progrès en termes de résilience : imperméabilisation des sols, pollution atmosphérique par l’usage de la voiture individuelle, consommation d’énergie importante, ou encore érosion de la biodiversité.
L’enjeu de la sobriété foncière et énergétique se pose d’autant plus fortement que la loi Climat et Résilience impose la Zéro Artificialisation Nette (ZAN) pour 2050.
3. Le dynamisme et l'attractivité économique
La dernière catégorie recoupe les problématiques d’ordre économique et territoriale. Les entrées de ville connaissent aujourd’hui un phénomène d’enfrichement des locaux d’activité, davantage marqué dans les villes moyennes (entre 20 et 100 mille habitants au sens de l’Insee). Il y a donc un enjeu à redonner une fonction urbaine et économique pérenne à ces espaces.
Les enseignements à tirer de cette analyse peuvent inspirer d'autres projets de requalification des entrées de ville en France.
Les perspectives établies pour accompagner la mutation des entrées de ville commerciales dans le cadre du programme Action Coeur de Ville 2 notamment à partir de 2023 montrent que la revitalisation des centres-villes et la mutation des périphéries commerciales se rejoignent et nécessitent une action publique coordonnée dans le cadre d’un projet de territoire global.
Le retour d'expérience des lauréats
Les cinq projets lauréats sont très engagés dans l’enjeu de la réintégration et reconnexion de l’entrée de ville à la commune:
Par ailleurs, les collectivités rencontrent la difficulté de la pression et raréfaction du foncier sur leur territoire, ce qui freine le développement de certaines zones commerciales. Pour autant, une tendance semble se dégager : la mobilisation des EPF pour assurer le portage foncier et ainsi permettre à la collectivité de ne pas s’endetter. Pour renouveler la fonction urbaine de la zone d’activité, les lauréats ont utilisé la mixité fonctionnelle. Elle permet en effet de faire face à la perte de dynamisme d’une activité et/ou fonction par le bon fonctionnement d’une autre.
La mixité fonctionnelle est une première réponse à la monofonctionnalité des entrées de ville commerciales. Elle se présente alors sous différentes formes dans les projets. Pendant que certains souhaitent la réaliser à l’échelle de l’immeuble (commerce/ habitat), d’autres juxtaposent les fonctions urbaines. Enfin, certains préfèrent la mise en
place d’une mixité entre différentes catégories d’activités économiques.
En vue de changer la destination urbaine d’un espace de la ville, la gouvernance est primordiale afin que les élus soient en mesure de porter le projet sur le temps long. Les outils réglementaires sont alors une ressource à mobiliser.
Les collectivités font également face à des difficultés financières pour soutenir les projets de requalification.
Un manque de portage politique fort ou une impossibilité de dialoguer avec les acteurs économiques du site est également une difficulté pour la bonne réalisation d’un projet.