Cet article fait partie du dossier : Réglementation Environnementale 2020 : réduire l’impact carbone des bâtiments neufs (Dossier RE2020)
Voir les 19 actualités liées à ce dossierA l'approche de la publication de la RE2020, le Cerema souhaite apporter un éclairage technique auprès des acteurs de la construction sur les évolutions et les apports de cette nouvelle réglementation. Le présent article offre un décryptage de la prise en compte du confort d’été de la RE2020, les textes n'étant pas encore publiés, les éléments présents pourront être amenés à évoluer en fonction des échanges encore en cours. En tant que partie prenante à la définition de cette nouvelle réglementation, le Cerema accompagne les professionnels à travers des publications et des formations.
UNE NOUVELLE EXIGENCE POUR AMÉLIORER LE CONFORT EN ÉtÉ DES BâTIMENTS
La RE2020 présente une évolution importante sur le thème du confort d’été. La Tic (Température Intérieure Conventionnelle), indicateur réglementaire de la RT2012, est supprimé : les retours d’expérience indiquent que cet indicateur n’est souvent pas assez corrélé avec l’inconfort perçu par les occupants.
Ainsi la RE2020 introduit un nouvel indicateur, les degrés-heures d’inconfort (DH), avec une nouvelle méthode de calcul qui prend en compte les effets du changement climatique sur les bâtiments, à savoir l’évolution des températures à venir, et notamment les vagues de chaleur qui vont devenir plus fréquentes, plus intenses et plus longues.
Qu’est-ce qu’un degré ressenti inconfortable en confort d’été ?
La RE2020 définit 2 seuils que la température intérieure au bâtiment ne doit pas dépasser pour éviter tout inconfort :
- La nuit, le seuil de température est de 26°C
- Le jour, un seuil de température adaptatif qui se situe entre 26° et 28°C
Au-delà de ces seuils, chaque degré du bâtiment est considéré comme inconfortable pour l’occupant. Le jour ce seuil est constant mais pas forcément identique à celui de la journée précédente. Il varie d’une journée à l’autre pour prendre en compte la capacité du corps humain à s’adapter aux températures élevées après une succession de journées chaudes, dans la limite de +2°C par rapport au seuil consensuel de 26°C. L’indicateur DH prend donc en compte les conditions climatiques des journées passées, il permet de proposer un niveau de confort relatif et donc plus proche de ce qui est effectivement ressenti par les habitants.
Exemple
Si sur une période où les conditions météorologiques étaient agréables, survient une élévation des températures supérieure à 26 °C, l’évènement sera mal supporté, il n’y aura donc pas d’adaptation du seuil de calcul. La méthode de calcul de la RE2020 maintiendra son seuil d’inconfort en journée à 26°C.
A l’inverse, après une succession de journées chaudes, nous avons la capacité à mieux supporter la chaleur, la méthode de calcul de la RE2020 traduira cette capacité d’adaptation du corps humain par une élévation du seuil de calcul de 26°C de +0 à +2°C suivant les températures subies. L’élévation de ce seuil est déterminée par les algorithmes de calculs de la RE2020 qui retranscrivent la norme NF 15 251 sur le confort adaptatif, ce calcul est transparent pour l’utilisateur et réalisé avec un logiciel de calcul réglementaire.
La RE2020 module ainsi le seuil de calcul pour la journée, le seuil de calcul pour la nuit n’est jamais modulé et toujours égal à 26°C (le phénomène d’adaptation n’a pas lieu la nuit).
Ci-dessous le calcul des degrés ressentis inconfortables pour 6 configurations :
Les DH sont la somme des degrés ressentis inconfortables de chaque heure pour chaque jour de l’année. Si ce compteur ne dépasse pas 350 °C.h, la RE2020 juge le bâtiment confortable même en période caniculaire sans système de refroidissement complémentaire.
QUELS LEVIERS METTRE EN ŒUVRE POUR RESPECTER LES EXIGENCES DE CONFORT D’ÉtÉ ?
En été, la stratégie de conception aura pour objectif de minimiser les apports en énergie et de dissiper la chaleur. Les principales clés sont la mise en œuvre de protections solaires ou de végétalisations caduques au Sud, la ventilation nocturne pour évacuer la chaleur accumulée et l’inertie du bâtiment : la chaleur sera stockée dans la masse interne du bâtiment sans augmentation sensible de température, cette énergie sera déstockée la nuit grâce à la ventilation nocturne.
Par exemple, l'installation de protections solaires mobiles persiennées permet de protéger parfaitement l'habitation des apports solaires en position fermée, tout en laissant entrer la lumière naturelle. La nuit ces protections permettent également de protéger l'habitation contre l'effraction. De plus, en maintenant les baies vitrées ouvertes, elles permettent une bonne ventilation nocturne car elles n'entravent pas le flux d'air.
Des éléments de protections solaires rapportés à la façade sont également bénéfiques, leur position fixe permet en toute circonstance de fournir une protection minimale des rayonnements du soleil L’avantage des éléments fixe de façade est qu’il ne nécessite aucune gestion de la part de l’occupant.
Au-delà de ces réflexions des équipements éprouvés comme, les brasseurs d'air qui permettent de faire baisser la température ressentie de 2-3°C ou les puits climatiques, qui mettent à profils la fraicheur du sol en toute circonstance, sont des systèmes que la RE2020 prend en compte et valorise dans le calcul réglementaire conventionnel.
Dans le dossier Réglementation Environnementale 2020 : réduire l’impact carbone des bâtiments neufs (Dossier RE2020)