Il n’est pas toujours évident pour l’aménageur de quantifier et de localiser le nombre d’aires de livraison à implanter. Pourtant, que ce soit pour répondre à des demandes individuelles (de commerçants par exemple) ou dans le cadre d’une requalification de voirie, il est nécessaire de savoir estimer le besoin en aires de livraison.
Faire un relevé du tissu industriel et commercial
Les enquêtes sur le transport de marchandises réalisées dans plusieurs agglomérations ont permis de mettre en évidence que le nombre de mouvements de marchandises générés par un établissement commercial ou tertiaire dépend du nombre d’emplois et de l’activité de l’établissement. En prenant en compte la taille moyenne des établissements selon leur activité, il est possible de définir le nombre de mouvements moyen générés par cette activité. Ainsi, un établissement de commerce de gros (« grossiste ») compte en moyenne 6,2 salariés et génère 3,5 mouvements par emploi et par semaine. On en déduit donc un ratio moyen de 21,7 mouvements générés par semaine pour un établissement de ce type.
Connaissant ces ratios, l’aménageur peut établir le nombre de mouvements de marchandises générés sur le secteur considéré en effectuant un relevé de la typologie industrielle et commerciale.
Il convient toutefois de prendre quelques précautions :
- les établissements bancaires ne sont pas pris en compte car ils disposent généralement d’un emplacement réservé. À titre d’information, une banque génère en moyenne 20 mouvements de marchandises par semaine ;
- les pharmacies font l’objet de livraisons fréquentes dans la journée mais ces livraisons sont généralement de courte durée (2 minutes). Il n’est donc pas toujours nécessaire de les prendre en compte, les aires de livraison n’étant que peu utilisées pour des arrêts aussi courts ;
- Les commerces disposant d’une surface de vente supérieure à 400 m² génèrent énormément de mouvements de marchandises (plus de 80 par semaine). Ils doivent donc faire l’objet d’une réflexion spécifique sachant qu’il est souvent plus indiqué de leur demander de traiter la question des livraisons sur leur propre emprise plutôt que sur la voirie publique.
Choisir un périmètre de travail cohérent avec les pratiques professionnelles
Le relevé de la typologie industrielle et commerciale doit se faire sur un périmètre cohérent d’un point de vue des livraisons. Ce périmètre doit tenir compte des pratiques et des contraintes des chauffeurs-livreurs. Ces derniers n’utilisent pas une aire de livraison si elle entraîne une perte de temps, modifie leur plan de tournée, complexifie la manutention des marchandises ou oblige à réaliser une manœuvre dangereuse.
Deux éléments doivent donc être gardés en mémoire. D’une part, les chauffeurs-livreurs n’iront généralement pas s’arrêter sur une aire de livraison si elle se situe à plus de 50 mètres du commerce qu’ils doivent livrer. D’autre part, il faut éviter, dans la mesure du possible, de les faire traverser une rue.
Déterminer le nombre d’aires à implanter
La demande la plus forte de la journée en termes de mouvements de marchandises est entre 9h et 12h, période durant laquelle se déroule la moitié des livraisons ou enlèvements. Une aire de livraison permet de traiter en moyenne 3 livraisons par heure et donc 9 livraisons durant cette période. En une semaine, elle permet donc de traiter 45 livraisons entre 9h et 12h.
Sur le secteur considéré, si le nombre de mouvements hebdomadaires atteint 90, on sait donc que la moitié (45) aura lieu entre 9h et 12h et qu’une aire de livraison sera utilisée à son plein potentiel. Ainsi, le nombre théorique d’aires de livraison peut être obtenu en additionnant les mouvements hebdomadaires générés par chacun des établissements puis en divisant par 90.
En pratique, on peut retenir que l’implantation d’une première aire de livraison peut se faire dès 50 mouvements hebdomadaires (une 2e pour 150, 3e pour 250…).
Ce résultat n’est qu’une première approche et doit ensuite être mis en perspective en fonction du terrain, de la proximité d’autres aires de livraisons, des pratiques d’aménagements locales, de la réglementation… Ainsi, si les livraisons ne sont autorisées qu’entre 9h et 12h comme c’est le cas dans certains centres-villes, une aire de livraison ne sera utilisée que pendant cette période et ne permettra de traiter que 45 livraisons par semaine. Il faut donc prévoir deux fois plus d’aires de livraison que sur un secteur sans restriction horaire.