Quels besoins des territoires pour mieux faire face aux risques ?
Le séminaire « Résilience urbaine et sécurité des territoires » s’est tenu à Lyon les 19 et 20 octobre 2017. Organisé par le Cerema sous l’égide du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES), Service défense, sécurité et intelligence économique (SDSIE), il visait à structurer une réflexion collective sur les différentes façons dont un territoire peut être perturbé et sur les besoins en matière de politiques publiques, d’ingénierie, de recherches et de formation, en dépassant les traitements sectoriels et spécialisés des risques.
Différentes situations types de crise avaient été identifiées par l’équipe-projet qui a travaillé à l'organisation du séminaire, à partir de cas réels : territoires affectés localement par un choc, grands territoires affectés par un aléa étendant progressivement ses effets, système urbain fragilisé par un aléa mal défini, territoire affecté par la mise hors service d’une ou plusieurs infrastructures critiques. Cette approche simplifie la réalité : les situations réelles sont toujours des cas uniques, rappelant plus ou moins l’une ou l’autre des situations-types précitées.
L’accent a été mis sur les processus liés à l’urbanisation qui, sans pouvoir eux-mêmes être qualifiés d’aléas, accentuent les effets des crises, se conjuguant parfois à d’autres facteurs évolutifs plus globaux comme ceux liés au changement climatique.
Une boite à outils est nécessaire pour répondre aux défis de la complexité. Le séminaire a traité des modes de réponses à promouvoir :
- construction d’une stratégie de réponse dans une situation de danger imminent à forts enjeux urbains,
- modélisations (possibilités et limites, temporalités d’utilisation),
- mobilisation des acteurs et inscription des processus lents dommageables dans l’agenda de la prévention des crises.
Les premiers besoins identifiés par les participants au séminaire portent sur le développement d’une culture collective associée à un lexique partagé, la mise en relation territoriale des acteurs, la mobilisation des possibilités offertes par le numérique. C’est un véritable cadre de référence pour avancer dans la résilience aux crises que les experts ont ébauché comme un appel à des développements futurs ouverts largement à tous.
Un cadre de référence pour des solutions résilientes
Après le compte-rendu de la table-ronde introductive, les actes du colloque expliquent le contexte de la démarche "Résilience urbaine et sécurité des territoires" et la démarche d'amplification qui a suivi afin de produire un cadre de référence pour développer la résilience urbaine, en contrepoint de la gestion de crise.
Puis, il présente les deux grandes séquences du séminaire:
- La séquence A, qui traitait de la façon de regrouper les situations complexes rencontrées en configurations typées pour établir des clés de compréhension attachées à chacune en matière de résilience. Quatre exemples avec des configurations différentes ont été abordés :
- Système urbain localement affecté par un choc produit par un aléa naturel ou technologique, d’origine naturelle ou anthropique
- Bassins étendus de vie et d’activités susceptibles d’être fortement impactées par un aléa d’effet progressif.
- Territoire confronté à un aléa mal identifié posant les questions de la précaution, plus que celle de la gestion d’un risque, et des effets systémiques potentiellement générés par les mesures prises.
- Territoire affecté par la mise hors service d’une ou plusieurs infrastructure(s) vitale(s).
- La séquence B, au sujet des modes de réponse mobilisables pour mieux répondre à chaque configuration typée. Quatre types de réponses ont été définis pour faire face aux configurations envisagées lors de la première séquence:
- Construction d’une réponse urbaine à un aléa annoncé ou à un danger imminent dans une situation de forts enjeux, réponse pouvant mobiliser des options d’apparence contradictoire ou contre-intuitives.
- Modélisations et réponses numériques : possibilités et limites ; temporalités d’utilisation.
- Capacité de mobilisation collective des acteurs.
- Inscrire les processus lents dommageables dans l’agenda de la prévention des crises.
Le Cerema, impliqué de longue date dans les travaux sur la résilience des territoires
Depuis plusieurs années déjà, le Cerema promeut la résilience comme mode d’action permettant d’accompagner les territoires en transition écologique. Les premiers travaux développés sur la résilience des territoires l’ont été sous l’égide du Commissariat Général au Développement Durable dans le cadre du projet « villes, et territoires résilients ».
Ils se sont ensuite poursuivis sous l’égide du Secrétariat Général dans un cadre international (travaux collaboratifs franco-indonésien et franco-allemand) et, en France, au titre de l’anticipation des crises et de leurs effets.
Ces travaux ont mis en évidence l’intérêt non seulement de prévenir les effets des catastrophes, mais aussi plus fondamentalement d’anticiper les perturbations pouvant affecter les territoires. Ces perturbations sont souvent d’origine et de natures très différentes. Elles peuvent résulter de phénomènes naturels ou d’accidents technologiques, de mutations économiques ou sociales, de transformations de l’environnement comme celles induites par le changement climatique. Elles peuvent prendre la forme de chocs brutaux et inattendus, aux effets très circonscrits dans le temps et dans l’espace ou, à l’inverse, être progressives et affecter durablement des grands espaces urbanisés.
Le rapprochement de ces situations très contrastées permet de mieux comprendre les ressorts de la résilience sachant que ceux-ci peuvent fortement différer d’une configuration à l’autre. Il convient également de travailler sur les réponses anticipées qui peuvent être apportées aux situations de risque ou de crise qui éprouvent les dispositifs conventionnels complexes.
En clarifiant ces questions, le séminaire organisé par le Cerema sous l’égide du Service Défense, Sécurité et Intelligence économique (SDSIE) contribue à l’objectif de sécurité globale des territoires. Le travail collectif mené par l’équipeprojet et par la quarantaine d’experts réunis à Lyon les 19 et 20 octobre 2017 démontre qu’il est possible de décloisonner les approches sectorisées pour répondre aux situations complexes générées par des perturbations du système urbain.