Réalisé à l'issue d'un travail commun à la demande de la Direction Générale de la prévention des Risques (DGPR) du ministère de la Transition écologique et solidaire, ce guide a pour objectif d'aider les acteurs de l’aménagement du territoire et de la construction en leur fournissant des clés de compréhension du phénomène et une méthode d'évaluation de l'aléa karstique à l'échelle d'une commune ou de plusieurs communes.
Gildas Noury, ingénieur chercheur en risques naturels, géologiques et géotechniques au BRGM et Emeric Védie, responsable de l'activité risques naturels terrestres au Cerema, présentent les enjeux et les grandes lignes de la méthode dans une interview:
Bonjour, pourquoi le Cerema et le BRGM ont-ils rédigé ce guide et à qui est-il destiné ?
Emeric Védie (Cerema) : Dans le cadre du Plan National Cavités piloté par la Direction Générale de la Prévention des Risques (MTES), il a été mis en évidence une certaine méconnaissance de la répartition du risque mouvements de terrain lié à la présence de cavités naturelles, dites karstiques sur le territoire français. Ce constat tient notamment du fait que la qualification de cet aléa était jusque-là dépourvue de méthodologie. Or, des affaissements et des effondrements liés au karst peuvent se produire sur près de 40 % du territoire français et menacer la sécurité des biens et des personnes vivant au droit ou à proximité de ces cavités.
En conséquence, le Cerema et le BRGM se sont associés pour partager leurs pratiques et proposer une méthodologie commune et partagée d’évaluation de l’aléa mouvements de terrain d’origine karstique.
Gildas Noury (BRGM) : Le guide "Aléa mouvements de terrain d'origine karstique en contexte carbonaté" vise ainsi à aider les acteurs de l’aménagement du territoire et de la construction à répondre à cette problématique en tenant compte de ce risque. Il s’adresse donc à la fois aux experts en charge de l’élaboration des cartographies de l’aléa (les bureaux d’études et les opérateurs publics) et aux maitres d’ouvrages (Etat, collectivités, EPCI) déclenchant et pilotant des actions d’amélioration de la connaissance sur leur territoire. Ces actions peuvent être menées dans le cadre de Porté à connaissance (PAC), de Plan de Prévention des Risques Naturels (PPRN) ou encore d’études spécifiques de sécurisation.
Gildas Noury (BRGM) : En disposant aujourd’hui de ce guide méthodologique de qualification de l’aléa, les opérateurs privés et publics vont pouvoir accompagner Etat, collectivités et EPCI dans la mise en œuvre de cette approche cartographique et permettre aux acteurs du territoire d’améliorer leur connaissance du risque lié à la présence des cavités naturelles.
Le guide :
Quelles sont les connaissances qu'apporte le guide ?
Gildas Noury (BRGM) : Se prémunir du risque karstique nécessite de bien connaître les phénomènes en cause et d’identifier l’ensemble des paramètres impliqués dans le déclenchement des instabilités, y compris en tenant compte de l’évolution climatique en cours. Elaboré par le BRGM et le Cerema, ce document fournit les indispensables repères géologique et géotechniques pour comprendre les processus à l’origine de ces mouvements de terrain.
Il propose également une méthode multicritères accompagnée par des exemples pour évaluer et cartographier cet aléa de manière prédictive et ainsi soutenir les réflexions locales d'urbanisme en matière de prévention du risque karstique.
Comment a été élaborée la méthodologie de qualification de l’aléa ?
Emeric Védie (Cerema) : Forts d’une solide expérience, à la fois dans la qualification des risques naturels terrestres et dans la caractérisation des contextes karstiques, le Cerema et le BRGM ont étroitement collaboré pour définir une méthodologie commune, robuste et pertinente pour appréhender cette thématique. Pour cela, il a été proposé dans un premier temps de définir les différentes typologies de karsts dans le but de présenter les facteurs déclenchants des instabilités et de mettre en évidence les multiples processus pouvant survenir sur ces territoires.
L’approche méthodologique élaborée consiste, pour un territoire donné, à analyser sa configuration locale en focalisant la réflexion sur les critères de déclenchement rattachés à trois grandes "familles" : la sensibilité du calcaire (le substratum), le comportement des terrains de surface (la couverture) et le rôle des eaux (l'hydrodynamisme). Par application de cette approche multi-critères, il est ainsi désormais possible de qualifier l’aléa selon le ou les processus concernés et de proposer d’ores et déjà des recommandations visant à limiter ou supprimer l’impact de certains critères comme la gestion des eaux de surface par exemple (rejets pluviaux notamment).
Quelles seront les prochaines actions en matière de risque karstique ?
Emeric Védie (Cerema) : Le travail porte désormais sur la prise en compte de cette connaissance (vers une bonne utilisation de l’aléa) et sur les leviers techniques et réglementaires à activer pour améliorer la prévention et la gestion du risque karstique.
Le guide est disponible sur CeremaDoc :