18 octobre 2019
Secondesk Neuilly 7
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En fort développement depuis une quinzaine d'années, les espaces de coworking sont supposés jouer un rôle écologique important en rapprochant les lieux de travail de leurs usagers et donc, en limitant les déplacements de ces derniers. Qu'en est-il réellement ? Une enquête menée en 2017 par le Cerema apporte des éclairages sur ce point.

Depuis quelques années, les espaces de coworking et autres tiers-lieux dédiés au travail se multiplient sur le territoire français. Parmi les ambitions qui concourent à cet essor se trouve la réduction de la demande de mobilité. Mais qu’en est-il vraiment ? De quelle manière les espaces de coworking font-ils évoluer les pratiques de mobilité de ceux qui les fréquentent ? Que peut-on réellement attendre de ces espaces en matière de mobilité ? Le Cerema, en appui à la Direction générale des infrastructures de transport et de la mer (DGITM), a questionné les liens entre ces espaces et la mobilité quotidienne, qui font souvent l’objet d’affirmations peu étayées.

Pour apporter des éléments de réponse, outre un travail de revue de littérature et d’entretiens d’acteurs, le Cerema a réalisé des enquêtes auprès d’usagers d’espaces de coworking au printemps 2017 (cf. infra), afin d’appréhender l’évolution de leurs pratiques de mobilité. Ces enquêtes quantitatives et qualitatives ont porté sur des espaces de coworking aux localisations diversifiées (quartiers centraux ou périphériques de métropoles, villes moyennes, espaces périurbains).

Parmi les principaux enseignements de ces enquêtes, on peut retenir les résultats suivants :

  • si les usagers des espaces de coworking présentent des profils variés, les travailleurs indépendants et les auto-entrepreneurs sont dominants par rapport aux salariés en télétravail ;
  • de ce fait, la réduction des déplacements est rarement une raison essentielle dans le choix de fréquenter un espace de coworking. Ce choix apparaît d’abord motivé par l’envie de rompre avec un certain isolement et par la recherche d’interactions sociales et professionnelles ;
  • les utilisateurs travaillant auparavant en entreprise ont en général réduit les kilomètres parcourus pour aller travailler, ce qui a également pu occasionner du report modal vers la marche, le vélo ou le transport collectif ;
  • pour ceux qui travaillaient auparavant à domicile, le coworking a certes engendré des déplacements supplémentaires pour aller travailler, mais cette mobilité nouvelle s’est souvent accompagnée de stratégies d’optimisation dans l’organisation de leurs déplacements (en regroupant ou en enchaînant davantage les déplacements) ;
  • en ce qui concerne les modes de transport utilisés pour accéder aux espaces de coworking, on retrouve une distinction nette selon les contextes territoriaux : dans les espaces périphériques et périurbains, la voiture reste le mode d’accès principal, avec cependant des distances qui demeurent généralement limitées (inférieures à 15 km dans la plupart des cas) ; dans les centres urbains, les modes actifs dominent, suivis des transports collectifs, en raison notamment de la proximité entre le domicile et l’espace de coworking.

Il en ressort que le bilan des effets de la pratique du coworking sur la mobilité quotidienne reste globalement mitigé. Pour autant, le soutien à leur développement peut aussi se justifier par d’autres motivations tout aussi légitimes : développement économique, innovation, revitalisation des territoires…