27 septembre 2018
Vue de l'abbatiale et des pieds de colonnes de la nef de l'église du XVIIè siècle
Dans le cadre d’un projet d’aménagement prévu pour améliorer l’accessibilité de l’abbaye du Bec-Hellouin, un monastère bénédictin qui faisait partie des plus grands établissements religieux de la Normandie médiévale, et toujours habité actuellement, la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) a commandé au Cerema une prospection géophysique de la proche surface qui a permis de faire une exceptionnelle découverte : l’existence d’une abbatiale romane du XIè siècle.
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Actualité de l'Equipe projet de recherche ENDSUM : Évaluation Non Destructive des StrUctures et des Matériaux
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Afin de mettre en valeur l’abbaye du Bec-Hellouin, ses importants vestiges, les bâtiments, les paysages, et pour faciliter l’accès aux personnes handicapées, l’Etat a préconisé une réorganisation  complète de l’accès et  des circulations intérieures. C’est dans ce contexte que la DRAC a fait appel au Cerema pour évaluer l’impact des travaux projetés sur les éventuels vestiges archéologiques présents dans le sol, et pour relocaliser l’emprise exacte des églises des XIIIè et XVIIè siècle connue par des textes et des archives historiques.

Durant le printemps 2014, le Cerema a mené une campagne de prospection géophysique de la proche surface à l’aide de différentes techniques, dans les cinq premiers mètres de profondeur afin de localiser les traces anthropiques (zones de remblai, fondations, murs, vides…) relatives aux différents édifices qui ont été construits et/ou détruits sur le site. La zone prospectée était d’environ 6000 m².

Des méthodes de reconnaissance géophysique

Pour mener son étude, le Cerema a utilisé :

  • Un radar impulsionnel muni d’un réseau d’antennes posées au sol, basé sur l’émission et la réception d’impulsions électromagnétiques de très courte durée. Dans son principe et sa représentation, la méthode radar est très similaire aux résultats issus des méthodes sismiques, échographiques et sonar.
  • Le magnétisme terrestre, technique qui consiste à enregistrer le champ magnétique terrestre au-dessus de la surface prospectée et ses perturbations induites par les matériaux du sous-sol. Cette méthode est très utilisée en archéologie.
  • L’imagerie de résistivité électrique dont le principe repose sur l’injection d’un courant dans le sol avec deux électrodes le long d’un profil sur la mesure du potentiel électrique avec deux autres électrodes.
Coupe radar superposée à la vue aérienne. En bleu clair se dessine les fondations d'anciens murs et bâtiments, dont l'église romane (encadré en pointillés blancs)
Coupe radar superposée à la vue aérienne. En bleu clair se dessine les fondations d'anciens murs et bâtiments, dont l'église romane (encadré en pointillés blancs)

La découverte de l’abbatiale

Les études ont fait apparaître les structures connues relatives aux églises et constructions postérieures au XIIIè siècle. Mais la grande surprise fut de voir se dessiner les plans d’une église romane, en particulier son abside, située exactement sur la nef des églises postérieures. Si son existence était connue, ni les archives, ni les fouilles antérieures n’en précisaient la localisation et l’étendue. 

Ce n’est qu’en septembre 2017 que les résultats des fouilles archéologiques menées par la mission archéologique départementale de l’Eure (MADE) ont permis de confirmer cette découverte. Ces fouilles ont aussi apporté des éléments historiques très précis sur les différentes étapes et matériaux de construction (salle du chapitre du XIIè siècle, murs et croisées d’ogives de l’église effondrée au XIXè siècle…)

Ainsi, si les méthodes géophysiques de subsurface ne peuvent se substituer à une fouille archéologique, elles sont un préalable particulièrement adapté à une première reconnaissance d’ensemble qui a permis ici de mieux appréhender les différentes abbatiales précurseurs de l’actuelle abbaye du Bec-Hellouin.

 

Des perspectives prometteuses

Cette étude montre l’intérêt de développer et d’appliquer des méthodes de prospection géophysiques appliquées au patrimoine bâti. Ces techniques, non destructives pour le substrat archéologique, sont tout à fait pertinentes à l’acquisition de connaissances pour les architectures subsistant partiellement. Elles permettent, par exemple, de reconnaître l’étendue de murs détruits en surface ou de détecter la présence de cavités.

Une autre voie de développement de la prospection géophysique apparaît pour le contrôle des ouvrages de maçonnerie en élévation. Il est en effet possible de sonder de manière non destructive des murs ou des voûtes afin de discerner des différences de matériaux : mortier, pierres, bois, métal, ou représenter la présence de vides ou de fissures internes. Ces capacités restent encore à expérimenter et à développer.

 

Contact

Paul-Franck Thérain - Direction régionale des affaires culturelles de Normandie

Mission communication du Cerema Normandie-Centre

Cyrille Fauchard, équipe de recherche ENDSUM


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