Cet article fait partie du dossier : Le Cerema auprès des bâtiments de l’État dans le cadre du Challenge d’économies d’énergie de l’État
Voir les 5 actualités liées à ce dossierPour faire des économies d’énergie dans les bâtiments, le Cerema recommande et accompagne des démarches qui prennent en compte les usages et en impliquant les occupants. Se limiter à des actions techniques, des modifications, des travaux sur le bâtiment n’est pas suffisant :
- Il est essentiel de prendre en compte les besoins des occupants pour ne pas aller à l’encontre de leur activité professionnelle et de dégrader leur confort, au risque de faire face à un rejet de la démarche.
- Les actions techniques ont leurs limites. Ces dernières peuvent être dépassées par la prise en compte des occupants : contribution au diagnostic, idées nouvelles, remontées d’information, action plus fine que celle prévue par les paramétrages automatiques…
- Les bénéfices issus de l’intégration des occupants à la démarche dépassent les économies d’énergie : développement d’un sentiment de responsabilité vis-à-vis du bâtiment, convivialité accrue par l’engagement collectif, diffusion des nouvelles pratiques vers le domicile…
Rendre les occupants acteurs du changement est primordial : si l’information est incontournable, elle ne suffit pas à faire changer les pratiques. Plus un occupant est intégré dans une démarche, plus il y a de chances que ses pratiques soient modifiées dans la durée.
Comment mettre en place une telle démarche ? Voici quelques points de méthode, à adapter en fonction du contexte de chaque administration, ou équipement public. La méthodologie complète est à retrouver sur Expertises.Territoires et dans les modules 3 et 7 de la formation Mentor dédiée.
Organiser la démarche
En premier lieu, il est nécessaire de mettre en place le pilotage et l’organisation de la démarche, qui doit être adaptée à chaque structure :
Le comité de pilotage
Il suit la démarche et valide les actions, définit le budget et les « règles du jeu ». Il doit refléter l’ensemble des entités présentes sur le site et être piloté au plus haut niveau afin d’avoir la légitimité nécessaire.
L'équipe projet
Elle met en œuvre la démarche. Selon la taille de l’organisation concernée, il peut y en avoir une ou plusieurs (pour chaque site). Une attention doit être portée sur le choix du chef de projet qui doit avoir une légitimité et un savoir-être en adéquation avec la fonction (dynamisme, ouverture d’esprit, diplomatie…). Cette équipe devra regrouper les compétences nécessaires : compétences techniques (gestionnaire), compétences en communication, service informatique… mais aussi des représentants de la direction.
L'équipe relais
C'est une équipe d’agents volontaires pour être le relais de la démarche. Constituée de représentants de chacune des entités bâties / des services, leur rôle est d’être à l’interface entre l’équipe projet et les occupants : relayer la démarche auprès de leurs collègues, faire remonter les difficultés, les idées ou les bonnes pratiques.
A chaque niveau, des temps d’échanges réguliers sont à mettre en place.
Lancer la démarche
Une fois l’organisation en place (au moins le comité de pilotage et l’équipe projet montés), il est important d’informer tous les occupants et de montrer :
- l’engagement de la direction, les raisons de sa motivation, les moyens accordés et les objectifs fixés ;
- la cohérence de la démarche en faisant le lien avec les actions préexistantes et la suite envisagée (travaux par exemple) ;
- la bienveillance et l’attention aux occupants en prenant en compte leur confort et son amélioration.
Il y a donc une attention particulière à porter sur le ton et le format de la communication : ne pas imposer, sensibiliser et donner les clefs pour agir de façon écoresponsable.
La communication à visée informative peut alors se faire via des mails, affiches, articles ou encore nudges (incitations environnementales). Elle est à renouveler régulièrement, avec des formats et objectifs différents (recueillir des idées, rendre compte, motiver…).
Au-delà de la communication descendante, le Cerema préconise l’organisation d’un évènement de lancement. Ce lancement peut donner lieu à un événement spécifique ou peut être associé à un temps d’échanges préexistant dans la structure. Il s’agit de susciter l’intérêt, d’interpeller et de donner envie d’agir, la réalisation d’économies d’énergie ne constituant pas le cœur des préoccupations quotidiennes des occupants d’un lieu de travail. C’est l’occasion de marquer les esprits, sortir du cadre habituel dans un esprit convivial. Ce moment doit permettre de rappeler le contexte de l’urgence climatique, de mettre en avant les agents techniques, d’impliquer les occupants et trouver des relais et de susciter l’adhésion à la démarche.
Animer la démarche
Tout au long de l’année, des actions doivent être mises en place pour maintenir la dynamique.
La première étape indispensable est la réalisation d'un diagnostic. Celui-ci doit porter sur :
- le volet technique (analyse du bâti, de l’état et des modes de fonctionnement des équipements, des programmations horaires…)
- le volet humain (enquête confort, connaissance des contraintes et besoins de chacun, écogestes possibles…). Une note de cadrage et un support de diagnostic sont mis à disposition par le Cerema, et présentent toutes les clefs pour mener à bien cette première étape.
Les occupants sont invités à s'impliquer dans le diagnostic, de manière très simple : à l'occasion de l'évènement de lancement par exemple, pour récolter les dysfonctionnements techniques repérés par les occupants, ou les idées de chacun, leurs souhaits d’agir, etc.
Un temps dédié peut également être organisé avec l'équipe relais lors d’un « diagnostic en marchant » qui consiste en la visite du bâtiment avec les moyens généraux / gestionnaires, pour repérer dans chaque service / entité les dysfonctionnements.
Ce diagnostic n’a pas vocation à être un audit, mais bien un outil de sensibilisation pour les occupants et un état des lieux avant l’élaboration d’un plan d’actions.
Pour clôturer cette phase de diagnostic, il est nécessaire de rendre compte aux occupants des résultats du diagnostic, afin de partager le niveau de connaissance des dysfonctionnements et des marges de manœuvre.
A partir de ce diagnostic, des actions seront définies, et pourront être hiérarchisées en fonction de leur facilité de mise en œuvre, leur acceptabilité, leur coût… Il faut prendre en compte la nécessité d’une marge d’adaptation dans les actions définies, pour s’adapter aux situations personnelles et/ou particulières des occupants : problème de santé, partie de bâtiment particulièrement inconfortable…
Ce plan d’actions peut être structuré sous forme de fiches actions, en désignant à chaque fois un responsable de l’action, des indicateurs de suivi… Plus le plan d’actions sera détaillé en petites actions concrètes, plus il sera facile de mobiliser les agents à les mettre en place.
Le suivi de la consommation énergétique du bâtiment, si possible mensuellement, est primordiale pour mesurer l’efficacité de la démarche engagée. Elle permet également de piloter la démarche sur le long terme, en suivant l’évolution sur plusieurs années. L’OSFI (avec l’analyse du talon de consommations notamment) est un très bon outil pour analyser l’impact de ses actions. Cette évaluation quantitative peut être complétée par une évaluation qualitative, notamment avec le questionnaire des écogestes.
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