L’adaptation des cours d’établissements publics pour en faire des "îlots de fraîcheur", c’est-à-dire des zones végétalisées et désimperméabilisées contribuant au rafraîchissement des températures localement et avec un effet espéré sur les températures des zones alentour, reçoit un intérêt croissant en France.
Le partenariat avec le Cerema et l’Agence de l’Eau fait sens : le Cerema a une expertise ancienne sur le sujet des îlots de chaleur urbains (ICU)1 et leurs possibles solutions, l’Agence de l’Eau mène une action forte pour retenir les eaux à la parcelle. La CeA intervient avec un financement de 1,5 millions d’euros dédiés spécifiquement aux ilots de fraicheur, pour compléter au besoin les 600 millions d’€ déjà budgetés.
Un projet novateur aux contraintes particulières liées au milieu du collège
Pour sa part la Collectivité Européenne d’Alsace (CeA) mène un programme de rénovation de ses collèges dans une logique de développement durable en y intégrant des solutions végétales lorsque c’est possible, les contraintes urbaines étant parfois très fortes.
La conception d’îlots de fraîcheur peut relever des Solutions Fondées sur la Nature (SfN), qui désignent la restauration ou la création d’un écosystème, servant entre autres à répondre à l’enjeu d’adaptation au changement climatique, notamment le phénomène de surchauffe estivale dont on prévoit la hausse de fréquence et d’intensité. L’objectif de ces cours de collège adaptées est donc d’offrir de bonnes conditions d’étude aux collégiens notamment en mai-juin ou septembre, et au-delà que cela profite à la zone où se situe le collège.
Il existe, en France, peu d’investigations sur les cours des collèges par rapport aux cours des écoles primaires. Cet environnement a des caractéristiques très spécifiques, qui nécessitent des solutions adaptées :
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La contrainte spécifique au milieu scolaire implique qu’il y a des risques importants de piétinement des sols végétalisés, car les usagers sont nombreux, concentrés sur une surface parfois restreinte plusieurs fois par jour. Il faut donc planter des arbres et végétaux qui résistent au piétinement
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La contrainte de sécheresse/chaleur urbaine nécessite des arbres avec grande surface de feuilles et un développement important pour un meilleur effet de rafraîchissement tout en considérant les questions de gestion.
Le calendrier de réalisation du projet
Pendant cet été 2022, la CeA va mettre en place des protocoles de mesures sur quelques établissements. A partir de 2023 et selon les calendriers de travaux de chaque établissement, sont réalisés :
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des visites communes CeA/Cerema auront lieu les 7 et 11 juillet pour rencontrer certains sites de projets (Strasbourg, Mulhouse, Schiltigheim, Wittenheim, Bischheim…).
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un travail d’analyse sur son patrimoine via l’exploitation de données infrarouge permettra à la CeA de qualifier des « ambiances thermiques » par calcul de températures de surface et modélisation selon les changements de surfaces.
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Avec l’appui scientifique du Cerema il sera fait également l’examen de l’existant et des projets de rénovation de collèges puis des protocoles de mesures avant-après du confort thermique des espaces extérieurs en plusieurs points pour chaque site seront effectués. Les mesures microclimatiques au sol seront effectuées sur 6 sites pour calculer un indice de confort thermique (indice normalisé UTCI), et pour un des sites, un réseau de stations météo pérenne sera mis en place pour un suivi plus approfondi.
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Sur la base de ce travail et des travaux réalisés, des fiches espaces type pour caractériser les îlots de fraîcheur urbains en collège seront généralisés pour s’appliquer aux 147 collèges d’Alsace.
1 Les ICU correspondent à une élévation des températures de l’air et de la surface des centres-villes par rapport aux périphéries, en particulier durant la nuit.