13 février 2025
Marnière
Cerema
Le Cerema a proposé aux communes d’Allouville-Bellefosse et Saint-Aubin-de-Cretot (Département de la Seine-Maritime) de les accompagner dans la recherche de solutions techniques pour la gestion d’une cavité souterraine, en l’occurrence une marnière, impactant une voirie communale reliant les deux villages. Si plus de 100 marnières sont retrouvées chaque année en Seine-Maritime sur les 80000 estimées, faut-il systématiquement les combler de coulis composé d’un mélange sable/ciment ? Le Cerema a souhaité apporter une autre réponse.

C’est tout d’abord dans le cadre d’une vente immobilière voisine, que des reconnaissances d’un indice de cavité souterraine ont été réalisées fin 2021.

 

La marnière de la rue de Brémare

Devant l’importance des vides découverts à l’aplomb de la voirie, le risque d’effondrement a été jugé très élevé. Les municipalités concernées ayant pris la décision de fermer la route, elles pensent alors devoir supporter le traitement total de la cavité souterraine par un comblement au coulis de ciment avec un montant de travaux minimum de 230 000€ HT.

 

Les marnières, d’anciennes carrières souterraines : en Normandie, des milliers de marnières ont été creusées afin d’en extraire la craie (marne) utilisée pour amender les champs. Les premières extractions remontent à l’époque gallo-romaine, mais cette pratique a connu son apogée au XIXème siècle. L’exploitation de la craie se faisait à partir d’un puits d’environ 1m de diamètre, creusé jusqu’à atteindre la couche de craie. 

Certains puits de marnières pouvaient ainsi atteindre une profondeur de 50 mètres dans le Département. À la base du puits, l’exploitation était organisée à l’horizontale par chambres d’exploitation, avec ou sans piliers. Après exploitation, ces puits ont été soit laissés ouverts, soit entièrement comblés, soit fermés à l’aide de matériaux divers tels que des poutres, planches et grosses pierres. Aujourd’hui, les marnières sont abandonnées, et, comme toutes les cavités souterraines, elles finissent par s’effondrer.

 

Au regard des dimensions, cette marnière est exceptionnelle :

  • Un volume de plus de 2300 m3;
  • Une surface d’exploitation supérieure à 850m² s’inscrivant dans un rectangle de 48m par 32m ;
  • Une hauteur d’exploitation variant de 1.9m à 10m.

Ces quelques chiffres caractérisent une marnière particulière représentant moins de 5 % de l’échantillon des marnières identifiées en Seine-Maritime d’après une étude statistique menée entre 2019 et 2021 par le Cerema.

Médiane des marnières en Seine-Maritime (610 marnières)
Profondeur des puits (m)

21 

Surface (m²)

70

Volume m3

150

Distance Puits/Bord des marnières (m)

10

Distance Bord/Bord des marnières (m)

15

Source : Etude statistique marnières Cerema Département Seine-Maritime 2019-2021

La découverte d’une marnière sur le plateau normand n’a rien d’exceptionnel. Cette marnière est particulière par ses dimensions, mais les enjeux (route communale, maison individuelle), les aménagements de surface (voirie, champs) restent un contexte habituel à travers la campagne normande.

Le traitement classique, appliqué depuis près de 30 ans, consiste à combler la totalité des vides reconnus au moyen d’un coulis composé de sable, de ciment et d’eau (donc très fluide) par injection gravitaire depuis la surface. En comblant le vide creusé dans la craie par des matériaux de résistance similaire, on neutralise le vide, on supprime l’aléa menaçant les enjeux, et ainsi on supprime le risque. La mise en œuvre de ce traitement était tout à fait possible pour cette marnière, mais à un coût élevé pour la collectivité :

  • financier avec une estimation à 230 000 € HT minimum,

  • écologique avec le déplacement d’au moins 330 camions toupies, l’usage de ressources comme le sable, la fabrication du ciment (environ 150t de CO2 pour la fabrication du ciment et le transport).

 

La proposition alternative du Cerema 

Dans le cadre de ses missions d’appui aux collectivités, le Cerema a proposé une solution alternative basée sur une gestion de l’aléa cavité souterraine.
Dans le but d’affiner l’état géotechnique et la stabilité de cette marnière, le Cerema a préconisé la création d’un accès par puits afin d’effectuer une visite détaillée pour déterminer le niveau d’aléa que représente cette marnière et ainsi justifier les choix possibles de gestion du risque d’effondrement :

  • surveillance à long terme,
  • traitements partiels,
  • traitement total
  • justifier le rayon de sécurité du cône d’effondrement. 

Préalablement au travail du Cerema, un nouveau puits d’accès à cette marnière a été creusé par une société spécialisée, à la pelle bénoto, coût 18 000 € HT.

La pelle est lâchée verticalement par gravité, mâchoires ouvertes
Les mâchoires sont refermées en bas, la pelle est remontée par le treuil
Les mâchoires sont ouvertes au-dessus d’un godet qui reprend les terres