30 septembre 2018
Route en Colombie
© Cerema
Plus de 7500 morts par an sur les routes pour 47 millions d’habitants : la Colombie connaît une situation préoccupante en matière de sécurité routière. C’est pourquoi une équipe pluridisciplinaire du Cerema a été missionnée pour partager son expertise avec l’Agence nationale de sécurité routière colombienne (ANSV). L’analyse a porté sur un échantillon de zones accidentogènes à travers plus de 1000 km de réseau routier, avec de nombreuses traversées de zones agglomérées. Des pistes ont ensuite été dégagées afin de définir un appel à projetsqui permettra d’agir sur les zones d’accumulation d’accidents.

Pour préparer la mission, l’observatoire de la sécurité routière et la direction des routes colombiennes (INVIAS) avait sélectionné 3 régions connaissant une accidentalité élevée, autour de Medellin, puis de Puerto Aziz à Popayan. Dans ces régions, plusieurs points noirs, traversées d’agglomérations et tronçons critiques ont été repérés.

La méthodologie du Cerema

Pour chaque lieu accidentogène, une visite de terrain a été réalisée avec le gestionnaire de voirie local, complétée par une inspection de sécurité des infrastructures réalisée avec l’outil Isri’Cam (caméra embarquée reliée à un ordinateur facilitant le diagnostic en roulant). L’objectif était de proposer aux autorités colombiennes, d’une part des solutions d’amélioration possible (consignées dans le rapport de synthèse), d’autre part d’alimenter le cahier des charges et d’identifier les critères d’éligibilité de l’appel à projets.

Les principaux constats

Les normes et les guides techniques colombiens sont souvent issus des Etats-Unis, privilégiant souvent la fluidité à vitesse élevée, à la fluidité à vitesse modérée plus sécurisée. En l’absence de contrôle strict des comportements, il existe peu de contraintes par l’aménagement, et peu d’invitations à modérer sa vitesse par la lisibilité et la visibilité. Le contexte juridique incite donc à l’heure actuelle à une prudence de la part des ingénieurs, qui se limitent souvent à ce qui est clairement explicité dans les guides.

Une des premières préconisations est donc de faire évoluer la doctrine, en se basant sur les études de diagnostic d’accidents menées en France, qui montrent que certaines pratiques accidentogènes peuvent être prévenues par la contrainte :  dispositifs de réduction de vitesse devant les écoles et en traversée d’agglomération, allongement des voies d’entrée et de sortie de voies rapides, traitement des dispositifs de retenue. L’appel à projets pourrait permettre de tester ces mesures qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays.

Toujours basée sur les retours d’expériences internationaux, d’autres préconisations ont été faites : accorder plus d’attention aux accidents mortels et aux blessés qu’aux accidents matériels, prendre une période de référence de 5 ans et non pas une année, étudier en priorité les points noirs et les tronçons à risque.

Enfin, la Colombie gagnerait à développer l’utilisation de radars furtifs pour étudier les comportements réels sur le réseau routier, hors de toute intervention policière, et élaborer des plans pluriannuels de mesure des adhérences des chaussées. Afin d’éclairer l’ANSV sur ces différentes mesures, plusieurs publications du Cerema, fiches techniques et guides lui ont été remis, bon nombre en version espagnole.

Une étude pilote de traversée d'agglomération appliquant la méthodologie du Cerema a été réalisée et remise à l'agence de sécurité routière, et des ateliers de formations se sont tenus à destination des personnes en charge de l'appel à projet  pequinas grandes obras https://ansv.gov.co/Detalle/93/comienzan-las-pequenas-grandes-obras-de-la-agencia-nacional-de-seguridad-vial/