Ces rencontres nationales, qui sont chaque année organisée par l’association de collectivités Vélo & Territoires, sont un événement majeur pour les collectivités et les partenaires impliqués dans le développement des politiques cyclables. Les équipes du Cerema, qui avaient participé en amont aux réflexions partenariales sur le programme de cet événement, sont intervenues à plusieurs titres :
Adapter la route
Stéphane Chanut, directeur du département Mobilités à la direction technique Territoires et Ville, a participé à la table-ronde "Réinventer la route" organisée lors de la plénière d’ouverture.
La France dispose d’un patrimoine routier conséquent et très varié. Les collectivités sont les gestionnaires de la majorité des routes hors agglomération. Comment adapter la route pour la rendre plus universelle, résiliente et y accueillir plus équitablement d’autres mobilités ? Cette problématique a été abordée lors d'une table-ronde animée par Marie Huyghe, consultante en mobilité, mêlant des collectivités, la DGITM, le Club des villes et des territoires cyclables et marchables (CVTCM), l’AMF, la Fédération française des usagères et des usagers de la bicyclette (FUB), l’ADEME et le Cerema.
Le Cerema a mis en avant la nécessité de faire évoluer le réseau routier, pour lequel les performances techniques ont été avant tout recherchées pendant de nombreuses années, avec des normes de visibilité et de sécurité. Il est en effet nécessaire qu’il évolue pour tenir compte de l’enjeu majeur de la décarbonation du secteur des mobilités. Il s’agit à présent de penser la route comme un support d’un système de mobilités diversifiées et sobres, et d’aménager une route accueillante, facilitante pour les usages partagés (TC, covoiturage…), les véhicules intermédiaires mais aussi les modes actifs (vélo, marche) et les micromobilités.
Stéphane Chanut a insisté sur la diversité du réseau routier hors agglomération, qui comprend à la fois des voiries structurantes et des voiries qui servent plutôt à la desserte et à la vie locale. Une démarche intéressante consiste à tenir compte davantage des différences existant entre les routes qui le composent, ainsi que des contextes et contraintes locales, qui sont de natures diverses. Ces spécificités vont impliquer des solutions différenciées pour les modes actifs.
Le Cerema a aussi évoqué un travail qu’il mène actuellement sur le potentiel du réseau routier secondaire pour développer les modes actifs, qui a démarré avec des collectivités situées en Normandie et dans le Centre, et qui va s’étendre à l’échelle nationale. Il s’agit de capitaliser des retours d’expérience, de recenser la documentation existante, pour ensuite créer une méthode de hiérarchisation de ce réseau, préalablement à la réalisation de "plans de circulation hors agglomération favorisant les mobilités actives".
Giratoires cyclables
Thomas Jouannot, Flavien Lopez et Marion Ailloud (du groupe Espace public et voirie urbaine de la direction technique Territoires et Ville) ont animé un atelier sur les giratoires cyclables. Les interactions et les conflits potentiels se concentrent aux intersections. Après avoir rappelé les principales règles à respecter pour rendre un carrefour cyclable, le Cerema a proposé aux participants, répartis en petits groupes, de se mettre dans la peau d’un concepteur, à partir d’un cas concret de giratoire situé à Vannes.
Comment assurer la continuité des aménagements pour les cyclistes et les piétons en toute sécurité dans ce giratoire ? Les participants, équipés de plans grand format et de feutres, ont esquissé différents projets d’aménagement, qui ont ensuite été confrontés à l’aménagement effectivement réalisé. Ce dernier a ensuite fait l’objet d’une présentation par le maitre d’ouvrage (ville de Vannes) et a été commenté par le représentant d’une association de cyclistes (Vélomotive).
En marge de l’atelier, il a enfin été possible de s’inscrire à une visite à vélo de ce giratoire "à la hollandaise" (avec des "îlots amandes"), qui a permis de se rendre compte sur place des travaux réalisés et d’en faire l’expérience en tant que cycliste et piéton.
Aménager des itinéraires cyclables en synergie avec le secteur agricole
Flavien Lopez a animé une table-ronde participative sur la thématique "Aménager des itinéraires cyclables en synergie avec le secteur agricole". Cet atelier a fait dialoguer des collectivités à différentes échelles (communauté d'agglomération Pornic agglo Pays de Retz, conseil départemental de l’Eure) et le secteur agricole (chambre d’agriculture Pays de la Loire) pour comprendre les craintes exprimées par ce secteur, et mettre en évidence de bonnes pratiques au moment de réaliser des itinéraires cyclables en interface avec celui-ci.
Trois axes majeurs ont émergé : concertation précoce, négociation foncière adaptée et solutions créatives pour une cohabitation harmonieuse.
- La concertation, ajustée aux contraintes agricoles, se révèle essentielle pour prévenir les tensions. À Pornic Agglo, un partenariat avec la Chambre d’Agriculture facilite des échanges individualisés avec les exploitants dès la phase d’étude.
- La négociation foncière, comme en témoigne l’exemple du conseil départemental de l’Eure, repose sur des compensations sur mesure (aménagements spécifiques, indemnisations).
- Enfin, des solutions concrètes, telles que des panneaux pédagogiques, des dispositifs sécurisant le passage des troupeaux ou des aménagements conçus pour répondre aux besoins locaux, garantissent une cohabitation équilibrée.
Cette table ronde a confirmé que le dialogue constructif et la flexibilité sont les clés de succès pour des aménagements cyclables adaptés aux territoires ruraux.
Diagvélo
Sur le stand du Cerema, qui était commun avec celui de l’ADEME, les équipes des deux opérateurs ont répondu aux différentes questions des collectivités. Le Cerema a largement diffusé ses publications récentes (guide sur le schéma directeur des aménagements cyclables, Essentiel viabilité hivernale pour les modes actifs, guide sur la conception des passerelles piétons-cycles…).
Alain Thomas, de l’équipe Cerema travaillant sur les prototypes, a présenté le DIAGVELO, un outil adaptable à tout type de vélo qui effectue un relevé d’images géoréférencées et des mesures d’indice de confort, de pentes, de linéaires. Ce matériel permet de faire facilement un diagnostic des infrastructures cyclables et peut être utilisé par tout gestionnaire en régie.