Biosourcés, des matériaux compétitifs pour construire aujourd’hui : Enseignements de la journée technique Cerema–DREAL Pays de la Loire

Vers un usage massif des matériaux biosourcés, leviers de la construction bas Carbone ?

A l’heure où la Stratégie nationale bas carbone de la France vise la neutralité carbone du secteur du bâtiment en 2050, les matériaux biosourcés tels que le bois, le chanvre, la paille, la ouate de cellulose ou la laine de mouton, etc. représentent un atout précieux pour décarboner la construction. La neutralité carbone correspond à notre capacité collective à émettre moins de CO₂ couplée à notre capacité à développer les écosystèmes captant du CO₂.

Les matériaux biosourcés captent le carbone nécessaire à leur croissance et contribuent ainsi à la diminution « du stock total » de gaz à effet de serre (GES). Ils apportent un bénéfice sur le changement climatique, en tant que puits carbone.

Ces matériaux se caractérisent également par des qualités techniques en termes de qualité l’air intérieur et d’inertie thermique qui sont un atout de taille pour la préservation du confort d’été de nos habitations. Le changement climatique, déjà à l’œuvre, nécessitera de plus en plus de se protéger du chaud en été encore plus que du froid en hiver. L’emploi d’isolants végétaux à fort déphasage thermique contribue à réduire les besoins en refroidissement, en climatisation et donc à réduire les besoins en énergie. Cette frugalité en équipement va se traduire par une économie sur les coûts d’équipements et d’entretien.

Manuelle Seigneur, Chef du Service intermodalité aménagement et logement à la DREAL des Pays de la Loire, a souligné que l’économie des projets de construction reste un point clé pour permettre l’utilisation massive des matériaux biosourcés dans la construction.

Des solutions permettent de maîtriser les coûts des projets d’éco-construction

A l’issue de la demi-journée technique, il ressort que le rôle des matériaux biosourcés dans la construction et la rénovation écoresponsable des bâtiments fait consensus.

Outre leurs qualités techniques intrinsèques pour la réduction des consommations énergétiques et le confort des occupants, ils concourent significativement au stockage de carbone et à la préservation des ressources naturelles. C’est la question de la généralisation de leur usage qui est posée.

Trois ans après "l’état de la connaissance sur le coût des matériaux biosourcés dans la construction" réalisé par le Cerema en partenariat avec la DREAL Bretagne, les présentations de la journée et les débats ont montré que des leviers existent pour maîtriser les coûts des opérations et avancer vers la généralisation de ce type de matériaux même si l’argument financier est souvent avancé comme un frein.

Sylvie Leveaux, Chef du Groupe Energie, Territoires et Bâtiment au Cerema, a relevé trois points marquants dans les échanges :

1. L’enjeu de la mobilisation de l’ensemble de la chaîne d’acteurs

Les maîtres d’ouvrages, les aménageurs, les prescripteurs, les maîtres d’œuvre, les artisans et les industriels. Les conditions de succès pour une appropriation par l’ensemble des intervenants reposent sur les équipes pluridisciplinaires, les approches collaboratives et la pédagogie afin de faire changer les habitudes, en particulier au niveau de la commande (rôle des collectivités locales et des particuliers). En effet, le secteur professionnel est prêt sur les marchés du logement neuf (bailleurs sociaux, promoteurs, maisons individuelles du logement libre), c’est la commande qui manque.

2 - La prise en compte des solutions biosourcées est nécessaire à différents stades du projet

Et cela, tout particulièrement en amont. Il s’agit :

• 

  De porter une ambition environnementale pour répondre à la demande sociétale qui augmente et de rechercher en parallèle les marges d’optimisation du projet en termes de coût de construction et d’exploitation-maintenance, dès la programmation ;

• De réfléchir à des solutions d’ensemble, reproductibles (et pas seulement aux matériaux), portant par exemple, sur la préfabrication des parois, les délais de chantier, le besoin réduit en système de climatisation, les solutions optimisées ou posables par un maçon traditionnel, etc. ;

• D’intégrer les biosourcés dès la conception des bâtiments, afin d’anticiper les difficultés éventuelles des bureaux de contrôle – frein qui se lève avec le développement des DTU et des règles professionnelles – et de maîtriser le coût global de la construction, en particulier en choisissant le mix associant solutions biosourcées / classiques adapté au projet.

3 -  La compétitivité des produits s’améliore

Les économistes de la construction ont un rôle particulier à jouer pour faire connaître les solutions compétitives techniquement et économiquement au regard du triptyque Matériau / Matériel / Technique – Mise en œuvre.

• Les économistes de la construction ayant travaillé sur des projets d’éco-construction se sont constitués des mercuriales de prix sur les solutions constructives biosourcées qui permettent de donner un chiffrage fiable aux maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre. Réaliser et partager une base de données de prix ressort comme un enjeu important de la massification de l’éco-construction.
• De plus, le domaine de la distribution des produits se structure et se développe, notamment pour valoriser la qualité de ces matériaux en comparaison de solutions plus traditionnelles et les faire connaître auprès des maîtres d’œuvre et des particuliers.

Le contexte réglementaire en pleine évolution (loi ELAN de novembre 2018, la future réglementation thermique et environnementale RE 2020) invite à suivre l’évolution des matériaux biosourcés dans la construction.