31 janvier 2025
pont effondré lors d'une crue
Mairie de Chavanay
En octobre 2024, les départements de la Loire et de l’Ardèche ont été particulièrement touchés par des fortes pluies qui ont fragilisés les ouvrages en maçonnerie de 17 communes. Les équipes du Cerema sont alors intervenues pour inspecter une quarantaine d’ouvrages communaux et conseiller les maires sur les actions à mener.
Dans le cas de la commune de Chavanay (42), le pont de la Tour qui permet le franchissement de la Valencize, a été détruit par la crue. Le Centre National des Ponts de Secours (CNPS) est intervenu fin janvier pour poser un pont provisoire en attendant la reconstruction du nouveau pont.

Les ouvrages en maçonnerie représentent un patrimoine ancien, très répandu en France, avec un nombre élevé de structures de dimensions modestes : en moyenne une voûte de 5 m de portée. Le Programme National Ponts qui a recensé près de 60 000 ouvrages communaux met en lumière la richesse du patrimoine maçonné avec environ 14 500 ponts voûtes et 19 000 murs.

Ces ouvrages ont traversé les siècles et se sont adaptés à l’évolution des usages. Il s’agit de structures intégrales, frugales en équipements, ce qui limite les coûts d’entretien. Leur robustesse peut toutefois être remise en cause par les effets du changement climatique, qui accroît notamment la fréquence et l’intensité des aléas. 

Ce type d’évènement s’est produit en octobre 2024 sur les départements de la Loire et de l’Ardèche. L’intensité de l’épisode pluvieux, près de 20 cm d’eau par m² en une nuit, a été inédite pour la région. Suite à ces intempéries, le Cerema est intervenu en urgence sur une quarantaine d’ouvrages pour conseiller les communes impactées : 

  • 8 communes du département de la Loire : Chavanay, St Appolinard, Pélussion, Maclas, Bourg Argental, Burdigne, St Julien Molin Molette, Malleval
  • 9 communes du département de l’Ardèche : Annonay, Boulieu, Brossainc, Davezieux, Limony, Roiffieux, St Jacques Atticieux, St Marcel les Annonay, Vinzieux

 

Ligne de crête et plan de situation des ouvrages d’art en maçonnerie visités par le Cerema suite aux intempéries du 17 octobre 2024 sur les 17 communes du Sud du massif de Pilat sur les départements de la Loire et de l’Ardèche
Ligne de crête et plan de situation des ouvrages d’art en maçonnerie visités par le Cerema suite aux intempéries du 17 octobre 2024 sur les 17 communes du Sud du massif de Pilat sur les départements de la Loire et de l’Ardèche

 

Retour d’expérience sur une quarantaine d’ouvrages impactés par les inondations d’octobre 2024

Le retour d’expérience montre que, pour une majorité d’ouvrages, la voûte et ses appuis ont très bien résisté, l’action de l’eau ayant essentiellement provoqué des désordres importants sur les berges et les remblais d’accès, le plus souvent en l’absence de murs en aile ou d’enrochements de protection.

Les ouvrages ont aussi dû résister à de nombreux embâcles, transports de sédiments, affouillements, dont la gestion revêt un caractère complexe au carrefour des enjeux hydrauliques, environnementaux et anthropiques du cours d'eau. Des modifications du tracé des cours d’eau sont parfois observées. Lors de la crue, les ouvrages ont été exposés à des actions violentes, essentiellement transversales, d’érosion et de poussée inhabituelles. 

L’accélération locale des courants due à l’obstruction et à l’écoulement a pu être préjudiciable à la stabilité des appuis selon leur mode de fondation. Quelques effondrements d’ouvrages ont été constatés avec parfois une fragilisation préalable de la maçonnerie en raison de joints profondément dégarnis et d’une végétation envahissante.

Ce retour d’expérience atteste de l’importance de l’entretien des ouvrages, des éléments de protection et de leur zone d’influence. Il questionne aussi plus largement l’entretien des rives des cours d’eau sur l’ensemble du bassin versant.

Enfin, la remise en état de ce patrimoine interroge aussi sur le savoir-faire en matière de réparation et de construction d’ouvrages en maçonnerie dont les techniques se sont perdues au cours du demi-siècle passé.

 

Cas du pont de la Tour à Chavanay (42)

Le pont de la Tour, qui permet le franchissement de la Valencize, est un pont en maçonnerie de 17,5 m à deux travées de 7 m d’ouverture. 

En février 2024, il a fait l’objet d’une visite dans le cadre du Programme National Ponts qui permet de mieux comprendre les fragilités de l'ouvrage (végétation, affouillement).

Le 17 octobre 2024, un épisode pluvieux brutal sur la région du Pilat (200 mm de pluie en moins de 24h) a provoqué une crue remarquable des petits cours d’eau et l’accumulation de nombreux embâcles entraînant l’effondrement du pont.

La reconstruction à neuf de l’ouvrage est à prévoir. Le nouveau projet d’ouvrage devra prendre en compte des hypothèses hydrauliques adaptées au contexte environnemental.

Dans l’attente, le Centre National des Ponts de Secours (CNPS), service du Cerema, a posé fin janvier 2025 un pont provisoire pour rétablir la circulation piétonne.

La commune, éligible au Programme National Ponts Travaux, pourra demander une partie du financement des travaux de reconstruction, des études préalables nécessaires ainsi que la mise en place du pont provisoire.

Pont de la Tour avant les inondations d’octobre 2024
Pont de la Tour avant les inondations d’octobre 2024

 

Ruine de l’ouvrage lors de la crue
Ruine de l’ouvrage lors de la crue

 

Installation du pont provisoire par le CNPS - Cerema
Installation du pont provisoire par le CNPS - Cerema