Ce salon a été rythmé par les interventions de nos experts du Cerema, notamment :
Ingénierie cyclable : l'enjeu numéro un
Stéphane Chanut, directeur du département Mobilités à la direction technique Territoires et Ville, pour une participation à l'atelier "Ingénierie cyclable : l'enjeu numéro un".
Quels besoins de compétences dans les collectivités ? Comment faire monter en compétences les équipes en place ? Quelles nouvelles recrues sont nécessaires et dans quelles collectivités ? Ces questions ont été abordées lors d'une table-ronde animée par Marie Huyghe, consultante en mobilité, mêlant collectivités (département de Meurthe-et-Moselle, communauté de communes du Clunisois), le bureau d'études SCE, l'association AGIR Transport et le Cerema.
Il s'agit à la fois de recruter du "sang neuf" pour compléter les équipes (ex : chefs de projets recrutés dans le cadre des programmes CEE AVELO, etc.) et de faire monter en compétences les équipes déjà en place. En particulier, au niveau des conseils départementaux, les savoir-faire des équipes "études routières" et "maitrise d’œuvre routière" doivent s'élargir aux politiques cyclables et aux aménagements adaptés aux modes actifs. Une gouvernance est aussi à mettre en place pour que les différents acteurs (maitres d'ouvrage routiers et autorités organisatrices de la mobilité) échangent et construisent collectivement des projets partagés et cohérents.
Les participants ont évoqué les différents dispositifs de formation continue et d'animation technique mis en place par les partenaires : Cerema, ADEME, Club des villes et des territoires cyclables et marchables, Vélo & Territoires, Académie des mobilités actives (ADMA)... "Il faut savoir s'appuyer sur l'écosystème d'aidants ; les organismes sont là et travaillent en complémentarité...", a souligné le Cerema. "Il faut favoriser des échanges entre techniciens de différents domaines thématiques, élus, associations..." selon l'ADMA. Les voyages d'études sont particulièrement intéressants pour développer la "culture vélo". En complément des compétences techniques, il faut aussi développer les "savoir être" : savoir écouter, concerter, arriver à obtenir l'adhésion des différentes parties prenantes pour faire avancer un projet...
La montée en compétences peut se faire en se formant ou en participant à des webinaires pour mieux connaitre les recommandations, en partageant des retours d'expérience (par exemple, recenser des référentiels d'aménagements cyclables produits par d'autres collectivités...), en faisant appel à l'appui de bureaux d'études (ce qui permet d'augmenter la capacité de travail sur un temps court), en particulier pour objectiver les enjeux et les besoins.
Cela passe par l'engagement de nouveaux projets, l'expérimentation, l'articulation entre de premières réalisations sur le terrain à court terme et d'autres chantiers à plus long terme (schémas directeurs). C'est en faisant rapidement sortir des projets innovants, c'est "par la preuve" que la pérennisation des nouvelles recrues (souvent des contrats à durée déterminée sur des projets) peut être facilitée.
En matière de formation initiale, les participants n'ont pas identifié de formation spécifique sur les mobilités actives ou les politiques cyclables mais conviennent que certains profils sont bien adaptés aux missions (écoles d'urbanisme ou d'ingénieurs formant à la mobilité...).
"Le vélo est amené à prendre de plus en plus de place dans les politiques de mobilité et d'infrastructures. Il a toute sa place dans la mobilité et son développement connait un moment charnière aujourd'hui ; cette dynamique peut attirer de nouveaux profils." a conclu le Cerema.
La sécurité des cyclistes, un enjeu prioritaire hors agglomération
Cécile Szymanski, cheffe de projet AVELO 2 à la direction territoriale Ouest, pour une table ronde autour du sujet "La sécurité des cyclistes, un enjeu prioritaire hors agglomération", animée par Thomas Jouannot, directeur de projets Modes actifs à la direction technique Territoires et Ville.
Le vélo a un potentiel hors agglomération qui dépasse très largement le seul vélo tourisme ou vélo sportif, un potentiel qui a vocation à s’exprimer pleinement sur les déplacements du quotidien.
Pour que ce potentiel s’exprime, il faut des infrastructures attractives, inclusives, qui donnent confiance aux cyclistes et aux futurs cyclistes du quotidien, enfants, parents qui accompagnent ou transportent leurs enfants, et dont les trajets passent, souvent, par le réseau hors agglomération.
A ce besoin de sécurité perçu s’ajoute celui de sécurisation réelle, avec une augmentation importante du nombre de tués cyclistes hors agglomération ces dernières années. Une des solutions passe par l’adaptation de notre système routier existant, en réfléchissant à la nécessaire modération des vitesses et des trafics motorisés.
Quels profils de cyclistes accidentés ? Quels facteurs d’accidents ? Quelles recommandations techniques, existantes et à construire? Quelles réalisations exemplaires dans les territoires ?
L’ensemble des acteurs des politiques cyclables d’aménagement (services de l’Etat, Cerema, collectivités, associations) ont pu s’exprimer sur ces différents points lors de la table-ronde, et proposer des solutions concrètes pour améliorer la sécurité des cyclistes hors agglomération.
Atelier : L'infrastructure cyclable à haut niveau de service en territoires peu denses
Flavien Lopez, chef de projets Aménagements cyclables et espace public à la direction technique Territoires et Ville, pour l’animation de l’atelier "L'infrastructure cyclable à haut niveau de service en territoires peu denses"
Dans des territoires de moindre densité, fortement marqués par la présence automobile, conserver des ambitions et des exigences fortes en matière de sécurité, d'efficacité et de confort est une condition nécessaire au report modal. S'appuyant sur un format participatif et des réalisations particulièrement soignées de collectivités, cet atelier a donné à voir aux participants des réalisations de haute qualité, en rappelant les leviers incontournables pour rendre les territoires peu denses de plus en plus cyclables : hiérarchisation et réaffectation des réseaux, recherche de financements, collaboration, concertation, communication.
Sur le terrain....
Ce salon s’est clôturé sur le terrain par la possibilité de découvrir à vélo 3 itinéraires cyclables du département de la Somme ainsi que le service Buscyclette (qui a assuré le prêt des vélos pour la demi-journée) :
- les véloroutes de la vallée de la Somme et de la vallée de l’Authie ;
- la vélomartime (en Baie de Somme) ;
- la véloroute de la vallée de la Somme entre Amiens et les Hortillonnages.
Cette dernière visite a été l’occasion de visiter le chantier en cours d’un carrefour à ilots-amandes dans Amiens et d’échanger avec la maitrise d’ouvrage sur des questions techniques (aménagement des ilots amandes, règles de priorité…) comme sur la concertation autour de ce projet nécessitant plusieurs mois de travaux.
Le parcours a ensuite conduit les participants sur la véloroute aménagée le long du canal de Somme, qui est empruntée naturellement par les touristes mais qui se prête également à une utilisation pour des trajets du quotidien (jonction entre Amiens et certains secteurs péri-urbains, certaines portions sont empruntées par les scolaires…).