Cette fiche présente la situation en France en matière de réutilisation d'eaux usées traitées (REUT), à partir de 145 projets en cours ou en phase d’élaboration recensés entre 2015 et 2017, aussi bien pour des usages agricoles qu’urbains.
Des enjeux forts pour la gestion de l'eau
Face au changement climatique, la réutilisation des eaux usées traitées est une solution incontournable pour répondre aux tensions sur la ressource en eau qui vont s’accroître. Elle présente de nombreux avantages d'ordre quantitatifs et qualitatifs pour limiter la consommation d’eau.
Les Assises de l'eau qui se sont déroulées entre novembre 2018 et juin 2019 ont instauré une dynamique favorable pour impulser de nouveaux projets, en prévoyant de tripler les volumes d’eaux non conventionnelles réutilisées d’ici 2025.
Par ailleurs, le Parlement européen a validé le futur règlement sur la réutilisation des eaux usées traitées, qui définit les exigences de qualité pour l’eau traitée en station d’épuration au niveau européen et vise à faciliter le recours ces dispositifs lorsqu’ils sont appropriés et rentables. L’objectif est d’augmenter fortement l’utilisation d’eaux usées traitées, dont le volume est actuellement de 1,1 milliard de mètres cubes par an, et de compenser ainsi l’extraction d’eau.
Ce règlement fixe pour toute l’Europe des seuils de qualité en fonction de l’utilisation de ces eaux traitées, et sera applicable en 2023. Des contrôles devront être effectués à des fréquences définies pour différentes bactéries et les informations sur la qualité des eaux devront être rendues publiques.
Des cas d'usage qui se multiplient, une prise de conscience progressive
La REUT est un élément important de la gestion locale de l’eau, mais il y a encore trop peu de projets effectifs France et aujourd’hui moins de 1% du volume d’eau traitée en France est réutilisé. Les installations restent très peu développées par rapport à certains pays européens, comme l’Espagne ou l’Italie.
Le nombre de projets en cours augmente cependant d’année en année, notamment sur le littoral, signe d’une prise de conscience de l’intérêt de ces dispositifs.
Pourtant, le potentiel est important (8,4 milliards de mètres cubes produits chaque année en France métropolitaine) et les applications sont variées :
- Arrosage des golfs, des espaces verts, soutien de zones humides et irrigation agricole (grandes cultures, arboriculture, semences, maraîchage...).
- Entretien des voiries, lavage des véhicules...
- Usage industriel.
Cette fiche présente les caractéristiques et l’évolution des projets de REUT en France (origine de la démarche, volumes utilisation finale…). Elle précise aussi les raisons pour lesquelles certains projets ont été abandonnés, les éléments de succès de projets qui fonctionnent.
Elle revient sur les usages mixtes et le développement des usages industriels, et aborde les freins/leviers et actions incitatives pour développer les opérations de REUT, en passant par une approche globale de la question de l’eau, basée sur une analyse prospective des enjeux du territoire à l’horizon 2050, et dans un projet à l’échelle du bassin.
Un effort d'acceptation sociale reste encore à réaliser, notamment pour certaines filières agricoles dans le domaine de l'irrigation agricole.
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Des travaux du Cerema pour outiller les collectivités
Pour mener à bien ce travail de prospection, le Cerema s'appuie sur une concertation interministérielle entre le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation et le Ministère des Solidarités et de la Santé. D'autres partenaires sont également associés, tels que les agences de l'eau, l'office Français de la biodiversité ou l'Inrae.
Les différents cas ont fait l'objet d'une analyse approfondie au niveau national afin d'évaluer les conditions de réussite mais aussi les facteurs d'échec.
L'expertise du Cerema a permis notamment de mettre en avant la nécessité d'accompagner les porteurs de projets et d'encourager la promotion des solutions multi-usages.
Pour compléter cette étude, un rapport plus approfondi est en cours d'écriture afin d'accompagner les collectivités locales dans leurs nouveaux projets. Il s'intéresse plus particulièrement à l'approche cartographique des opportunités, en association avec les projets de territoire.
Par ailleurs, le Cerema a intégré le groupe de travail national sur la réutilisation des eaux usées non conventionnelles, animé par l'ASTEE.
Il s'agit notamment de traduire les enjeux de la nouvelle réglementation européenne au regard des usages agricoles et de mieux identifier les freins au développement de la REUT en France, pour les autres usages.