A la demande de la délégation nationale mer et littoral du ministère de la transition écologique et solidaire (MTES), le Cerema a organisé, en partenariat avec l'Institut Universitaire Mer et Littoral (IUML) et le Pôle Mer Bretagne Atlantique (PMBA) la première journée d'échanges de la démarche intitulée "territoires maritimes et littoraux à valeur d'expérience" (TMLVE). L’objectif d’une journée d’échanges TMLVE est de partager, de faire-savoir et de faire-valoir les dynamiques et bonnes pratiques portées par les territoires maritimes et littoraux qui contribuent à la mise en œuvre opérationnelle des grandes ambitions de la stratégie nationale mer et littoral.
La gouvernance de l'estuaire au coeur des réflexions
Le thème et le périmètre de travail choisis ont été la gouvernance de l'estuaire de la Loire et de son débouché maritime en vue de favoriser le développement économique et l'innovation dans ce territoire et "mer-ritoire". Lieu de coexistence de forts enjeux environnementaux et socio-économiques, à l'interface terre-mer, l'estuaire de la Loire et son débouché maritime sont en effet aussi des territoires de défi qui drainent l'innovation.
Le thème de la gouvernance qui implique des notions de concertation et de compromis autour de la capacité d'accueil de ce territoire et de la responsabilité partagée de ce bien commun s'est imposé comme fil conducteur de la journée.
Trois grands témoins et une centaine de participants
Plus de 100 personnes ont contribué au succès de cette journée : des entreprises, des gestionnaires, des collectivités, des chercheurs, des associatifs, l'Etat sont venus témoigner et partager leurs expériences concrètes en matière de gouvernance de projets et démarches d'innovation économique.
Trois témoignages majeurs du territoire de l'estuaire de la Loire et son débouché maritime - le projet de parc EMR du banc de Guérande, le réaménagement du port de la Turballe, les initiatives du Grand Port maritime de Nantes St Nazaire en matière de transition énergétique - ont permis d'amorcer des tables-rondes et d'analyser les mécanismes de gouvernance mis en œuvre, les facteurs de réussite, les limites et les pistes d'amélioration de ces démarches et projets.
L'après midi, des ateliers en format world café ont permis aux acteurs d'échanger autour de l'articulation des projets de territoire et des stratégies politiques, autour des conditions nécessaires pour l'émergence et l'accélération de la mise en œuvre d'une économie circulaire maritime et autour des questions de connaissance et sciences participatives.
Plusieurs éléments clés mis en avant lors de cette journée
- Comment nait un projet de territoire partagé et accepté, comment se concrétise-t-il, comment est-il porté ?
- Le partage d'une vision préalable basée sur un socle de connaissances partagées et qui intègre une dimension prospective est un pré-requis qui répond à certains impératifs :
- La mise en place d'un échange citoyen permanent, durant lequel les acteurs territoriaux, par le biais de la discussion, de l'opposition, des partages d'expérience s'emparent de ce qui fait la richesse de leur territoire, construisent les scénarios du développement futur de ce territoire, évaluent la mise en œuvre de ces actions, ce qui contribue, le cas échéant, à les réajuster ;
- La nécessité de débattre à partir d'une ambition stratégique, selon un calendrier clair, avec des règles précises et transparentes quant aux modalités de prise en compte (ou non) des éléments de débat et leur explicitation ;
- Dans la mesure où la décision est nécessaire pour "faire projet", travailler sur la légitimité d'une autorité à valider une ambition stratégique et un cap aussi partagés que possible. Plus globalement l'accompagnement des projets nécessite l'identification d'acteurs leaders reconnus faisant le lien pour le partage de la connaissance, la prise en compte des enjeux et la décision.
- Si certains sujets génèrent des tensions, ces tensions témoignent d'une appropriation très forte du territoire maritime et littoral, de son intérêt et de son avenir. Elles sont sources d'évolution des postures et d'une meilleure intégration des enjeux du territoire. Les conflits sont donc nécessaires et "productifs" et font partie intégrante de l'apprentissage du dialogue entre des collectifs qui se rencontrent et des façons d'appréhender le développement d'un territoire qui s'opposent parfois. La confrontation est donc nécessaire et peut être portée de manière constructive et innovante en encourageant la bonne compréhension des besoins de chaque partie prenante.