Disposer d’un outil pour partager une vision commune sur les mobilités transfrontalières…
Le territoire de la Grande Région se situe à cheval sur quatre pays (Luxembourg, Belgique, Allemagne et France[1]) et connaît le plus grand nombre de travailleurs frontaliers de l’Union Européenne. En 2015, 219.000 personnes ont traversé quotidiennement une frontière pour se rendre sur leur lieu de travail dans un pays voisin.
Au sein de ce territoire, le Grand-Duché de Luxembourg est un territoire de plus en plus attractif économiquement[2], ce qui engendre des tensions fortes sur les réseaux de transport, auxquelles chaque État / Région tente de répondre en adaptant l’offre de transport aux besoins des usagers. Cette tendance est appelée à se renforcer dans les prochaines années, avec la perspective des nombreuses créations d’emploi au Luxembourg et le développement de plusieurs plateformes logistiques dans la Grande Région[3].
Habituellement, en matière de mobilité, qu’il s’agisse de personnes et/ou de marchandises, l’outil d’aide à la décision privilégié est le modèle de prévision des déplacements. De part et d’autre des frontières, plusieurs modèles de ce type existent mais ils présentent tous des limites dans leur domaine d’usage, empêchant une analyse globale de la problématique transfrontalière et un partage de la connaissance. Aucun modèle n’est suffisamment développé pour analyser, à cette échelle, les conséquences du développement économique des territoires sur les déplacements et les circulations.
C’est pour répondre à l’enjeu prioritaire de la mobilité transfrontalière dans la Grande Région que le projet MMUST est né. Ce projet, officiellement lancé le 27 mars 2018, est piloté par l’AGAPE (Agence d’urbanisme et de développement durable Lorraine Nord) et associe un consortium de centres d’études et de recherches comprenant le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), le LISER (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research), les universités de Namur (UNamur) et de Liège (ULiège), ainsi que le Ministère du Développement Durable et des Infrastructures du Grand-Duché de Luxembourg.
… et évaluer les politiques de transport et d’aménagement du territoire à l’échelle de la Grande Région
Le projet est conçu dans une démarche collaborative, dans le sens où chacun des six opérateurs techniques évoqués précédemment contribuera et apportera son expertise dans chacune des 8 actions techniques qui le structurent :
- Collecte et harmonisation des données d’entrée du modèle,
- Enquêtes complémentaires,
- Construction du modèle,
- Calage du modèle,
- Construction des scénarios prospectifs,
- Utilisation du modèle et simulation,
- Animation d’une démarche d’élaboration d’un partenariat pour l’usage et la gestion du modèle,
- Interconnexion des outils et transfert des données.
Le projet MMUST s’inscrit également dans une approche partenariale large, en associant 16 partenaires, pouvoirs publics et acteurs du transport transfrontalier, belges, luxembourgeois et français. Cette association étroite est indispensable pour permettre le partage d’une vision commune de l’évolution de ces territoires à moyen terme et l’analyse collective de l’incidence de ces évolutions sur la mobilité transfrontalière. Chaque partenaire aura ainsi l’opportunité de tester différents projets d’infrastructures ou scénarios d’aménagement du territoire, nationaux ou transfrontaliers, et d’en mesurer les impacts sur les différents versants de la Grande Région.
Le projet MMUST, d’un montant total de 2,9 M€, bénéficie d’un financement du Fonds européen de développement régional (FEDER) de 1,7 M€ dans le cadre du deuxième appel à projets du programme INTERREG V A Grande Région. Il se déroulera sur la période 2018-2021.
La contribution du Cerema au projet MMUST
L’expertise reconnue du Cerema dans les domaines des enquêtes de mobilité et de la modélisation multimodale des déplacements sur différentes échelles de territoire lui ont valu d’être sollicité pour participer au projet MMUST.
Il contribuera, aux côtés des autres opérateurs techniques, au développement de méthodologies innovantes pour répondre aux défis soulevés par ce projet :
- L’harmonisation des données de mobilité et de transport des trois pays,
- La reconstitution de la demande de déplacement sur un vaste territoire présentant des densités de population et d’activité très hétérogènes,
- Être en capacité de reproduire les phénomènes de congestion ou de saturation observés aujourd’hui dans les différents réseaux de transport et leurs incidences sur les choix individuels de modes de déplacement et d’itinéraires.
- Être en capacité de tester des services transfrontaliers à la mobilité ou des pratiques de déplacements peu ou pas développés à l’heure actuelle (covoiturage, transports en commun en site propre ou à haut niveau de service, véhicules autonomes, modes émergents en lien avec les nouvelles technologies, télétravail...).
MMUST est l’un des projets retenus lors du programme INTERREG V A Grande Région.
Il est cofinancé grâce au FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) à hauteur de 1,7 millions d’euros.
[1] Ce territoire couvre la Sarre, la Rhénanie-Palatinat (Allemagne), la Lorraine (France), le Grand-Duché de Luxembourg et la région wallonne (Belgique).
[2] Le nombre de travailleurs frontaliers vers le Grand-Duché de Luxembourg a été multiplié par 3 en 20 ans.
[3] Chaque territoire de cet espace porte individuellement des projets de développement de plateformes logistiques : plateforme de Bettembourg-Dudelange au Luxembourg, Terminal Container d’Athus en Belgique, Ports de Moselle en France.