De la nécessité d’évaluer l’efficacité des aménagements pour la faune à la définition de nouveaux passages.
Le groupe Évaluation Environnemental, Biodiversité et Paysage de la Direction Territoriale Nord Picardie du CEREMA travaille pour le SDIT (Service Déplacements et Infrastructures de Transport) de la DREAL Picardie depuis plusieurs années, en fournissant son expertise dans le cadre de projets routiers, sur le champ des milieux naturels et de la biodiversité.
L’important travail mené par le SDIT de la DREAL Picardie sur la RN31 – Déviation de Beauvais, ou sur la RN2 section de la forêt de Retz, a abouti à la réalisation d’aménagements spécifiques pour la grande, moyenne et petite faune. L’évaluation de l’efficacité de ces aménagements a ainsi nécessité l’achat de matériels de piégeage photographique. L’enjeu étant de pouvoir déterminer l’utilisation par la faune sauvage des passages réalisés et de capitaliser cette connaissance par un retour d’expériences. Mais la méthode du piégeage photographique permet non seulement d’évaluer la fonctionnalité des passages pour la faune, mais elle constitue également un outil exploitable pour permettre de caractériser le fonctionnement écologique d’un territoire. Cette approche a été mise en œuvre dans le cadre du projet de la future déviation de Vaumoise afin de définir l’opportunité, la localisation et le dimensionnement d’un passage à faune pour le Cerf élaphe.
L’importance du choix du matériel photographique.
Face à cette diversité d’approches et étant donné la variété des contextes (ouvrages, espèces, …), l’utilisation des pièges photographiques nécessite de bien réfléchir à ses besoins afin de répondre aux objectifs de prise de vue sur le terrain. Il a donc été nécessaire de recenser au préalable les caractéristiques des appareils existants sur le marché pour acquérir le matériel le plus adapté aux besoins de la DREAL Picardie.
Au total, huit pièges photographiques de deux modèles différents ont été achetés par cette dernière. Ces derniers disposent de temps de réaction faibles (0,2 s.) permettant la prise de vue de sujets rapides, et se différenciant par leur système de flash lors de la prise photo de nuit (visible ou non).
Résultats et perspectives.
Ce matériel a permis de mettre en œuvre une méthode de diagnostic des continuités écologiques aux abords des infrastructures de Picardie.
Le suivi opéré sur quelques passages du réseau routier national de cette région a ainsi permis de collecter près de 41 000 clichés (sur une année de fonctionnement) pour un total de 86 semaines de pose. Une bonne partie d’entre eux sont exploitables et mettent en évidence des espèces clairement identifiables - cerfs, chevreuils, sangliers, blaireaux, renards, fouines, lapins, mulots, lézards, couleuvres, etc. Le restant se constitue de photos non-exploitables ou inintéressantes compte tenu des objectifs de l’étude.
Cette démarche, malgré ses limites (taux de détection variable, analyse de données qualitatives, croisement non réalisé avec les données de populations des espèces, …) se révèle donc efficace afin d’identifier le comportement de la faune vis-à-vis de ces ouvrages, atténuant l’impact de la fragmentation causée par la création d’infrastructures. Elle permet également d’acquérir un retour d’expérience intéressant sur de tels aménagements en validant ou pas les techniques réalisées.
Sa mise en œuvre est donc à poursuivre et à généraliser sur les infrastructures picardes, tout en l’améliorant via par exemple l’adjonction de la prise de vidéos (étude du comportement des espèces vis-à-vis de certains ouvrages).
Auteurs de l’étude :
Pierre-Jean Berthelot, chargé d’études CEREMA / BEE / EEBP.
Ahmed Menouche, chargé d’études CEREMA / BEE / EEBP.