L’équipe recherche PsyCAP est composée de chercheur.e.s en Sciences Humaines et Sociales ayant pour objectifs d’étudier et de comprendre les comportements des individus pour accompagner les changements induits par les transitions écologiques, numériques, énergétiques et sociales. Positionnée de manière transversale, elle adresse notamment les questions liées aux domaines « Environnement et Risques », « Bâtiment », « Mobilité » et « Mer et Littoral » du Cerema.
Quelle que soit leur nature, les transitions se positionnent comme un fait social total (Maus, 1924) à côté desquelles nous ne pourrons passer, tant elles impactent et impacteront nos sociétés. En effet, ces transitions (e.g., écologiques, énergétiques, numériques, etc.) pénètrent et transforment nos sociétés et nos organisations par de nouveaux dispositifs (e.g., voiture autonome), de nouveaux impératifs (e.g., éco-gestes, sobriété énergétique, prévention des maladies émergentes) venant se heurter aux activités individuelles et collectives (Brangier et al., 2010). En témoigne le cas du numérique qui révolutionne tous les aspects de nos sociétés (Schwab, 2017) et notamment les activités au sein des organisations (Chahir et al., 2022). Or, si ces dispositifs numériques sont souvent considérés comme une innovation particulièrement intéressante pour faciliter les activités dans une organisation, leurs déploiements se heurtent souvent à des difficultés (Garreau, 2019). En effet, Jørgensen et collaborateurs (2014) montrent que seulement deux responsables sur dix considèrent que leurs innovations ont été un succès au sein de leurs organisations. De même, les projets environnementaux se positionnant comme une solution au changement climatique font souvent face à de fortes contestations, comme en atteste l’Atlas mondial de la justice environnementale, lancé par le projet de recherche européen EJOLT (Environmental Justice Organisations, Liabilities and Trade, 2024), qui recensait, en 2024, dans le monde 4 181 cas de conflits sociaux portant sur des projets en lien avec l’environnement.
Aussi, prises dans leur ensemble, ces transitions s’inscrivent dans une problématique plus générale de transition sociale ou les populations font la demande croissante de participer aux décisions qui les concernent (CNDP, 2014) car elles impliquent de nouveaux aménagements, de répondre aux appels des collectivités, de déployer et/ou d’implanter un projet, une technologie ou bien un service sur un territoire donné. Ces espaces où les acteurs vont se rencontrer sont le terreau fertile des controverses parce qu’ils vont pouvoir exprimer des positions diverses et variées, et parfois totalement opposées (e.g., en termes d’attitudes vis-à-vis d’une technologie). Or, si dans ces espaces, les controverses peuvent être des occasions de mettre en lumière les enjeux de société sous-jacents aux projets (Limoges, 1993), elles mettent aussi les relations entre individus à rudes épreuves. Les causes sont multiples : le public a perdu confiance dans les espaces de décisions (Jacquet, 2017 ; Papadopoulos, 2013) et est peu informé sur les nouvelles technologies (e.g., Ha-Duong et al., 2009) ; les décideurs peinent à prendre en compte les dynamiques sociales pour informer et sensibiliser les parties prenantes (e.g., Nadarajah, 2022, 2024) ; les promoteurs se tiennent à distance des controverses notamment parce qu’ils perçoivent les espaces de discussions comme particulièrement risqués (Batellier, 2015 ; Pham & Torre, 2012).
Dans ce contexte d’urgence, la multiplication et la combinaison des impacts, notamment du changement climatique sur les écosystèmes, rendent difficiles les prédictions sur le devenir des sociétés humaines (Robbins Schug et al., 2023). Par conséquent, les infrastructures, les investissements actuels et les activités humaines doivent prendre en compte les évolutions à venir et devront s’y adapter (ADEME, 2019).
Face aux changements, la question des comportements apparaît, de fait, comme une question cruciale, qu’il s’agisse d’observer et de comprendre les comportements, qu’il s’agisse de les modifier ou bien encore qu’il s’agisse de permettre l’adaptation en accompagnant les individus ou les structures. Or, les sciences comportementales en général, et la psychologie en particulier, sont idéalement situées pour répondre à ces questionnements et elles jouent un rôle de plus en plus prégnant.
Ainsi, dans ce contexte de transitions (i.e., écologiques, numériques, énergétiques et sociales), plusieurs enjeux nous semblent à mettre en exergue : des enjeux locaux – qui poseront la question de l’acceptabilité sociale et de l’accompagnement des changements sur les territoires – des enjeux globaux qui interrogeront la perception des risques liés aux technologies, à la qualité de l’air, à la sécurité routière… – et des enjeux à court et long termes – qui interrogerons, par exemple, la manière de prévenir et d’accompagner les futurs déplacements de population liés à la montée des eaux.
Les objectifs scientifiques de l’équipe PsyCAP consiste à :
- comprendre et accompagner la construction de l'acceptabilité individuelle et sociale dans les transitions (e.g., numériques, écologiques, énergétiques, sociales, etc.) ;
- étudier et analyser les comportements humains pour les comprendre et les prédire, en tenant compte des transitions écologiques, numériques, énergétiques et sociales qui modifient les dynamiques comportementales et les pratiques sociales ;
- produire des connaissances et des méthodologies sur l’accompagnement des changements induits par les mutations ou innovations technologiques, organisationnelles et environnementales.
Plus spécifiquement, l’équipe étudie : (1) les dimensions psychologiques (e.g., attitudes, normes, perceptions, représentations, etc.) permettant de prédire les comportements ; (2) les comportements dits subjectifs (i.e., auto-rapportés par les individus) et (3) les comportements dits objectifs (i.e., observables) en s’appuyant sur des compétences en sciences cognitives et en psychologie sociale pour aborder de manière complémentaire la notion de comportement.
Les chercheurs de l’équipe PsyCAP sont « chercheurs associées » au Laboratoire de Psychologie – Cognition, Comportement, Communication (LP3C, laboratoire sous la tutelle de l’Université Rennes 2, l’Université Bretagne Occidentale et l’Université Bretagne Sud – https://www.lp3c.fr/).
L’équipe travaille également avec :
- des partenaires scientifiques : CNRS, CSTB, ESTACA, IRCAM, Institut VEDECOM, Lab, Université Gustave Eiffel, Université de Toulouse Jean Jaurès, Université Grenoble Alpes, Université Savoie Mont Blanc…
- des gestionnaires routiers : APRR, CD22, CD35, DIR Ouest, DIRA, DIRIF, Vinci Autoroutes…
- des partenaires industriels : Renault, Stellantis, TwinswHeel, Colas, Aximum, Neavia…
- des acteurs territoriaux : Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Côtes-d’Armor, Véhipôle, CCI Bretagne, Directions Départementales des Territoires et de la Mer (DDTM) 22, 29, 35 et 56, Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) Bretagne…
Kévin Nadarajah
Titre de la thèse : « Engager les parties prenantes à adopter une posture d’ouverture dans un débat sur la transition énergétique ».
Directeurs : Stéphanie Bordel (Cerema) et Pr. Alain Somat (Université Rennes 2).
École doctorale : Éducation, langage, interactions, cognition, clinique. Date de soutenance : 16 décembre 2022.
Mehdi Chahir
Titre de la thèse : « Proposition et évaluation d'une méthode d'accompagnement du changement induit par le déploiement d'une nouvelle technologie dans les organisations ».
Directeurs : Stéphanie Bordel (Cerema) et Pr. Alain Somat (Université Rennes 2).
École doctorale : Éducation, langage, interactions, cognition, clinique. Date de soutenance : 27 septembre 2021.
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