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Transflash Mars - Avril 2016 (n°404)

De leur rôle natif qui permettait aux piétons et aux véhicules de traverser des axes fréquentés, les feux sont devenus au cours du temps un moyen de réguler les flux.

Des premiers feux en 1868 à nos jours

Le premier feu était muni d’une source lumineuse alimentée au gaz et de deux bras articulés actionnés par un policier pour permettre aux piétons de traverser une chaussée. Une explosion liée à une fuite de gaz a mis fin à son utilisation.

Dans les années 1900, un policier posté au centre de l’intersection (ou dans une tourelle de vigie) régulait la circulation des carrefours encombrés. À Paris, en 1912, un kiosque muni d’un système lumineux a été installé mais ce dispositif qui attirait les badauds fut très vite abandonné.

Les premiers feux lumineux électriques, d’abord bicolores à Salt-Lake City en 1912, puis tricolores à Detroit en 1920, ont été mis au point par des policiers. Le modèle tricolore s’est imposé comme standard en 1931.

Dès 1920 des automates pilotent des feux à New-York. L’automatisation sans cesse croissante va permettre d’adapter les durées de vert et de rouge aux variations du trafic. Avec l’arrivée de l’électronique dans les années 50, puis des premiers systèmes de régulation du trafic dans les années 1970 en enfin des microprocesseurs dans les années 80, les feux peuvent désormais réguler les flux.

Phasage habituel d’un carrefour en croix

 

Aujourd’hui, la France compte environ 30 000 carrefours à feux (5 à 12 carrefours à feux pour 10 000 habitants). Leur nombre augmente sensiblement encore aujourd’hui dans la plupart des grandes agglomérations notamment lors de la création de lignes de tramways ou de BHNS.

Et la sécurité ?

Beaucoup d’usagers perçoivent les feux comme des équipements de sécurité, mais l’étude des accidents remet en cause ce sentiment général. En effet, 14 % des accidents en France surviennent en carrefour à feux : 10 000 accidents par an, 1 500 blessés hospitalisés, et environ 150 tués.

Principales configurations d’accidents en carrefour à feux

Principales configurations d’accidents en carrefour à feux

Contrairement aux idées reçues, un usager a franchi le feu au rouge dans un tiers des cas seulement. Dans les autres situations d’accidents,on retrouve de manière prédominante les accidents avec véhicules effectuant un mouvement tournant, les accidents avec piétons, ainsi que les chocs arrières – spécifiques aux carrefours à feux (10 à 15 % des accidents). En ville, le franchissement involontaire de rouge est notamment dû au fait que la perception des couleurs est limitée à 30° autour de l’axe visuel et que tout événement qui détourne le regard d’un usager rend le feu non perceptible.

Des feux oui mais pas partout…

L’implantation de feux doit être réservée aux seules intersections qui le justifient. En effet, les feux nécessitent une maintenance performante et durable qui n’est pas toujours compatible avec les budgets des collectivités. La priorité à droite doit être privilégiée en premier lieu car elle favorise le débouché des voies à faible trafic sur les voies à plus fort trafic et contribue également à une réduction des vitesses.

Si la priorité à droite ne donne pas satisfaction, on envisage le giratoire, comme l’a expérimenté Nantes depuis de nombreuses années.

Enfin si ces deux solutions ne conviennent pas, on envisage les feux tricolores.

Perspectives

Nos villes évoluent : la généralisation des zones 30 et la réduction de trafic dans les centres - villes permettent d’envisager le retour de la priorité à droite.

La réglementation s’adapte également aux besoins des usagers :
◗ extension des possibilités données aux villes d’autoriser le franchissement du rouge par les cyclistes qui doivent néanmoins céder le passage aux autres usagers ;
passages piétons intelligents qui s’allument uniquement lorsqu’un piéton est détecté
(expérimentation de la métropole de Toulouse - Transflash de février 2016).

Le fonctionnement des feux pourra s’adapter au nombre de piétons en approche, à leur vitesse de marche, etc. grâce aux progrès des capteurs. Les communications infrastructures / véhicules, véhicules / véhicules et l’arrivée des véhicules « autonomes » auront indéniablement des impacts forts sur le fonctionnement des intersections.

Contact Cerema : Christophe.Damas@Cerema.fr