On entend souvent parler du « Maas », mais finalement quel est ce service/ cet outil ?
Le concept de Mobility as a Service (MaaS) consiste à réunir au sein d’une unique plateforme l’ensemble des offres de transport disponibles au sein d’un territoire, qu’ils soient publics ou privés. L’objectif est de faciliter les déplacements multimodaux, grâce à une information complète et à la possibilité de réserver et payer directe- ment sur la plateforme, avec une tarification adaptée à chaque profil d’usager (« pack de mobilité »). Mais ce n’est qu’un concept : il n’y a pas de définition précise, et il peut y avoir plusieurs types de services différents qui se rapportent à ce concept.
Qu’est-ce le « MaaS » apporte de plus à l’usager, par rapport aux applications et calculateurs d’itinéraires qui existent déjà ?
Aujourd’hui, beaucoup de collectivités ont déjà développé des applications recensant l’offre de mobilité sur leur territoire et proposant des calculateurs multimodaux.
Cependant, le panel des offres alimentant ces applications est partiel, il se limite souvent aux réseaux de transports publics, et intègre parfois le vélo (itinéraires cyclables et services de VLS) ou le covoiturage. L’ambition du MaaS serait d’intégrer également des services privés comme les taxis ou les VTC.
Par ailleurs, l’objectif du Maas est de proposer une solution clef en main pour l’usager en lui permettant non seule- ment d’identifier les modes de transport à sa disposition, mais également de les réserver (dans le cas du covoiturage par exemple) et de payer son titre de transport.
Quel est l’intérêt pour la puissance publique de développer un Maas ?
Afin de mettre en œuvre leurs politiques publiques de mobilité, les collectivités pourront s’appuyer sur un service de MaaS pour réduire l’usage de la voiture individuelle grâce aux alternatives efficace proposé par un tel service.
Un service de MaaS permet également de mettre en évidence des offres de mobilité parfois peu connues dans les territoires non desservis par les transports en commun, voire même de mettre en service de nouvelles offres.
Le Cerema interviendra sur ce sujet aux journées tech- niques organisées les 4 et 5 février 2019 par OuiShare : « Le Maas comme levier des politiques publiques ». Un MaaS peut être également porté par un acteur privé, le critère de rentabilité est alors le premier.
Concrètement, quelles collectivités ont déjà développé des Maas et quel usage en est fait ?
L’un des exemples de Maas les plus connus est « Whim » en Finlande, le premier a avoir été développé. Deux offres sont proposées à l’usager :
- l ’offre « Whim urban » à 49 € par mois qui propose un abonnement mensuel au réseau de TC public + des tarifs réduits pour la location de voiture (49 € par jour) et les taxis (10 € pour une distance inférieure à 5 km) + la gratuite pour les VLS (jusqu’à 30 min) ;
- l ’offre « Whim unlimited » à 499 € qui inclut l’abonnement TC, et l’usage illimité des VLS, taxis, location de voiture et covoiturage.
La plupart des utilisateurs souscrivent à l’offre « urban ». Les premiers retours sur l’usage (source : Maas Global), indiquent que parmi les utilisateurs de Whim, l’usage des transports collectifs est passé de 50 % à 75 % sur la période 2016-2017, tandis que la voiture est passée de 40 % à 20 %. En moyenne, un utilisateur de Whim utilise 4,5 fois le taxi par mois (contre 1 fois avant le mise en place du service), et dépense 125 € par mois pour les différents services de mobilité (contre 30 € avant, sans compter l’usage de sa voiture individuelle).
En France, des services se rapprochent du MaaS, sans en être pleinement : Le Compte Mobilité de Mulhouse propose un compte unique, une carte unique et le post-paiement, mais le bouquet de services de mobilité ne comporte que des offres publiques. D’autres approches se basent sur une application pour smartphone pour gérer l’identification et le paiement : c’est le cas d’Orléans (application Plan- Book-Ticket) et de Saint-Étienne (application Moovizy), mais là-encore le panel de modes est très limité et commence uniquement par le transport collectif.
De nombreux autres projets de MaaS sont à l’étude, notamment dans le cadre de l’appel à projets « Expérimentations pour le Développement de la Mobilité Servicielle » géré par l’Ademe.
● Contacts Cerema : Florence Girault – Laurent Chevereau