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Transflash Juillet - Août 2015 (n°399)

La Caverne du Pont d’Arc, ouverte depuis le 25 avril 2015, permet à un large public de visiter une restitution en grandeur réelle de la Grotte Chauvet.

Interview de Laurent Ughetto, 1er Vice Président du conseil départemental de l’Ardèche.

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Quelques semaines seulement après l’ouverture de la Caverne du Pont d’Arc, le succès semble au rendez-vous. Combien de visiteurs attendez-vous cette année?

400 000 visiteurs sont prévus cette année puis entre 250 000 et 300 000 par an par la suite. 3 500 visiteurs par jour sont attendus en été. Entre 2 000 et 2 500 visiteurs au printemps et à l’automne.

La question se pose évidemment de l’accès de tous ces visiteurs au site de la Caverne. Comment y avez - vous travaillé?

La Caverne du Pont d’Arc est située sur l’axe structurant le plus direct reliant la Vallée du Rhône au territoire de Vallon-Pont-d’Arc. Sitôt le choix du site entériné, en lien avec les principaux partenaires du projet, le Département a défini une stratégie pour assurer l’accessibilité et la desserte de l’espace de restitution et de son territoire environnant. Un plan de déplacements a été voté et s’est décliné en 25 actions opérationnelles.

L’offre de transport mise en place a principalement vocation à éviter aux touristes venant de Vallon-Pont-d’Arc d’utiliser leur voiture individuelle pour se rendre sur le site de la Caverne. La volonté politique, sur le territoire du Sud Ardèche, est de remplacer progressivement l’utilisation de la voiture individuelle par l’usage des transports en commun et des modes doux. Pour cela, il est nécessaire de proposer une offre de transport maillée permettant de se rendre vers tous les sites touristiques majeurs de la zone. Aujourd’hui, en complément de l’offre départementale et régionale existant toute l’année, un réseau de 4 lignes estivales irrigue le Sud-Ardèche à partir de Vallon-Pont-d’Arc, parmi lesquelles trois navettes gratuites permettent d’accéder à la Caverne depuis Vallon Pont d’Arc : deux desservent le site en direct, la troisième passe par les Gorges de l’Ardèche.

Quels ont été les acteurs institutionnels impliqués dans la mise en œuvre de cette nouvelle offre de transport et comment son financement a - t - il été assuré?

Le maître d’ouvrage de la Caverne du Pont d’Arc est un syndicat mixte créé pour l’occasion et associant l’État, la Région et le Département. Il a mis en place une délégation de service public pour assurer la gestion du site. Le délégataire s’est vu confier la gestion de la Caverne pour une durée de vingt ans.

En complément, le Département, la Région et la Communauté de Communes des Gorges de l’Ardèche ont pu s’appuyer sur le travail partenarial qu’ils mènent depuis plusieurs années afin de proposer une desserte fine du territoire en transports collectifs. La desserte de la Caverne a ainsi pu profiter du protocole signé par les trois collectivités, qui apporte une garantie de cofinancement par tiers pour toutes les actions liées à la mobilité mises en place sur le territoire.

Quel premier bilan pouvez-vous tirer des navettes mises en place pour desservir le site de la Caverne?

À la différence des autres stationnements définis sur le territoire du Sud Ardèche, qui ont été dimensionnés pour permettre un maximum de report modal sur les transports collectifs, le stationnement sur le site de la caverne est gratuit et a été calibré au cours du montage de la délégation de service public pour accueillir les flux touristiques plus réduits en début et fin de saison mais aussi pour absorber les pics de fréquentation liés à la pleine saison estivale.

Les navettes mises en place à l’ouverture de la Caverne restent donc pour l’instant relativement peu empruntées dans la mesure où, en début de saison, les visiteurs sont surtout des touristes de passage, qui empruntent peu l’offre de transport public locale et préfèrent venir jusqu’à la Caverne en voiture, en utilisant précisément le parking gratuit aménagé sur le site.

En été, avec l’arrivée de touristes installés plus durablement autour de Vallon-Pont-d’Arc, les navettes devraient connaître un regain d’intérêt. Il faudra donc attendre l’automne pour pouvoir faire un premier bilan complet.

Plus généralement, comment cette offre s’insère - t - elle dans la politique de mobilité durable menée par le département de l’Ardèche?

Depuis plusieurs années, nous avons mis en place le dispositif Sept l’été, constitué de lignes régulières
estivales qui circulent du 1er juillet au 31 août en direction des sites touristiques ardéchois. La volonté est d’inciter les touristes à abandonner leur voiture au profit des transports en commun pour visiter ces sites. Ce dispositif est assis sur une tarification attractive. Deux pass ont été créés : un Pass Journée à 3 € et un Pass 7 jours à 7 €. Nous allons lancer cette année la cinquième ligne Sept l’été et nous sommes en discussion avec des intercom- munalités pour en créer d’autres pour la saison estivale 2016.
En parallèle, nous avons passé des accords avec les entreprises de transport pour l’installation de porte - vélos à l’arrière des cars. Là aussi, cette action est menée en partenariat avec les intercommunalités qui cofinancent ces projets. Pour l’été 2015, 3 lignes régulières départementales seront ainsi équipées. Nous avons la volonté de développer l’usage du vélo sur notre territoire. Celui-ci étant relativement accidenté, nous avons également incité les intercommunalités à s’équiper de vélos à assistance électrique, au travers d’un appel à projets largement cofinancé par le Département. Ces vélos pourront être mis à la disposition des touristes mais aussi des habitants des territoires qui ne doivent pas non plus être oubliés.
Les intercommunalités ont un vrai rôle de proximité à jouer en matière de mobilité. Elles connaissent parfaitement les caractéristiques de leur territoire et les attentes de leurs habitants. Elles doivent donc être partie prenante dans tous les projets touchant à la mobilité mais manquent de ressources internes pour développer ces projets. Elles se tournent donc vers le Département pour bénéficier de son expérience et de son ingénierie en matière de transports. Chaque fois que nous sommes sollicités, nous veillons donc à accompagner le plus possible les intercommunalités dans le portage de leurs projets. C’est la dynamique que nous sommes en train d’impulser au niveau du Département de l’Ardèche, en impliquant fortement les intercommunalités à la fois dans la construction de l’offre de transports sur leur territoire, mais aussi dans son cofinancement.

Puisque vous évoquez les intercommunalités, quelles conséquences la création du périmètre de transport urbain de la Communauté de Communes des Gorges de l’Ardèche pourrait - elle avoir sur l’organisation de la desserte de la Caverne?

La mission du Syndicat mixte était essentiellement de réaliser la construction de La Caverne du pont d’Arc. Depuis l’ouverture du site, son rôle est amené à être redéfini. C’est au Département, autorité de transports sur ce territoire que revient la mission d’accompagner la Communauté de Communes dans la prise de compétence qui découlera de la création de son PTU. L’enjeu est qu’elle définisse sa propre politique de transports, celle qui correspond le mieux aux besoins de ses habitants mais aussi des touristes, qui viennent multiplier par dix le nombre de résidents en période estivale. Cette politique doit lui permettre de définir un niveau d’offre rationnel, une tarification adaptée, le tout en lien avec une politique de stationnement cohérente. Le Département restera très présent aux côtés de la Communauté de Communes dans cet apprentissage de son nouveau rôle d’autorité organisatrice des transports urbains.

Pour en savoir plus : www.ardeche.fr et www.cc-gorgesardeche.fr

Voir aussi : les publications du Cerema « transports urbains et tourisme »