Cette démarche, réalisée conjointement par les groupes Mobilité et territoires (MT) et Connaissance du foncier et de ses usages(CFU) du Cerema Hauts-de-France s’est déroulée en 5 étapes:
1ère étape : des habitudes de déplacement identifiées dans la base unifiée EMC²
Les enquêtes mobilité certifiées Cerema (EMC²), représentant un total de 642 000 personnes interrogées, montrent que plus l’âge avance, plus les individus marchent et deviennent passager de la voiture, mais la voiture en tant que conducteur reste le second mode de transport au-delà de 74 ans.
A partir des données la base unifiée des EMC2, le choix a été fait de pendre le 80è percentile des temps de déplacements des individus de 85 ans et plus pour fixer les durées de parcours maximales :
- Marche : 20 minutes à 4km/h
- Voiture individuelle conducteur: 20 minutes
- Transports en commun : 40 minutes
2ème étape : sélection de services utiles aux seniors sur la base de paniers construits par l’INSEE
Une palette de 27 services répertoriés dans la Base permanente des équipements (BPE 2019, INSEE) et issus de deux paniers constitués par l’INSEE (paniers "vie courante" et "seniors") a été retenue pour construire le zonage. Ces paniers comportent des commerces de proximité, des établissements de santé ou encore des équipements de loisirs.
11 de ces services, qualifiés de "services du quotidien" ont été pris en compte pour le calcul des temps de trajets à pieds tandis que l’ensemble des 27 services a été retenu pour la voiture et les transports en commun (Le calcul de l’accessibilité aux transports collectifs a été rendu possible par l’existence en région Hauts-de-France d’une base de données unifiée du réseau de transports collectifs).
3ème étape : Pour chaque parcelle contenant au moins un logement, calcul du nombre total de services accessibles et le temps de parcours pour accéder au service le plus éloigné
Pour le département du Nord, environ 77 000 services ont été géolocalisés et plus de 800 000 parcelles avec logement(s). Le nombre de services et de parcelles étant trop important pour calculer l’accès de chaque parcelle à chaque service, le choix a été fait de découper le département du Nord en hexagones distants de 250m.
L’accessibilité au panier de services des parcelles est obtenue en leur affectant l’accessibilité de la cellule hexagonale à laquelle elles appartiennent. Il a été retenu une arrivée aux services un mardi à 10h au plus tard, soit en dehors des heures de pointe pour les temps de parcours en voiture et en transports en commun.
4ème étape : Attribution d’une note prenant en considération à la fois le nombre de services accessibles et le temps d’accès à ces services afin de construire le zonage
Pour chacune des parcelles, une note a ensuite été attribuée en fonction du nombre de services accessibles et des temps de trajet pour chaque mode de déplacement. Une moyenne des notes marche à pieds, voiture et transports en commun a été calculée en appliquant une pondération sur la marche, étant donné que plus les personnes vieillissent et plus elles privilégient ce moyen de déplacement.
La note attribuée à chaque parcelle d’habitation a permis de hiérarchiser les territoires en fonction du niveau de services et de construire un zonage.
5ème étape : Une approche du niveau de services d’aide à domicile en s’appuyant sur des travaux de la DREES
Le zonage préalablement construit a ensuite été complété par un indicateur communal du niveau de services d’aide à domicile pour les personnes âgées. La BPE ne permet, en effet, pas de disposer d’informations complètes sur ces services pourtant indispensables lorsque l’on traite du grand âge.
Issus de travaux exploratoires menés par la DRESS, l’indicateur communal, dénommé "Accessibilité Potentielle Localisée (APL)", permet d’estimer les disponibilités de l'offre de services procurant une assistance aux personnes âgées à domicile située à moins de 30 minutes.
Perspectives :
Petites villes de demain)
Sans se substituer à la connaissance pratique qu’ont les acteurs de terrain et les élus de leur territoire, ce prototype de zonage pourrait permettre de venir en appui de politiques d’offre en matière de logements adaptés en fonction du niveau de services des territoires. Il permettrait également de mettre en lumière les quartiers moins dotés en services qui pourraient bénéficier de politiques visant à rééquilibrer l’offre au sein d’un territoire
Ce zonage test constitue une première étape dont la méthodologie mériterait d’être éprouvée auprès d’acteurs locaux (réseaux ACV, petites villes de demain…) afin de procéder à des ajustements méthodologiques (seuils et services retenus, construction de la notation) avant une extension éventuelle à une échelle nationale.