Lorsque la sécurité routière est abordée en France, elle est souvent évoquée par des commentaires portant sur l’évolution de l’accidentalité, les propositions issues d’un comité interministériel ou des commentaires sur des faits divers malheureux.
Or la sécurité routière s’avère en fait une question internationale par l’existence d’échanges et de coopérations entre les pays[1], le partage de savoirs et de savoir-faire entre des équipes de recherche de pays divers, par la réalisation de projets de recherche internationaux ou dans le cadre de coopérations bilatérales.
Des instances internationales
Alors que l’anglais prédomine dans de nombreuses instances et comme langue de référence pour un certain nombre de revues, l’usage du français garde toute son importance comme langue de travail dans des instances internationales comme PIARC (association mondiale de la route), où la France occupe ou a occupé à plusieurs reprises le secrétariat francophone du sous-comité technique traitant de la sécurité routière, et dans lequel elle est activement représentée notamment par des membres issus du Cerema et de l’Université Gustave Eiffel.
Par ailleurs, la présidence de l’International Traffic Safety Data and Analysis Group (IRTAD) est assurée par la France, tandis que le siège du Forum international des transports est installé à Paris. Le français étant une langue de travail, cela permet rendre disponible des rapports internationaux dans cette langue et de rendre accessibles et compréhensibles les savoirs au sein de la communauté francophone.
Le Diplôme Universitaire pour l’Afrique
L’Université Gustave Effel et le Cerema collaborent également au sein du Diplôme universitaire pour l’Afrique[2], dont l’objectif est de former des acteurs clés francophones afin qu’ils puissent mettre en œuvre une politique de sécurité routière efficace en mobilisant les savoirs et les savoir-faire.
Cette formation unique en français permet de renforcer les compétence des personnes qui ont ou auront à exercer des responsabilités au sein des organisations publiques et privées de leurs pays. Cette formation participe également à la constitution progressive d’un réseau francophone et le maintien de coopérations[3] entre les différents pays et leurs homologues français.
La coopération et les échanges privilégiés entre acteurs francophones en matière de sécurité routière s'étendent également au domaine de la recherche et s’expriment au sein de différentes instances.
Les rencontres francophones transport mobilité - RFTM
Chaque année, les rencontres francophones transport mobilité (RFTM) sont organisées. La prochaine édition, la septième, se tiendra à Dunkerque en juin 2025[4].
Lors de ces rencontres, des sessions Sécurité routière organisées conjointement par le Cerema et l’Université Gustave Eiffel accueillent des présentations de résultats de recherche et d’expertise issues du monde francophone des continents africains, américains et européens. Au cours de cette conférence, propice à l’échange et aux coopérations se tissent des réseaux de chercheurs. La dernière édition organisée à Bruxelles, forte d’une quinzaine d’interventions, a montré une réelle dynamique en matière de recherche en sécurité routière et un fort enthousiasme des chercheurs à partager leurs résultats, portant sur la sécurité routière des cyclistes, l’usage des nouvelles technologies, ou encore l’évaluation de mesures de sécurité routière.
Les journées francophones de la sécurité routières - JFSR
Les journées francophones de la sécurité routière (JFSR)[5] constituent un autre événement plaçant en son cœur la francophonie. Après les éditions organisées à Québec (2019) et à Namur (2022), les JFSR se sont tenues à Marne-la-Vallée sur le campus de l’Université Gustave Eiffel avec l’appui de la fédération MoSaR (Mobilité et Sécurité Routière) de l’UGE. Le Cerema a participé activement à cet événement qui a été largement salué par les participants pour la diversité des sujets présentés et la qualité des interventions. Sa participation s’est également étendue à la journée des chercheurs, qui se voulait un temps plus informel de partage de connaissances sur quelques résultats de recherche et la présentation de l’organisation de la sécurité routière dans différents pays.
Les JFSR présentent la particularité de constituer un forum d’échanges d’idées, de résultats de recherche et de pratiques entre les mondes académiques, du décideur et des praticiens publics et privés. Les thématiques relatives au partage de la voirie, des pratiques policières, des conséquences des accidents, des enjeux pour les aînés ont fait l’objet d’échanges fournis et passionnés. Des collègues québécois, belges, luxembourgeois, béninois, sénégalais, iraniens parmi d’autres étaient présents et ont montré par leurs contributions que la recherche francophone en sécurité routière existe bel et bien et s’avère pleine de promesses pour l’avenir.
Article co-écrit en collaboration entre l’UGE (Laurent Carnis) et le Cerema (Thomas Durlin et Vincent Ledoux)
[1] On peut ainsi mentionner le Fersi ou forum des instituts de sécurité routière européens.
[2] https://formations.univ-gustave-eiffel.fr/diplome-universitaire-ou-inter-universitaire/detail/securite-routiere-en-afrique-113
[3] Expertise Cameroun
[4] https://rftm2025.sciencesconf.org/
[5] https://jfsr.org/