24 mai 2024
Aménagement cyclable et tram à STrasbourg
Cerema
Alors que les mobilités évoluent en fonction des attentes des habitants et pour répondre aux enjeux de décarbonation et de transition énergétique, l’objectif pour les collectivités, les autorités organisatrices de mobilités et les différents opérateurs de mobilité est de parvenir à faire converger l’offre et la demande dans un contexte économique contraint.
Les Journées Européennes de la Mobilité de Strasbourg qui se sont tenues les 16 et 17 mai, ont réuni 150 acteurs européens de la mobilité pour partager connaissances et retours d’expériences sur les solutions en matière d’accompagnement des nouvelles pratiques, de gestion de l’espace public, d'aménagement des villes , de complémentarité des modes de transport…

Les Journées Européennes de la Mobilités de Strasbourg, organisées les 16 et 17 mai 2024 par le Cerema et le CNFPT, en partenariat avec l’Eurométropole de Strasbourg, le GART, l’UTP, la MOT, l’UGE, l’ADEUS (Agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin supérieur), la FNAU (Fédération Nationale des Agences d'Urbanisme), et le réseau européen POLIS.

Jean-Marc Offner, président de l'École urbaine de Sciences Po, grand témoin de ces journées, a apporté son éclairage.

Ce rendez-vous qui a lieu tous les deux ans réunit experts et chercheurs français, européens et internationaux afin de "comparer pour mieux comprendre" et "comprendre pour agir plus efficacement". Il s’est déroulé autour de quatre séquences :

  1. Habitants et territoires : peut-on concilier les attentes ?
  2. Espaces publics : nouveaux usages, nouveaux partages
  3. Table ronde : « La ville de proximité est-elle encore loin ?
  4. Les transports publics, entre multimodalité et contraintes financières

 

Accompagner les transitions des mobilités

L’urgence écologique et la nécessité qu’elle entraine d’atteindre le plus rapidement possible des objectifs de plus en plus élevés en matière de décarbonation des mobilités poussent les villes européennes à développer des politiques publiques ambitieuses aussi bien pour la réduction de la place accordée à la voiture individuelle thermique que pour le développement des modes actifs (marche, vélo) ou l’usage des transports collectifs. Ces politiques se traduisent d’un côté par la mise en place de contraintes de plus en plus fortes, de l’autre par le développement de politiques de l’offre dans un contexte marqué par une succession voire une accumulation de crises (crise sanitaire, crise énergétique, crise économique...) impactant fortement les capacités financières des villes et des acteurs du transport. 

Dans ce contexte, la mise en place d’une offre de services de mobilité alternative à l’automobile individuelle de plus en plus importante à la fois quantitativement et qualitativement risque de générer une demande de plus en plus difficile et coûteuse à satisfaire. Faut-il alors continuer à courir après la demande ? Quelles sont les autres voies possibles vers une transition mobilitaire réaliste et soutenable ?

 

Christophe Cazeau - TERRA

 

Ces questions ont été abordées dans une perspective européenne, en confrontant visions et pratiques :

Pour les transports collectifs : Dans un secteur pour lequel les coûts d’investissement sont souvent très élevés (tramway, métro, REM, TER) et dans un contexte dans lequel les coûts de l’énergie sont croissants, et parfois de façon brutale et imprévisible, peut-on poursuivre l’extension des réseaux existants, en mettre en place de nouveaux, améliorer la capacité et les fréquences ? Quels nouveaux modes de financement, systèmes de tarification et modèles économiques mettre en place ? Comment prévenir ou faire face à la saturation des services ? Comment développer l’intermodalité et favoriser la complémentarité entre modes ?

Pour les espaces publics : Alors que les espaces publics doivent désormais réserver une place croissante au végétal, entre rue apaisée, voire "nue" et voieries segmentées en autant de pistes affectées à un mode exclusif (automobile, bus, tramway, vélo, marche, etc.) comment faire face à une croissance significative de la part modale des modes actifs ? Quels nouveaux réseaux (cyclables en particulier) mettre en place ? Quel partage de la voirie ? Quelle gestion temporelle de ces infrastructures aux capacités structurellement limitées ?

Pour les habitants de villes et de leurs périphéries : Confrontés à une restriction de leur liberté d’usage de l’automobile mais également à une multiplication de solutions de mobilités possibles, plus ou moins adaptées, quelle acceptabilité sociale des changements, parfois brutaux, en cours ? Quels désirs de changement mais aussi quelles difficultés à adopter de nouvelles pratiques désirées ou imposées ?
Comment accompagner ces changements et les aider à adopter de nouvelles pratiques ? Quelles nouvelles stratégies mobilitaires, résidentielles et professionnelles ? Comment mieux les appréhender ?

 

Les interventions de la journée :

Des actes seront publiés prochainement. Les replays et les présentations des deux journées sont disponibles :

Conférence d’ouverture 

Christoph Erdmenger, Directeur du Département “Mobilité durable” du Ministère des Transports Bade-Wurtemberg, Focus sur les objectifs climatiques : L'approche du Bade-Wurtemberg en matière de planification des transports :

  • le scénario de protection du climat, 
  • les cinq objectifs climatiques pour la transformation des transports, 
  • le concept de mobilité climatique 
  • les plans de mobilité climatique (SUMP)
  • des instruments prometteurs, comme le passeport mobilité inspiré du versement mobilité français, ou la gestion des places parking.

 

Session 1 – Habitants et territoires : des attentes conciliables ?

  • Justine Contor, Alice Michaux, Université de Liège, Réflexion à propos des enjeux de genre liés à la transition mobilitaire, afin que celle-ci soit profitable à toutes et tous.
  • Lucia Mejia Dorantes, Lidia Montero, Jaume Barelo, Universitat Politecnica de Catalunya, Repenser les mobilités : implications politiques de l'utilisation d'indicateurs de fragmentation des séquences d’activités individuelles
  • Lluis Martinez, Imre Keserü, Thiri Soe, Vrije Universiteit Brussel, Deloitte, Faire progresser la mobilité urbaine durable et inclusive : leçons tirées d’interventions temporaires
  • Agathe Collard, Agence du Climat de Strasbourg, Le conseil en mobilité décarbonée : un outil d’accompagnement au changement de comportement
  • Bénédicte Rozes, MOBICOOP, Quels accompagnements des habitants pour changer les mobilités, témoignage croisé décideur, opérateur, animateur

Session 2 – Espaces publics : nouveaux usages, nouveaux partages 

  • Lucy Sadler, Sadler Consultants Europe GmbH, Améliorer les espaces publics grâce à la réglementation sur l'accès des véhicules en ville 
  • Didier Vancutsem, Faculté d’Architecture La Cambre Horta, Espace publics partagés – une nouvelle philosophie de conception pour les centres-villes en Allemagne, Suisse et Pays-Bas ; Rapport d’expériences
  • Michael Glotz-Richter, Gloricon Glotz-Richter Consult, Des pistes pour une meilleure utilisation de l'espace public
  • Jean-Baptiste Derdoy, Julien Hervé, Patrick Klein, PTV, Eurométropole de Strasbourg, Diagnostic des usages du vélo dans l’Eurométropole de Strasbourg
  • Nicolas Speisser, Cerema, Les couloirs bus bidirectionnels à voie unique : un outil innovant pour améliorer la performance des bus et optimiser l’usage de l’espace public.

 

Session 3 – Table ronde : La ville des proximités, c’est encore loin ?

Quelle forme peut prendre aujourd’hui une ville des courtes distances ? A quelle échelle le concept de ville des 15 minutes peut-il avoir du sens ? Pour qui ? S’agit-il d’une réponse réaliste aux difficultés à concilier attentes des habitants et offre de services de mobilité ? 

  • Benjamin Büttner, Chercheur, Technishe Universität München
  • Justine Gangneux, Coordinatrice de projets, Eurocities
  • Maïke Puhe, Chercheuse, Karlsruhe Institute of Technology
  • Maud Renon, Directrice adjointe des Mobilités, Eurométropole de Strasbourg
  • Maria Schnurr, Chercheuse Senior, RISE Research Institutes of Sweden, Göteborg
  • Pieter Faber, Chef du Service Europe, Cities Northern Netherlands

 

Forum pour l’avenir franco-allemand

Emilie Sani, Relations Parlement et Gouvernement, Forum pour l’avenir franco-allemand, a présenté le Forum pour l’avenir franco-allemand, plateforme de praticiens et d’experts mis en œuvre par France Stratégie et le Research Institute for Sustainability (RIFS), Helmholtz Centre Potsdam et réunissant des experts des deux pays. Il a élaboré des recommandations de politique publique pour optimiser les usages de la voirie en faveur du développement durable et renforcer le financement des transports publics.

 

Session 4 – Les transports collectifs, entre multimodalité et contraintes financières

  • Alexandre Santacreu, European Metropolitan Transport Authorities, Réduire le coût des opérations de transport public, renforcer leur financement, augmenter la fréquentation : un panorama des bonnes pratiques en Europe
  • Eugenia Kolb, Ministère des transports du Baden-Württemberg, Projets politiques visant à promouvoir les transports publics transfrontaliers
  • Guy Le Bras, Groupement des Autorités Responsables de Transport (GART), La transition énergétique et le choc d’offre sont-ils compatibles avec les finances contraintes des collectivités ?
  • Xavier Descamps, Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS), Quels développements possibles des transports publics dans un contexte financier sous tension ?
  • Laurence Medioni, MATAWAN, La mobilité "d’utilité publique" pour une mobilité libre inclusive et durable
  • Timothée Mangeart, Université Gustave Eiffel, Véhicules en libre-service : état des lieux et pistes pour une plus grande intégration multimodale.
     

Conclusion :

Jean-Marc Offner, Président de l’Ecole urbaine de Sciences Po Paris, Grand témoin des JEMS 2024