Focus sur l’action du Cerema pour le compte d’ENEDIS dont l’objectif est d’élaborer une démarche de réemploi des matériaux extraits des tranchées.
En 2020, la consommation intérieure apparente de matières en France s’élève à 693 millions de tonnes, constituée pour moitié de matériaux de construction (graviers et sables, granulats)(1). Sur la même année, 310 millions de tonnes de déchets ont été produits par l’ensemble des activités économiques en France, dont 213 Mt sont issues du secteur du BTP, soit 76 % en masse, de la totalité des déchets générés(2).
Le secteur du BTP est le plus grand consommateur de ressources et producteur de déchets. De plus, les travaux publics représentent 3,5 % des émissions carbone en France, soit 23 millions de tonnes de CO2(3).
Déployer l'économie circulaire dans le BTP et réduire les émissions carbone
Une stratégie nationale bas-carbone (SNBC, 2020) définit les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les objectifs sont déclinés au secteur des TP au travers du pacte d’engagement des acteurs des infrastructures de mobilité, avec le soutien des collectivités locales (septembre 2020). Parmi les engagements, les acteurs des infrastructures de mobilité s’engagent à développer une infrastructure bas-carbone et à mettre en place une dynamique d’économie circulaire des ressources naturelles. Pour Enedis, le réemploi des matériaux extraits des tranchées pour le remblayage après la pose du réseau, et l’utilisation de matériaux recyclés, permettent d’agir en faveur de la réduction des émissions carbone et sur la préservation des ressources.
Dans un souci de faire évoluer ses pratiques vers la décarbonation de ses activités et la mise en place d’une économie circulaire, Enedis s’est rapproché du Cerema afin de développer une méthode opérationnelle de réemploi. Cette méthode est élargie à l’utilisation de matériaux recyclés issus des installations de recyclage. La démarche est développée sur les travaux sous chaussée, sous trottoir et en accotement, en prenant exemple du territoire rhôdanien. Elle se veut toutefois reproductible à d’autres territoires.
Le guide Rhône-Alpes d’utilisation en travaux publics des graves de déconstruction (Cerema, 2014, en cours de mise à jour) précise les domaines d’utilisation en tranchées des matériaux recyclés. Concernant le réemploi, la méthode est à développer avec également un besoin d’informer les gestionnaires de voirie sur les démarches en cours et de présenter l’intérêt de faciliter le réemploi des matériaux du site et l’utilisation de matériaux recyclés.
L’une des difficultés pour l’élaboration d’une telle méthode provient notamment d’une méconnaissance des matériaux présents lors de l’ouverture de la tranchée eu égard aux exigences de performance de remblaiement inscrites dans le règlement de voirie et aux contraintes de rendement du chantier pour réduire la période de désagrément liée aux travaux sur la voirie.
Une méthode reproductible
Les objectifs de la méthode :
Les gestionnaires de voiries de la Drôme et de la Loire, Enedis, les entreprises TP et Cerema partagent l’ambition de généraliser à terme les chantiers bas carbone. Une démarche collaborative a ainsi été lancée pour des expérimentations terrain : l’étude approfondie de trois chantiers représentatifs par le Cerema, deux dans la Drôme sur des territoires ruraux et un dans la Loire sur un territoire péri-urbain.
Les retours d’expériences ont pour vocation de contribuer à la mise à jour des process et pratiques pour maximiser notamment le réemploi des matériaux excavés des tranchées.
Le Cerema a ainsi co-construit la méthode avec tous les différents acteurs (Enedis, gestionnaire de voirie, entreprise TP) en prenant en compte leurs contraintes et missions tout au long du chantier.
La méthode se décompose en trois étapes :
Etape 1 –Anticiper les performances mécaniques des matériaux extraits
L’objectif est de connaitre, à l’amont des travaux, les matériaux et leur potentiel de réemploi. Plusieurs configurations peuvent se présenter :
- Les travaux sont réalisés en accotement : les matériaux identifiés peuvent correspondre aux matériaux d’origine du site. Leur réemploi nature peut donc être appréciée par l’étude de la géologie du site. Le Cerema a établi une clé de passage entre la géologie et possibilité de réemploi des matériaux sur tout ou partie de la tranchée.
- Les travaux sont réalisés sous chaussée ou sous trottoir : les matériaux identifiés sont généralement des matériaux d’apports sur la structure supérieure de la tranchée et des matériaux du site sur la structure inférieure de celle-ci.
Les matériaux extraits directement sous les couches d’enrobé de la chaussée ou de trottoir ont, en première approche, les performances requises pour un usage identique.
Les différents contextes géologiques rencontrés, les différents types de voie et la localisation du tracé permettent ensuite de positionner les sondages à l’amont du chantier. L’appréciation du réemploi peut être réalisée par un contrôle visuel des matériaux ou des essais de caractérisation.
A l’issue de cette étape, il est possible de statuer sur :