4 mai 2018
Realité augmentée: le numérique dans les usages du qotidien
L'un des impacts forts du numérique est d'amplifier le réel, et c'est également vrai pour l'espace public. Disponibilité d'informations ou de services numériques, mais aussi changement ou détournement des usages : la présence du numérique fait évoluer l'espace public.

Cet article fait partie du dossier "Enjeux du numérique sur l’espace public".

L'amplification du réel via LE MOBILIER connecté

L'espace public est un lieu de mise à disposition de services publics, via le mobilier urbain ou l'affichage d'informations. Avec le numérique, cette fonction est amplifiée à plusieurs titres :

  • le mobilier urbain existant peut devenir "connecté" : la Ville de Saint-Etienne expérimente par exemple des bancs permettant de recharger les smartphones ;
  • de nouveaux services peuvent aussi faire leur apparition, tels les totems tactiles e-Village installés à Aix-en-Provence depuis 2014, qui permettent d'accéder via un écran à divers applications et services de la ville ;
  • enfin, l'information digitalisée prend de plus en plus de place dans l'espace public : la Métropole de Lyon teste par exemple des panneaux de signalisation dynamique avec le dispositif iGirouette (photo ci-dessous).
iGirouette - Lyon Part Dieu
iGirouette sur le parvis de la gare Part-Dieu à Lyon

Si le numérique prend forme concrètement dans l'espace public via le mobilier, cela n'est pas sans poser question : s’agit-il de rendre notre rapport à la ville plus facile et plus fluide ? Cela permet-il d'optimiser les temps d'attentes (les abribus - à Paris par exemple - sont en effet des lieux privilégiés de diffusion d'information) ? N'y a-t-il pas un risque de multiplication des sollicitations, avec un modèle économique dépendant de la publicité et de la récupération de données personnelles (comme le pointe par exemple cet article de la Gazette des Communes) ?

 

Des espaces plus ludiques ?

Au-delà du mobilier, cette "augmentation" de l'espace public par le numérique prend également la forme d'applications en ligne, et à distance, ou de jeux en réalité augmentée.

L'immersion virtuelle peut être utilisée comme un moyen de diffuser de l'information sur un espace public sans y aller physiquement. Par exemple, le Cerema propose une visite virtuelle du réaménagement de la commune d'Ambérieux d'Azergues, ce qui permet de mettre en regard les espaces aménagés avec leur version antérieure, d'accéder à des commentaires, tout cela via des photos 360° qui permettent de s'immerger.

Pour mieux appréhender la ville, des applications aident à la visiter, la connaître, apprendre son histoire, etc. C'est le cas de l'application Patrimap (image ci-dessous) qui donne des informations sur le patrimoine de Paris, via la proposition de balades et même d'un jeu : cumuler des points pour gagner des lots.

Application Patrimap à Paris
Copies d'écran de Patrimap : listes d'éléments à proximité, et carte d'une balade

 

Le Sud Ouest Vendée Géotour constitue un autre exemple, à mi-chemin entre jeu de piste et sentier touristique dématérialisé. En utilisant le Géocaching - jeu de piste mondial et contributif grâce au numérique - le SyMPTAMM (Syndicat Mixte des Pays du Talmondais, des Achards, du Moutierrois et du Mareuillais) utilise un dispositif ludique déjà existant pour mettre en valeur son territoire, et attirer des touristes.

Le numérique, en rajoutant une dimension informative et/ou ludique, peut attirer l'attention sur certains espaces et certains territoires. En créant une continuité entre l'activité en ligne et l'expérience terrain de l'espace public, ces applications peuvent alors devenir une dimension non négligeable d'une stratégie de marketing territorial.

 

Des usages non prévus

Nous avons pu montrer jusque-là des exemples de numérique "maîtrisé" et utilisé à des fins de communication. D'autres dispositifs induisent, volontairement ou non, de nouveaux usages de l'espace public, parfois spontanés et non prévus. Les attroupements de joueurs de Pokemon Go de l’été 2016 montrent le caractère imprévisible des usages, lorsque les relations construites dans l'espace virtuel se transposent dans l'espace physique. Cet article de pop up urbain décline quelques enseignements : porosité privé / public, évolutivité des fonctions et usages, etc.

La réalité augmentée permet aussi de diffuser des productions artistiques. L'association Re+Public l'a par exemple utilisée pour mettre en valeur le street art dans l'espace public lors du festival Art Basel à Miami en 2012. De façon plus revendicative, NO AD est une application de réalité augmentée (également issue de Re+Public) qui "remplace" les panneaux publicitaires par des œuvres d'art dans le métro new-yorkais.

Ces exemples relèvent d'un certain détournement - voulu ou non - de l'espace public.

 

Communication, marketing territorial, publicité, détournement... Assiste-t-on à une instrumentalisation de l'espace public ?

Voir l'article suivant : quand l'espace public crée de la donnée...