Alors que les défis du réchauffement climatique, de la qualité de l’air et des inégalités
sociales et géographiques face aux questions de mobilité se sont considérablement affirmés, les attentes autour des pôles d’échanges sont plus vives que jamais.
Développer un projet cohérent en partenariat
Mais parce qu’ils sont par essence à forte vocation partenariale, les projets de pôles d’échanges souffrent toujours d’un morcellement des interventions et de la fragmentation de l’action publique en matière de transport, de mobilité, d’aménagement.
Comment faire émerger une vision globale de l’objet pôle d’échanges au-delà de l’éclatement généré par l’hétérogénéité des réseaux qui s’y rencontrent, des différentes stratégies ou des logiques d’action en présence ?
Des points de vue les plus théoriques aux préoccupations les plus pratiques, la question de l’unité du pôle d’échanges se pose sous de multiples facettes :
- l’unité en soi de l’objet « pôle d’échanges » ne relève pas de l’évidence : « gare », « gare routière », « parc-relais », « vélostation », « aire de covoiturage »… désignent autant de « modules » nécessaires à l’intermodalité, que l’expression de pôle d’échanges ne parvient pas à homogénéiser ;
- l’unité de projet dépend du croisement de stratégies territoriales, d’une convergence d’enjeux et d’objectifs à un moment donné. L’essence même d’un pôle d’échanges est fondée sur la convergence de politiques publiques afin de définir un projet intermodal commun ;
- l’unité d’action concerne la conduite des projets de pôles d’échanges. Il faut d’abord définir en partenariat une approche coordonnée, puis maintenir la cohérence des choix d’aménagements par une gouvernance adaptée, depuis les études préalables jusqu’à la mise en service ;
- l’unité de lieu pose la question du dimensionnement des espaces et de la morphologie des pôles d’échanges. La place à accorder à chacun des modes et des équipements qui les accompagnent doit s’apprécier dans une composition d’ensemble du site, cohérente dans l’espace et dans le temps ;
- enfin, l’unité de gestion des pôles d’échanges porte sur la capacité à assurer un bon fonctionnement général des lieux d’intermodalité.
Ces cinq axes de lecture de l’unité du pôle d’échanges que sont les unités d’objet, de projet, d’action, de lieu et de gestion guident cette contribution et permettent d’organiser les cinq parties de cette publication.
Capitalisation et retours d’expériences
Cet ouvrage a été produit à l’initiative du Cerema dans le cadre d’une demande de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer du ministère de la Transition écologique et solidaire. Il s’inscrit dans la contribution du Cerema à la mise en oeuvre de l’une des soixante-quatorze mesures de la feuille de route 2015 issue des trois tables rondes de la Conférence environnementale 2014.
En effet, la mesure 30/a prévoit que, « en vue de développer l’intermodalité voyageurs, le Gouvernement et les autorités organisatrices de la mobilité, avec les Régions chefs de file, lanceront une réflexion sur la conception, les fonctionnalités et la gestion des pôles multimodaux de transport de voyageurs ».
Cet ouvrage s’appuie sur des travaux produits ou capitalisés par le Cerema (ex-Certu) depuis plusieurs années. Il mobilise également des réflexions, des exemples et enseignements méthodologiques tirés des formations animées régulièrement par des spécialistes du Cerema pour différents organismes [1]
Ces éléments ont été complétés par les apports de différents représentants d’institutions impliquées dans les projets (Gares & Connexions, Fédération nationale du transport de voyageurs, Union des transports publics, Fédération nationale des associations d’usagers des transports) lors d’un séminaire d’échanges organisé en novembre 2015.
[1] Ponts-Formation-Conseil : Concevoir et gérer les pôles d’échanges au cœur de la multimodalité ; Ponts-Formation-Conseil : Gares et villes en devenir : stratégies et projets urbains ; CNFPT : Maîtrise d’ouvrage et gouvernance des gares et pôles d’échanges multimodaux.