1. Varier les espèces, éviter les monocultures
Nul ne sait encore comment les arbres vont réagir au réchauffement climatique et aux nouvelles maladies que celui-ci devrait générer.
Les alignements monospécifiques, comme les allées de marronniers, sont élégants mais fragiles. Les 42.000 platanes du canal du Midi dépérissent tous en raison d’un champignon venu d’ailleurs ; idem pour les buis des jardins à la Française.
La seule façon de garantir des plantations pérennes est de miser sur leur variété et de procéder par essai-erreur : observer comment chaque essence répond, construire les connaissances, pour ne garder que les plus adaptées. Cette diversification implique de changer notre regard sur la nature en ville et ses codes esthétiques.
2. "Penser local" et biodiversité
Les arbres indigènes sont des refuges pour la faune locale, les oiseaux et les pollinisateurs. Ceux venus d’ailleurs, beaucoup moins car ils gardent leur écosystème d’origine. Prenons le platane : pourtant présent en France depuis maintenant 300 ans, cette espèce acclimatée n’est associée qu’à deux types d’insectes contre 400 pour le chêne ou le saule.
Se tourner vers les espèces indigènes vient bousculer la culture des villes, habituées à privilégier les essences exotiques ou décoratives (telles le magnolia). Sans y renoncer totalement, il s’agit de rétablir un certain équilibre en faveur du local.
Avec deux bémols : les pépinières devront étoffer leur catalogue de végétaux locaux, aujourd’hui insuffisants. Par ailleurs, certaines espèces vivant sous climat sec et chaud pourraient se montrer plus adaptées au changement climatique.
3. Planter plus jeune
Il est tentant de vouloir planter un arbre mature pour vite profiter de ses bienfaits. Erreur : non seulement, cela peut revenir vite cher mais en plus, cela limite ses chances de survie. Un arbre adulte a un réseau racinaire déjà bien établi : le transplanter le prive de sa base.
4. Anticiper : la taille de l’arbre, ses besoins, sa résistance au réchauffement climatique…
Outre sa résistance aux canicules et sécheresses, il s’agit de prendre en compte, dès sa plantation, le volume qu'atteindra l'arbre adulte. Les tailles régulières et drastiques mutilent et fragilisent l’arbre. Il s’agit aussi de planifier l’expansion de ses racines, ses besoins en nutriments et en eau pendant toute sa vie. Et de prévoir des sols adaptés en conséquence.
5. Choisir des lieux adaptés ou... adapter les lieux choisis
La ville a ses contraintes (en raison de la présence de parkings, réseaux souterrains, du passage, qui tassent le sol…), les arbres, aussi. Plus on leur garantit un large volume de terre, plus leurs racines pourront se développer. Si on veut de grands arbres nous apportant de l’ombre, libérons-leur de l’espace. Les études ont prouvé qu’une fosse de plantation de 10 m² permet un bon développement de l’arbre, la recolonisation des insectes et des oiseaux, la régulation des eaux de pluie.
Les arbres ont bien sûr aussi besoin d’eau. Difficile pour eux de survivre, avec du bitume jusqu’au cou tandis que l’eau de pluie part dans les égouts. Offrons-leur des sols poreux qui infiltrent l’eau de pluie. Ils nécessiteront par la suite moins d'arrosage et résisteront mieux à la sécheresse.
Les arbres ont besoin de biodiversité. L’idéal ? Recréer un mini humus des forêts. Planter à leurs pieds quelques arbustes et plantes, laisser les feuilles mortes se décomposer, tout cela nourrit leurs racines et garantit un sol en bonne santé, apte à infiltrer l’eau de pluie.
Enfin, les arbres auraient besoin de communiquer entre eux. Les installer dans des fosses continues (recouvertes ou non par des surfaces perméables) leur permet de récréer leur écosystème.
6. Éviter les arbres allergisants, trop consommateurs d’eau ou polluants
Les bénéfices des arbres sont multiples. Mais attention aux effets indésirables. Certaines espèces sont allergisantes : le platane, le frêne, le bouleau, le cyprès (se renseigner auprès des agences régionales de santé).
D’autres peuvent accentuer le risque de sécheresse. Par exemple, l’eucalyptus, adapté aux climats arides, peut puiser l’eau très en profondeur et provoquer un rabattement des nappes phréatiques. D’autres encore, peuvent aggraver la pollution, en émettant des composés chimiques volatils lors des pics de chaleur.
7. Gardons nos "vieux" arbres !
Il faut vingt, voire trente ans pour qu’un arbre soit au top de ses performances écosystémiques. Nos vieux arbres sont des trésors… Avant d’en planter de nouveaux, prenons déjà soin de notre patrimoine existant.
"Face au réchauffement climatique, nul ne sait vraiment comment réagira chaque espèce. Il faut miser sur la variété. Mais une chose est sûre : si on ne prend pas soin de leurs besoins vitaux, toutes dépériront."
Alerte Cécile Vo van, directrice Nature en ville, Cerema.
Article rédigé par Manon Martin, Cécile Vo Van, Caroline Hamon.