12 décembre 2018
Gare de Bussière-Galant en Haute-Vienne (étude PMRu)
Cerema Sud-Ouest / DAIT
Le Cerema a été sollicité pour exposer des méthodes de travail pour la prise en compte de la vulnérabilité et de la précarité énergétique des ménages dans les pratiques de mobilité et faire part de retours d’expériences lors du colloque national Observatoire National de la Précarité Énergétique : "Les territoires au cœur de la lutte contre la précarité énergétique" à Bordeaux, le 23 novembre 2018.

15 % des ménages ont souffert du froid chez eux au cours de l’hiver 2017-2018. C’est l’une des conclusions alarmantes du rapport de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) rendu public le 23 novembre. Pourtant, 3,6 millions de ménages ont bénéficié du « chèque énergie » en 2018.

 

« Réussir la transition écologique suppose d’embarquer tout le monde, y compris les plus fragiles.

N’oublions pas que s’éclairer, se chauffer, vivre dans un logement sain, se déplacer, c’est un droit »,

met en garde Arnaud Leroy, président de l’ONPE et du conseil d’administration de l’ agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), en introduction du séminaire.

 Affiche ONPE

 

L’intervention du Cerema a apporté un éclairage sur l’état de l’art en matière de diagnostic, d'analyse de précarité et de la vulnérabilité énergétiques des ménages dans leurs pratiques de mobilité en abordant les questions suivantes :

Quelle méthode scientifique ou académique pour identifier la précarité ou la vulnérabilité énergétique des ménages dans les pratiques de mobilité ?

Selon l’INSEE, un ménage est en situation de vulnérabilité énergétique pour sa mobilité s’il dépense plus de 4.5% de son budget en carburant. Une distinction est malgré tout nécessaire en terme de définition entre :

  • les ménages précaires qui ne satisfont plus, ponctuellement ou durablement, leurs « besoins élémentaires » , c'est-à-dire : accès à l’emploi, aux soins, visites à la famille, restriction de mobilité… On mesure dans ce cas une sous-mobilité ;

  • les ménages vulnérables qui pourraient être potentiellement précaires dans le futur car fortement dépendants à l’automobile et donc à l’augmentation du prix des carburants, facteur de risque, très sensibles à l’évolution du taux d’effort budgétaire (le taux d’effort énergétique mobilité (TEEM) est en augmentation dans le ménage) ou dont les capacités d’adaptation aux modes alternatifs sont limitées, structurellement ou conjoncturellement (résilience).

Statistiques INSEE 2015

Comment analyser la vulnérabilité et la précarité en fonction des territoires ?

Les besoins de mobilités sont divers selon les territoires et les ménages considérés, les moyennes statistiques rendent difficilement compte de ces disparités.

Certificat Cerema

Des enquêtes ménages déplacement permettent de comprendre finement les besoins de mobilité dans les terCarte représentative du territoireritoires proches des grandes agglomérations et des villes moyennes. Ces données rapprochées croisées avec celles de l’INSEE ou des services fiscaux permettent de mieux lire le territoire des vulnérabilités en fonction des pratiques de mobilité.

 

Mais ces enquêtes ne sont pas disponibles sur l’ensemble du territoire national, et étant représentatives, elles ne visent pas spécifiquement un public cible (relative faiblesse de l’échantillonnage).

Comme indiqué sur la carte ci-contre, les territoires peu denses, ruraux ou de montagne sont souvent exclus du périmètre de l’enquête.

Des données à construire et des pratiques à mieux connaitre dans les territoires peu denses

L’immobilité est aujourd’hui marginalisée, la société est de plus en plus mobile ; la part budgétaire des ménages dédiée aux carburants est 4 fois plus élevée à la campagne.

Pour ces territoires dont les populations sont exposées aux risques (dépendance à l’automobile) à la sensibilité de la variation des prix du carburant (longueur des déplacements) et à l’incapacité à s’orienter vers les modes alternatifs (absents ou inefficaces pour répondre aux besoins), il est nécessaire de re-construire les parcours d’usage, d’identifier les risques et les publics fragilisés ou exposés.

  Comment ?

  • par des enquêtes et sondages en co-administration avec les acteurs socio-économiques locaux ;
  • par des ateliers de territoire autour du sujet mobilité ;
  • par des retours d’expériences auprès des maisons de services et d’aides au public (MSAP) ou les cadres institutionnels locaux : caisse centrale d'activités sociales (CCAS), Point Information Médiation Multi Services (PIMM’S) ou associatifs….

Le Cerema accompagne et a accompagné des territoires sur le sujet de la vulnérabilité des ménages face à la mobilité : le parc naturel régional (PNR) des Grands Causses, le Pôle d'Équilibre Territorial et Rural (PETR) du pays Ruffécois.

Des indicateurs et des outils pour aider à identifier la précarité énergétique des mobilités ?

puce coche verte  Le taux d’effort énergétique pour la mobilité des ménages : TEEM.

puce coche verte  Des indicateurs de sensibilité à partir de critères :

  • économiques : niveau de revenu ;
  • géographiques : localisation habitat et travail, mesure accessibilité aux services ;
  • technologiques : parc de véhicule, niveau de motorisation des ménages ;
  • cognitifs et comportementaux : capacité à la résilience et adaptation aux autres modes alternatifs.

Des outils variés mais de plus en plus accessibles

Dans ces analyses, le Cerema intègre de plus en plus la réflexion de la stratégie résidentielle et du coût résidentiel.

Nos choix de vie : localisation habitat, travail, lieux de vie... ont une influence forte sur nos pratiques de mobilité et nos capacités à les assumer.

Des outils d’aide à la décision et de sensibilisation au risque de vulnérabilité / précarité énergétique se développent dans le secteur public ou privé.

puce coche verte  L’ADEME propose une révision de l’outil GéoVHEM : outil de modélisation et de visualisation de la précarité énergétique.

puce coche verte  Des outils applicatifs pour aider le citoyen dans son choix de localisation de son habitat en tenant compte d’une batterie de critères (travail, emploi, services,…) se sont développés : « Walk score », « lieu idéal », « vivrou »…

puce coche verte  Des outils d’aide à la meilleure connaissance des coûts de mobilité induit par telle ou telle localisation (habitat, travail) sont également accessibles : le site e.mob, l'application MobiCost développée dans le cadre du projet européen (MORECO : Mobility and Residential Costs).