En 2017, dans le cadre de l’entretien préventif des chaussées, la Direction Interdépartementale des Routes Massif Central (DIR Massif Central) a élargi le panel des techniques employées en ayant recours à des techniques telles que les enrobés coulés à froid (ECF) et les enduits superficiels d’usure (ESU). Ces techniques déjà éprouvées prolongent la durée de vie des couches de roulement tout en répondant à des contraintes économiques et environnementales, mais elles sont réputées bruyantes et peuvent dégrader l’ambiance sonore existante aux abords des voies.
Visualiser le bruit sur le réseau routier
Aussi, la DIR Massif Central a souhaité disposer d’une cartographie des sensibilités acoustiques de son réseau, qui soit un véritable socle d’argumentaire technique, afin d’adapter le cas échéant le linéaire sur lequel déployer les enrobés peu performants acoustiquement.
L’outil développé par le Département Laboratoire de Clermont-Ferrand se présente sous la forme d’un projet QGIS, baptisé PreDIR. Il offre une visualisation cartographique des sensibilités acoustiques selon trois échelles :
- Les zones affectées par le bruit au voisinage du réseau
- Les bâtiments sensibles (habitations, établissements de santé et d’enseignement) mais également les établissements hôteliers, situés dans ces zones, non/peu/très exposés au bruit et qu’il conviendrait de ne pas exposer davantage
- Les sections de réseau routier qualifiées selon leur niveau de sensibilité, mettant en évidence les tronçons où des revêtements bruyants sont à proscrire.
PreDIR capitalise également les mesures de bruit de roulement effectuées, à l’aide d’un véhicule dédié, sur certaines sections (avant/après travaux et suivi dans le temps des performances acoustiques du revêtement de chaussée).
Le fonds cartographique de PreDIR s’appuie sur la BdTOPO® de l’IGN. PreDIR est le résultat d’un croisement et d’une analyse de données existantes. Sont exploitées les informations issues des "cartes de bruit stratégiques" et des observatoires départementaux de bruit des infrastructures de transports terrestres. La longueur de chaque tronçon catégorisé selon sa sensibilité a été déduite par le principe de protection à la source en fonction de l’angle de vue par rapport au bâtiment.
Un bilan positif après trois ans d’utilisation
En plus d’une vigilance accrue lors des visites de terrain, la DIR Massif Central vérifie systématiquement, dans l’outil PreDIR, les enjeux acoustiques liés à la mise en œuvre de revêtements superficiels, avant de les inscrire dans sa programmation d’entretien de chaussées. La convivialité de l’outil facilite sa prise en main dans cette phase de contrôle.
La DIR Massif Central garantit la prise en compte du riverain grâce à PreDIR qui lui permet non seulement d’objectiver les potentielles évolutions de la gêne acoustique liées à des solutions d’entretien, mais aussi de conforter son choix de revêtement, après avoir identifié finement les bâtiments exposés.
En présence d’un doute sur l’impact sonore dans un secteur où l’enjeu économique des revêtements superficiels est élevé, la DIR Massif Central peut être amenée à solliciter le Cerema pour réaliser une modélisation acoustique afin de déterminer les zones d’applicabilité du produit.
La communication avec les riverains, favorisée aussi bien en amont qu’en aval, participe à l’acceptation des évolutions des techniques d’entretien.
Des perspectives à venir
La transition énergétique et écologique impose aux territoires d’avoir une approche intégrée des différentes nuisances auxquelles les populations sont exposées, notamment en considérant simultanément la qualité de l’air, le bruit, le climat et l’énergie. Il s’agit d’éviter des cumuls d’expositions concernant le plus souvent des personnes soumises à ce que l’on peut appeler des inégalités environnementales.
Le besoin d’aide à la décision des maîtres d’ouvrage et gestionnaires augmentent pour répondre aux enjeux multi-thématiques.
PreDIR, qualifié d’outil d’appui dans le guide Ademe "Convergence des actions Bruit, Climat, Air, Énergie pour une planification performante" de mars 2019, constitue une composante pertinente de la gestion intégrée des infrastructures.